Intro – Usa et coulisses
Manhattan au petit matin
Sur la route
Arizona dream
Wonderland
Back to the origins
conseils pratiques
Intro - USA et coulisses
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TROIS LETTRES. Trois lettres qui résonnent en fond de nombreux souvenirs. D’abord les séries télé, puis la musique à la radio, le ciné et les stars. Le Web, enfin, qui diffuse les clichés renversant de la mythique Amérique. Nous on dit USA. Papi dit l’Amérique. États-Unis, United-States, les States, les États-Unis d’Amérique, United States of America et Amen, toute la messe est dite. Mais on a pas encore vu le mythe. Alors on y va.
Pas de travail, peu d’argent, du temps, un bon dos et sac à dos. Voilà une formule qui permet de s’aventurer au pays des cow-boys et des indiens, de Pamela et de Mitch, depuis New-York en passant par Bel Air et puis Las Vegas, nous irons jusqu’à San Francisco. Au pas de course ou bien au rythme des longues heures d’un bus bondé, sous toutes les températures et dans les positions assoupies les plus recherchées, il s’agit d’un voyage sportif, économique et riche en découvertes. En réalité, nous verrons peu Beverly Hills, l’Amérique de Brandon et Brenda, du Grand Canyon et de Chuck Norris, même si ce sont des détours réalisables, mais plutôt et c’est prétentieux : l’Amérique de ceux qui finalement y vivent. Prendre le bus avec eux, s’asseoir à côté de mamie, manger du cheddar en spray, dormir dans la station ou bien sur leur couch… Va, voit et déconstruit le rêve avec ces millions d’américains.
Bien sûr, il y a toujours l’adrénaline d’être là, comme toi aussi une star sur le plateau. Couplée au film que tu es en train de tourner: celui d’une vie ma foi banale , et parfois misérable, le paradoxe est enivrant. Puis faire les courses, demander un «refill» de café, discuter avec le voisin de comptoir mettra plus en haleine que l’ascension du Rockfeller center. Du moins, c’est ce que nous avons trouvé. Un tendre attachement à ce pays est conservé depuis. Comme on se prend d’affection pour la folie…?
Parties pour un mois: itinéraire en boucle de New York à New York par San Francisco, nous avons parcouru plus de 11000 km en bus, traversé 22 états de la moitié sud, fait étapes dans 12 grandes villes que nous avions choisi à l’origine pour leur résonance emblématique (et compte tenu du short timing il est vrai) : New york, Nashville, New-Orleans, Dallas, Phoenix, Los Angeles, San Francisco, Las Vegas, Colorado springs, Kansas City, Indianapolis et New York. Nos moyens, comme dit précédemment, étaient fort limités ainsi plus de la moitié des nuits ont eu lieu en bus, quelques-unes en motel, d’autres en couchsurfin et auberges de jeunesse, sans compter les fragments en station, tranches de vie également. Côté nourriture : les « dollar menu » des fast-food nous ont sustenté plus d’une fois, et les courses cheap dans les épiceries composaient la majorité de nos pique-nique en route (comprendre : parfois un toast de pain de mie et un bout de banane !). Par le manque de moyen -grâce? , notre voyage s’est très vite transformé de l’Amérique des mythes à celui des coulisses, des surprises, des rencontres, de l’aventure du petit rien dans un grand Tout.
Comme chaque voyage est unique, pas de prétention ici de livrer les clés d’un roadtrip flamboyant avec pour étapes les incontournables parmi les joyaux du continent. Et puis cela a déjà été fait. Par contre , une invitation au voyage, à avoir les yeux grand ouverts, la langue bien pendue et peu froid aux oreilles. Et puis sur la route: les quelques perles rencontrées navigant entre clichés et inattendus, ou qui donnent un aperçu du quotidien, qui racontent un bout d’Histoire passée et en cours, ou encore : qui nous ont offert un peu de poésie.
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Manhattan au petit matin
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Le lendemain de l’arrivée aux USA par la porte d’entrée de Newark, une montée d’excitation m’a tiré des bras de Morphée à un petit 6h30 du mat’. Je me souviens de ces quelques minutes passées à tergiverser sous les couvertures, des œillades frénétiques jetées sur les pans de pénombre du dortoir ronronnant. Un aller-retour aux toilettes de l’auberge n’avait pas suffit à apaiser mes gesticulations. En fait, j’étais trop impatiente, comme un mulot pris dans une cage, je fouinais, trépignais, reniflais les abords de ce qui m’attendais au dehors.
