Bonjour
D’abord une remarque : est-il bien utile de se répandre, comme le font certains, en critiques systématiques contre le Routard ? Le mieux, si on ne lui fait pas la moindre confiance, ce serait peut-être de ne pas s’en servir, non ? Les états d’âme de ceux qui le démolissent allègrement, on s’en fout, il me semble…
Bon, je reviens de 3 semaines (fin mai, début juin) en Sardaigne et je vous livre mes impressions, sans prétendre le moins du monde être le seul à avoir raison. Je dis ce que j’ai vu et ressenti et j’admets fort bien qu’on puisse n’avoir pas la même vision des choses que moi.
Un conseil : sauf si vous avez vraiment tout votre temps (un bon mois ou même plus), ne prétendez pas en voir trop, comme je l’ai fait, moi. La Sardaigne, c’est fatigant, surtout sur la route (j’y suis allé avec ma propre voiture, par le ferry - très pratique - Toulon-Porto Torres) : je reviendrai dans un moment sur ce sujet.
Je croyais naïvement avoir fait un choix “raisonnable”, j’avais concocté un itinéraire qui semblait aisément faisable (en très gros, le tour de l’île + des incursions dans l’intérieur), j’avais renoncé à beaucoup de sites pourtant très séduisants… Mais mes prévisions se sont révélées quasiment impossibles à suivre. Plus de 3 000 km, énormément (trop ?) de choses vues… et beaucoup de renonciations pour cause de manque de temps, de distances plus longues que prévu, de fatigue, etc. Peut-être vaudrait-il mieux se limiter à… disons… une moitié de la Sardaigne, le nord ou le sud, pour ne pas avoir l’impression de galoper, de survoler…
Revenons-en à la question de la route. D’abord, bien savoir que vous ne trouverez pas toujours les sites (surtout les moins touristiques) que vous cherchez (problèmes de signalisation souvent très insuffisante, ou mal fichue, ou inexistante) ; ou alors que vous les trouverez après d’incroyables détours (le GPS ne les connaît pas tous), ou encore qu’ils ne seront pas visitables (horaires, fermeture pour de mystérieuses raisons…) quand vous y parviendrez… J’estime à 200 ou 300 km les détours inutiles que j’ai dû ainsi faire !
Ensuite, je suis bien obligé de dire que moi qui suis habitué à beaucoup rouler et qui n’ai jamais peur en voiture, eh ! bien en Sardaigne, j’ai eu plus d’une fois la frousse. J’en ai “fait”, des pays où le code de la route est une notion très approximative (Sicile, Albanie, Bosnie, Croatie, etc.), mais je n’avais encore jamais “expérimenté” les conducteurs sardes. Il faut le savoir : en Sardaigne, on roule très vite (et les Sardes adorent les grosses bagnole, genre 4x4 ou pick-up, qui vous laissent assez peu de chances s’ils rentrent dans votre petite auto) ; on conduit d’une seule main, l’autre bras à l’extérieur (heureux encore si on ne conduit pas avec un bébé sur les genoux, comme je l’ai vu plus d’une fois !) ; on double beaucoup, partout, n’importe comment, après être arrivé à fond la caisse au cul de la voiture qu’on veut doubler (je n’avais encore jamais vu, sauf sur autoroute, une bagnole dépasser une autre bagnole elle-même en train de me dépasser…) ; on traverse les villages à toute vitesse ; on ne tient aucun compte des limitations de vitesse (d’ailleurs souvent fantaisistes), pas plus que des avertissements selon lesquels “la velocità e controllata electronicamente”, ce qui semble faire rigoler tout le monde. Naturellement, la ceinture de sécurité est un accessoire parfaitement superflu. On ne se gare pas : on se pose - là où on est, comme on veut, sans s’enquiquiner à faire un créneau, par exemple, ou à ne pas se poser sur un passage piétons (et le plus beau, c’est que j’ai eu droit à un PV - pas payé - pour m’être garé, près d’un site romano-punique, sans utiliser l’horodateur d’un parking gigantesque, loin de toute agglomération, où nous étions moins de dix voitures et ne gênions absolument personne !). La veille de notre retour, nous avons raté de très peu l’emplafonnement par un conducteur pour qui, manifestement, le stop est une invention diabolique (et qui n’était pas content parce que je l’ai engueulé !)…
Bref, la conduite en Sardaigne, ça peut aller si vous êtes vraiment très cool. Si vous l’êtes aussi peu que moi, vous risquez l’infarctus ! Et ne parlons pas de l’état des routes qui, ajouté à leur profil (beaucoup de montagnes, de virages…), rend épuisante une journée de conduite (ah ! les magnifiques fers à béton sortant d’une rue du centre de Porto Torres !).
Bien évidemment, la Sardaigne, ce n’est pas seulement ça, et je ne regrette en aucune façon mes 3 semaines là-bas. Disons simplement qu’une partie de mon plaisir de touriste a été gâchée par l’état de vigilance permanente qu’il faut maintenir en tant que conducteur.
J’attends bien sûr les engueulades de ceux qui n’ont pas ressenti la même chose…