Les USA en Greyhound

Roxbury, Connecticut

Quelques heures après mon arrivée à New York, je prends un bus pour le Connecticut où vit, reclus dans une belle forêt, un Américain étonnant : Jay Axelbank. Il s'est installé à Roxbury il y a quelques années, avec son épouse, une Française, Dominique. Dans cette petite bourgade de quelques milliers d'habitants vivent aussi Arthur Miller (il y a écrit Death of a salesman) et paraît-il William Styron. Jay Axelbank est né dans le Bronx, dans les années 1930, d'un père émigré ukrainien qui a découvert le cinéma en 1913 à New York et consacré sa vie à archiver des films russes et new-yorkais. Jay a étudié le journalisme dans le Missouri et n'a jamais ensuite cessé de voyager. D'abord aux États-Unis où il a travaillé pour de nombreux journaux et ensuite au Japon, en URSS et à Jérusalem pour le magazine Newsweek. À peine ai-je posé mon sac que nous engageons une conversation à haute teneur politique. C'est sa passion. Une photo de lui avec Bill Clinton pendant sa première campagne présidentielle trône fièrement dans son bureau. « C'est terrible ce qui se passe en ce moment ici, vraiment terrible », me dit-il d'un air désolé. Jay est démocrate et ne s'en cache pas. Jay n'aime pas Bush et ne supporte pas le patriotisme qui s'est emparé de son pays, ne supporte pas tous ces drapeaux américains que l'on aperçoit partout, sur les voitures, les maisons, les tee-shirts… Il ne supporte plus toutes ces émissions télévisées qui ne parlent que de War on terror, encore et toujours… « Ce pays est en train de virer au fascisme et c'est triste… Moi je ne suis plus tout jeune et je peux rester ici, entouré par la forêt, protégé par elle, je peux décider que tout ce qui se passe dans ce pays ne me concerne plus mais toi, et mes enfants, vous allez devoir vivre dans ce monde que ces gangsters de la Maison Blanche sont en train de bâtir… et cela me rend triste. » Mais la mélancolie ne ressemble pas à Jay et, quelques minutes plus tard, il me lance : « Si Bush gagne les élections, je ferme à clef cette maison et je pars m'installer au Canada ! Et je peux te dire que beaucoup feront de même ! » Cette phrase je l'entendrai plusieurs fois pendant ma traversée en bus Greyhound des États-Unis. New York et Roxbury ne sont qu'une première étape. Un long voyage m'attend.

Texte : Xavier Le Frapper

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