Cédant aux assauts de l’euphorie, j’enfilais de quoi être décente et sans plus de cérémonie je faisais ce qui m’apparût alors: me jeter dans l’arène, en fait : commencer le voyage.
Quelle bonne idée. Un début d’histoire comme un petit matin. Même si des souvenirs d’ors et déjà épiques précédaient ce moment – train raté, nuit au sol de l’aéroport, arrivée en plein Time Square, quadrillage de Manhattan à la recherche d’un hébergement…, celui-ci reste à mes yeux comme le commencement du voyage. Avez-vous déjà noté le charme des villes aux petits matins? Il en va certainement de même sous un autre registre de celui de la campagne. Je me souviens de la brume enveloppante de lorsque j’allais courir plus jeune. Cette effet de brume matinale, on le retrouve en ville . Plus tard à San Francisco il nous accueille aussi à la descente du bus. Maxime avait raison.
Mais pour en revenir à Manhattan, il s’agissait bien pour nous d’une arène. La veille le bus nous avais débarqué au beau milieu de ce qu’on identifia plus tard comme étant Time Square. Mais au moment de la descente c’était pour nous un enchevêtrement de trajectoires, bus, voitures, humains, immeubles… Les corps abasourdis et les pupilles battant en saccades, nous avions usé les trottoirs avec cent autres passants, joué du slalom, piétiné devant les passages piétons. Le cliché de mégalopole nous avait pris à bras le corps. Et ce matin-là, l’envie de replonger dans cette saisissante inconnue m’assaillait tout autant que l’appréhension.
Alors, elle me surprit encore. Au sortir de l’auberge qui se situait dans la moitié nord de l’île, les trottoirs que j’empruntais était déserts, ou quasi. Pas de voiture non plus. Des échoppes éclairées derrière les vitrines embuées, un étal de fleuriste… En plein mois d’août le temps était frais, j’ajustai le châle sur ma tête pour me protéger de la petite pluie. Je poursuivis ma ballade matinale étonnée et tout à la fois charmée du calme que pouvait revêtir le cœur d’une si grande ville. Je me souviens avoir croisé une vieille dame achetant des fleurs, elle aussi couverte d’un châle à cause de la pluie, avoir vu un homme attendre à un arrêt de bus, un autre à côté de son étal me saluer, puis aussi de m’être arrêtée sur le seuil d’un petit café dont la porte était ouverte. Sur le pas, un client conversait avec l’employé qui se tenait de l’autre côté de la banque froide. Tantôt ils regardaient l’écran de télé fixé dans un coin en hauteur au dessus de la vitrine, tantôt par delà la vitre embuée tout en poursuivant un peu au hasard leurs échanges. Ils m’invitèrent à m’abriter et je regardai émerveillé la scène dans laquelle je m’introduisis. Nous sommes restés un moment tous les trois à discuter. Le chef m’avait conseillé quoi prendre comme breakfast et je dégustais un bagel omellette et fromage pendant que nous faisions connaissance debout, traversés par les rares clients qui empochaient leur petit-déj en allant travailler.
Voilà comment j’ai obtenu mon passeport pour les coulisses. Au petit matin, avec deux compagnons de petit déjeuner, aux sons des ‘‘where do you come from, and where do you go?’’. Deux phrases que Gauguin déclinait dans son triptyque de l’identité ‘’ D’où venons-nous, qui sommes-nous, où allons-nous?’’. Deux questions qui seront comme un letmotiv durant ce voyage, tant et tant entendues dans des conversations, et tant de fois assénées par nos interlocuteurs. Deux questions qui m’ont fait me sentir chez moi chez eux chez ces millions de gens qui ne se ressemblent pas. Elles ne voulaient pas dire que j’étais d’ailleurs, elles signifiaient que nous étions tous de quelque part et ici.
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Sur la route
Là où nous avons passé le plus clair de notre temps, et rencontré les situations les plus cocasses.
Munis de notre discovery pass, nous allions parcourir l’Amérique à dos de ‘‘chien de chasse gris’’. Très économique et desservant une quantité incalculable de villes, la compagnie Greyhound voyage de nuit comme de jour avec à son bord tout ceux qui pour la plupart n’ont pu payer l’avion , le train ou l’essence pour visiter la famille dans l’État voisin.
Autant dire que nos compagnons de route étaient tout à la fois dubitatifs quand à notre choix de locomotion et déconcertés par le combo ‘‘un mois de voyage mais pas d’argent’’.
La réalité vue de nos yeux est que ce bus, d’où qu’il parte et où qu’il s’arrête, transportait une ribambelle de portraits jamais dressés dans aucune série américaine. Pas de Donna, ou de Ken clinquant occupant les rangées de siège. À la place : des familles entières chargées de paquets et d’enfants, de vieilles personnes dont le degré de non-handicap n’était plus mesurable à l’oeil nu, d’autres qui avaient sûrement dépassé le seuil de tolérance à toute substance et finissaient par s’établir dans les toilettes à l’arrière du bus. Pour toutes ces raisons il était parfois difficile de se sentir passager légitime, nous empruntions par commodité un transport des plus inconfortables que tous prenaient par nécessité. À de rares occasions nous avons croisé d’autres backpackers, essentiellement lorsque nous nous dirigions vers des points comme SF ou Las Vegas, New York encore…
Et puis, les premières surprises sont devenues des routines, les habitudes que nous partagions avec nos copains de chambrée. Le réveil en pleine nuit en était une car les liaisons donnaient lieu à des heures d’attente en station. À ce moment-là , après parfois 10h de trajet recroquevillé, tout le monde se dépliait à la hâte et était dirigé sans ménagement vers les soutes à bagages puis l’entrée. À l’intérieur, une ou parfois deux rangées de fauteuils grillagés, un snack rapide, et puis des écrans. Des écrans partout, en enfilade sur chaque pan de mur. Ils diffusaient les images en boucle des derniers fait-divers : meurtres, arrestations pour meurtre, etc… Le sol jonché de sacs, de valises, de voyageurs, nous avions tous entre un café et une barre chocolatée les yeux rivés en l’air, hypnotisés à 3h du mat’ pour ne pas dormir. Ne pas dormir. Don’t sleep. Ça c’est ce que l’employé de la station te serine lorsque tes paupières s’abaissent d’elle-même . Il passe et fait tinter sa matraque sur les accoudoirs en ferraille entre chaque passager, et répète , répète. Donc on ne dort pas. Pourtant certains sont même en pyjama! Nous y compris.
Donc des heures de nuit passées dans ces bus, et puis des jours aussi. Le spectacle de l’immense Amérique défilait par la vitre. Un continuum de paysages : du vert forêt à la moiteur des marécages de Louisiane, et puis les plaines du Texas, le désert de jour, le désert de nuit. La frontière mexicaine. Un passage marquant de la route. Fidèles aux habitudes, nous avions été réveillés en pleine nuit alors que nous traversions le Nouveau-Mexique. Mais personne n’était sommé de descendre. À la place, deux hommes en uniforme étaient monté, ils égrenaient les sièges et demandaient à voir les pièces d’identité. Je me souviens m’être étirée et avoir détourné le regard vers la vitre. À ma gauche, je vis une immense rivière dorée traverser le cadre noir. Plus exactement : elle s’intensifiait au plus près et s’estompait peu à peu dans l’obscurité et l’horizon invisible, comme une écume. Je compris que nous jouxtions la frontière d’avec le Mexique et que la rivière que j’observais était le Mexique. Cette vision me reste en mémoire très fortement, la voix du douanier qui alternait anglais et espagnol pour se faire comprendre des passagers, et ces lumières comme des millions de regards tournés vers la même direction, accrochés aux portes des US, suspendus dans le noir .
Arizona dream
Dans un voyage système D souvent on ne dispose pas de toutes les ressources habituelles. Par exemple : les cartes et le GPS en ce qui nous concerne ne faisaient pas parti du budget. Voici donc comment prendre la mesure de l’échelle américaine…
Parfois pour se repérer dans les destinations à venir, nous tracions un plan à la hâte au stylo bic sur notre carnet , un plan des rues principales qui définissaient notre point de chute. La préparation de ce plan était en elle-même épique. Au milieu d’une longue et parfois fastidieuse marche à travers la ville, on cherchait un fast-food comprenant un accès internet, puis après l’achat d’une petite frite on s’empressait de glisser quelques dollars dans la fente d’une antique machine reliée au web. A partir de ce moment, nous avions dix minutes pour effectuer tous les repérages ou réservations nécessaires à la poursuite du voyage. On tentait alors de se figurer le plus efficacement possible le prochain lieu où l’on devait se rendre.
C’est donc ce que l’on fit pour Phoenix. À l’arrivée , le bus nous déposa à la station et on entama sans s’en douter une minute une marche de plusieurs heures sous un beau 120° F, soit 49 °C.
10h20. La station est excentrée de la ville, au sud . Des bus et des taxis nous font de l’œil. Après plusieurs hésitations entre la voie rapide de droite et la voie rapide de gauche, nous optons pour la direction qui parait le plus correspondre à notre plan et cela s’avère juste. On quitte l’entrelacs des routes en plein désert, on progresse à travers des champs de centrales électriques et de fabriques, puis on pénètre dans un quartier composé de petites maisons basses, un étage, alignées, sans fioriture, la poussière au sol. Dehors, il n’y a personne. Parfois on entend le son d’un téléviseur et un rideau de lanières laisse entrevoir un écran animé. Parfois, une de ces maisons est une épicerie et à la fenêtre des babioles colorées suspendues signalent une présence. On s’arrête acheter à boire. Cela fait plus d’une heure que nous marchons , ce quartier est très étendu, nous apercevons le downtown, des buildings, ce qui résonne pour nous Amérique, alors nous pensons être arrivées. Sur une place au milieu des restos, nous mangeons quelques hot-dogs puis consentons à reprendre la route et le sac, pensant que c’est une affaire de minutes. Quelle est longue cette Third Avenue… Le downtown est bientôt derrière nous. On se demande si on s’est trompé… Difficile de vérifier , notre plan sommaire comporte peu d’indications et il n’y a personne dans les rues. Pourquoi d’ailleurs?
À nouveau dans un quartier résidentiel après quelques terrains vagues grillagés, les maisons sont plus volumineuses cette fois-ci. Il y a des plantes aussi. On se tord le cou pour vérifier à droite comme à gauche qu’on n’a pas passé ‘‘notre rue’’… Il est 13h.
Peu de circulation, mais d’un coup un fourgon blanc à toute vitesse dans notre dos pile à notre hauteur. Le copilote nous braille un truc incompréhensible, nous sommes abruties par la chaleur et répondons des hein, des quoi, mous. La porte latérale glisse brusquement, deux mecs en combinaison blanche qu’on dirait échappées d’un bloc opératoire bondissent et nous brandissent des 50 centilitres d’eau minérale sous le nez. Ils braillent eux aussi. Aussitôt les bouteilles dans nos mains, la brigade de la soif remballe et repart à toute vitesse. Cette traversée vire à l’absurde. Plusieurs fois on pense abandonner ce roadmovie aux plans séquences interminables. Au loin droit devant, toujours des constructions, alors on continue. Le quartier est de plus en plus cossu, des palmiers s’élève dans les airs, filiformes. Des jardins fleurissent autour des maisons.
Il est 15h, nous arrivons sur West Portland coin Third Avenue.
Angela notre couchsurfeuse et sa famille nous reçoivent avec beaucoup d’hospitalité . Après une heure de pause nous repartons à l’assaut de la chaleur . Le quartier environnant rassemble des galeries, des boutiques d’artisans et de jeunes créateurs. Tout semble fermé. Nous rentrons.
Le soir, nous accompagnons nos hôtes au musée d’art contemporain dont ils sont membres bénévoles puis : une sortie dans les rues. Il fait nuit noire , les trottoirs sont bondés, l’éclat des lampadaires et des boutiques égaient l’obscurité, des fenêtres ouvertes s’échappe de la musique, les gens s’amassent dans de toutes petites pièces, sourient, discutent, rient. C’est le Friday night à Phoenix.
Le lendemain, le jour se lève. Et tout a disparu. Nous aussi. Nous attendons la nuit tombée…
In Wonderland
‘‘La Californie’’ c’était plus du temps de nos parents. Julien Clerc, tout ça… Par contre : L.A. Melrose place, Hollywood shewing-gum ça nous était déjà plus personnel. Personnel… C’est peut-être le mot le moins adéquat à présent pour décrire le sentiment ressenti en entrant en Californie par Los Angeles, et surtout par le périph et le bus. Pendant de longues minutes on se demande si on est bien à Los Angeles-paillettes-spotlight-et stars à tous les coins de rue. Pour rentrer dans la ville le bus s’achemine à travers de longues avenues où des quantités d’individus forment des îlots ou des files d’attente au bas des batîments. Ils regardent passer, au milieu de chariots et de sacs stationnés autour d’eux. Pas d’enseigne lumineuse. Des murs sombres, un soleil de plomb et du trafic.
Enfin, un bus plus tard, nous nous rendons sous la colline d’Hollywood où cette fois nous logeons chez une étudiante française venue faire ces études de commerce ici. À la base : un numéro et un nom de voie. À l’arrivée : Une grille haute, ronde et sans fin, et un complexe de buildings dressés comme des frites dans leur cornet. Une fois passée la première porte, on se sent à peu près comme entre Fourmiz et Alice in Wonderland dans le labyrinthe . Et donc: compliqué d’en sortir quelques heures plus tard, tant le lieu est immense et que chaque sortie donne sur un quartier différent. Cependant, pour persévérer sur le thème de la fable : une des portes poussées nous projette illico sur un cœur de centre commercial en plein air, musique d’ambiance, fontaine rococco, où s’affairent poussettes, shoppineurs, skateurs, glaciers… Une sorte de plateau de tournage où 100 mètres plus loin le réalisateur a déjà crié ‘‘Coupez’’ et lancé une autre scène puisqu’on est plus ‘‘Au mall le samedi après-midi’’ , mais dans le quartier paisible de Beverly Hills longeant les arbres, les maisons et les lamborghinis. De l’autre côté de la double voie, le monde fait volte-face : les arbres ont disparu, un walmart , un parking, un walmart. Bientôt nous arriverons à Santa Monica. Les petites cabanes en bois sont perchées sur la plage, les sauveteurs arborent le célèbre maillot rouge, et des nanas font du roller en bikini sur les allées goudronnes. Fatiguée, à la fin du film Alice s’endort sur la plage…
Au réveil, et bien des bus plus tard, nous ouvrons les yeux sur San Francisco . Les brumes déployées autour des immeubles nous enveloppent au sortir de la station, Maxime le Forestier chantent dans nos têtes, nous nous emmitouflons dans les banquettes du premier Starbucks. Alice est rentrée à la maison. C’est ce que bien d’Européens ont déjà dit de San Francisco : des airs familiers. Difficile de répondre au pourquoi. Une sorte de douce tourpeur nous a bercé d’un quartier à l’autre : du quartier russe au quartier italien, au port à la jetée, des parcs aux rues hyppies colorées, du quartier gay aux quartier bobo… jusqu’aux falaises sauvages, du haut desquelles nous avons regardé, rêveuses, le soleil se coucher sur la Chine.
Back to the origins
Après quelques allers-retours sur le strip entre les accords de Céline Dion et les mises en garde des fidèles de Jésus, un saut au temple du m’n’ms, des traversées de quatre voies, des dizaines d’heures de bus à travers l’Utah, le Colorado, le Kansas, l’Indiana… Après quelques pauses daims, pauses tipis, pause irish musique, nous sommes de retour à New-York, le road-trip touche bientôt à sa fin.
Il nous reste cinq ou six jours à flâner entre Brooklyn et Manhattan. Méticuleusement, chaque quartier fait l’objet d’une visite. On ne veut rien manquer. À Central Park on reste ébahies face à la férocité des tortues du lac. La dame à côté vient les nourrir chaque jour à coup de jambon d’york. Aucune chance pour les canards, les tortues jouent les gros bras. Un peu plus loin un saxo boeufe debout en solo, les passants l’écoute attentivement et lui filent tous un dollar à la fin. C’est normal on nous dit : il a travaillé. Autour du réservoir de Jacqueline, sur la bordure étroite, on essuie une remontée de joggeurs à contre-courant, jusqu’à ce qu’on comprenne finalement et trop tard que le sens de la course est unique. Un peu plus haut, Harlem festive : on débarque au beau milieu d’un contest de danse, le public acclame en réponse au MC. De l’autre côté : les fidèles reprennent en cœur le chant du Pasteur, c’est un office en plein air, on est convié.
Le Bronx recèle aussi de quelques curiosités… Le hasard nous conduit aux abords d’un petit jardin municipal. À l’entrée : la grille ouverte à moitié, un vélo d’enfant renversé dessus, Maria et un homme discutent les mains dans les poches. Enfin, lui il tient des outils dans ses mains : une longue pelle, une bêche . On entre là comme dans son propre jardin. Sur les côtés des bandes de terres sont aménagées dans de longs coffres en bois et des fanes vertes et fournies sortent en touffes. Le soleil baigne les plantations. À notre droite : d’autres vélos petits et grands et des outils disposés à leur pieds. Des enfants nous passent à côté en courant sur la dalle bétonnée. Nous la remontons. Et là nous accédons… : au poulailler. Assis sur le banc de bois face au grillage, nous restons un long moment à regarder les poules se dandiner dans d’inlassables aller-retour. Depuis ce poste on peut voir la rue et Maria qui continue sa conversation avec les enfants et d’autres passants. Elle nous explique que c’est un ancien parc municipal que les habitants ont converti en jardin communautaire. Ce bout de verdure donne des allures champêtres au Bronx.
Les jours passant, les standards épuisés, nous passons nos heures à flâner à une table de café, dans les puces trouvées par hasard au coin de la rue, à la boulangerie d’à côté… Tiens on l’a déjà croisé celui-là. Oui, le gars qui sort là , regarde ils nous sourit lui aussi. C’était il y a quelques jours ! C’est fou.
Ce n’était même pas ici …
Conseils Pratiques
Comment se déplacer pas cher ?
De manière générale , même si réserver ses billets à l’avance enlève un peu du charme de l’imprévu au voyage, cela permet souvent de faire de belles économies.
● la compagnie de bus Greyhound observe des tarifs parmi les plus bas pour voyager à travers les USA , le Canada et le Mexique ( 1 mois à l’avance : 99$ NY-NO, 119$ NO-SF, 129$ SF-NY ). Attention, elle ne propose plus le discovery pass permettant anciennement de voyager un mois sur toutes ses lignes grâce à l’achat d’un forfait de 400 dollars. Plus de renseignements sur : www.greyhound.com
● Côté vols: réservés environ cinq mois à l’avance , les tarifs sont plutôt avantageux et d’autant plus si l’on part de Paris ou d’autres grandes villes à l’étranger (Barcelone, Londres). Pour exemple : Paris-New york, plein été, AR à 400 euros pour un mois de voyage.
● Idem pour les trains si vous avez besoin de vous rapprocher d’un aéroport en France (20 euros l’aller Province-Paris par exemple).
Les bons plans bouffe
● Les petites courses réalisées en épiceries et supermarchés dont ‘’organic’’ (bio) restent abordables et permettent d’avoir toujours de quoi se sustanter au cours d’un long trajet de bus ou d’un pique-nique improvisé : fruits, biscuits, sandwichs… Les ‘’Parmacy’’ en sont une version et leur avantage est qu’elles sont très répandues aux States. Vous n’aurez donc pas de difficulté à trouver de quoi grignoter régulièrement. De plus, ces commerces font aussi la vente de produits de la vie quotidienne, d’hygiène etc…
● Pour parfois se poser à une table sans se ruiner : il existe les Dollar Menu dans quasiment tous les chaînes de fast-food . Il s’agit la plupart du temps des mêmes produits ( burger, frites, salades, dessert) dans un choix plus restreint et des quantités équivalentes à ‘’small’’. Et comme son nom l’indique c’est au prix d’un dollar ! Une autre alternative peut être de fréquenter les petites échoppes à bagel , proposant des sandwich au fromage , omelette, ou bacon, avec café filtre la plupart du temps.
NB : Attention aux nuits ou longs arrêts en station de bus quand on a rien prévu, qu’on ne peut pas sortir et qu’il n’y a pas de snack ou boisson chaude à la vente, ou bien alors à des tarifs très élevé…
Où dormir ?
● Un gain en matière de temps et d’argent, vous l’aurez compris, consiste à dormir durant les trajets de bus. Beaucoup, longs, peuvent s’effectuer de nuits et nombreux sont ceux qui comprennent donc des arrêts en station. Les petits plus pour rendre ces passages agréables : se munir d’une petite couverture chaude , d’un repose-tête gonflable et d’un bandeau pour les yeux ( éventuellement de bouchons d’oreilles mais attention à rester attentifs aux infos du chauffeur). En fait, le kit délivré par la compagnie aérienne à l’aller peut faire très bien l’affaire !
● Les sites de réservation d’hôtel et auberges, etc, sont un bon moyen de dégoter à la dernière minute un hébergement parmi les moins chers. Les avis des consommateurs permettent en plus de se faire une idée sur la prestation proposée. Airbnb, la location chez les particuliers, peut s’avérer économique aussi d’autant plus si on est nombreux. www.airbnb.fr
● Enfin, si vous souhaitez sortir des hôtels et rencontrer un peu plus les Américains sur place, reste l’option du couchsurfing via son site web international. L’hébergement est gratuit, une participation ou un cadeau de remerciement peuvent être les bienvenus, et dans de nombreux cas c’est l’occasion de découvrir le pays par des biais originaux hors des sentiers battus. www.couchsurfing.com/