J1 tranquille pépère
Départ le matin à 10h.
Équipement sur les épaules : 25/26 kg
Dont 1 kg de jambon cru
Un gros saucisson
Presque 1 kg de comté
Et un maxi camembert.
Moi; le MUL, connait pas !
Plus pas mal de petits à côté pour faire un bon repas le soir.
Six heures de randonnée ce jour là.
Pas de difficultés particulières.
C’est une randonnée à travers les bois.
On se croirait un peu sur le plateau de Millevaches avec des tourbières, des lacs et quelques petites Collinette à monter et à descendre.
La foret est composés en majorité de conifères d’un vert sombre émaillé par le pétillement doré des feuilles de bouleaux qui jouent avec la lumière du soleil.Les arbres n’y poussent pas de manière compacte. N’importe quel rennes pourrait déambuler entre la plupart des troncs sans que ses bois ne touchent l’écorce. Ce ne sont pas non plus des géants qui s’élancent vers le ciel. La plupart d’entre eux ne dépassent pas les 15 m de hauteurs. Ils peinent autant à s’élever vers les cieux qu’à coloniser la terre. Sous la frondaison des épineux, quelques boules de roches erratiques enrobés de mousse verte jonchent le sol çà et là entres les broussailles éparses.
Quant au chemin, il est très bien indiqué. On dirait presque un autoroute. En plus, pour passer les marécages, il y a des planches de bois pour ne pas se mouiller.
Bref, une rando pépère 4*
Le soir vers 15 heures, j’arrive dans un campement aménagé, le partestuggan.Mais je préfère partir et planter ma tente un peu plus loin dans les bois.
Je trouve un endroit sympa près d’une rivière.
Je ramasse meme quelques champignons que j’agrémente avec mes pâtes trois minutes.
20 km / 6h
J2 : la grande traversée …
Ça y est, je commence enfin à sortir de la forêt. Je m elève un petit peu sur les plateaux. Et là, la vue est magnifique.
Ce jour là, je n’ai rencontré qu’une personne alors que la veille j’en avais rencontré une dizaine.
Par la suite, je ne rencontrerai plus jamais personne.
Il fait beau comme la veille. Mais un vent glacial rafraîchit les ardeurs du soleil.
Après le plateau, je redescends vers un lac que je dois Traversée en bateau à rame.
Pour traverser ce lac qui fait 4-5 km de large, Il est spécifié 2 choses :
Il doit toujours y avoir au moins un bateau de chaque côté des deux rives.
Si il n’y a qu’un bateau, je dois traverser le lac et revenir avec un bateau que je laisse puis repartir dans l’autre sens : Bref trois traversée. J’espère qu’il y a 2 bateau de mon côté et pas 1 seul.
De plus il faut éviter de traverser le lac par grand vent.
Par chance, il y a 2 barques.
Et dans la baie, il n’y a pas de vent.
Bref j’ai le cucu bordé de nouilles.
Et je me mets à ramer.
Passée la baie, le vent se met à souffler.
Au milieu du lac, les vagues commencent à se former. Pas des grosses vagues certes, 50 cm. Mais le bateau tangue énormément. Et je dois ramer fort pour ne pas aller dans une direction contraire. Je dois avouer, que j’ai eu un peu peur à ce moment-là. Car si je tombe dans cette eau glacée,Personne ne me repechera.
Alors je rame comme un forcené. Entre 2 accalmies, j’ai le temps de prendre quelques photos.
Notamment ce gigantesque promontoire enchâssé au fond du lac. Pour peu, on se croitait revenu à l’age glaciaire, au temps des mammouths.
Au bout de 40 minutes ou 60, j’atteints l’autre rivage.
Je suis soulagé.
Ne reste plus qu’à trouver un campement pour poser la tente.
Et 2 km après, dans les bois, un miracle.
Je trouve une tente déjà montée.
Comme je suis un peu fatigué et aussi un peu opportuniste, je décide de squatter cette tente.
Si quelqu’un vient, je présenterais mes plus plates excuses et je partirais…
J3 - les anastomoses de rapadalen
J’ai bien dormi sous cette tente.
Bien plus spacieuse et agréable que la mienne.
Helas, le réveil se fait sous la pluie.
Pas grave , il faut faire avec !
Petit dèj .
Pansement sur le bas du mollet , là où la tige haute des chaussures neuves ( oui , j’ai acheté des chaussures neuves exprès. Les anciennes m ayant lâchées au dernier moment) ont bien frotté durant les deux derniers jours et je pars.
Au fait, pourquoi suis je venu ici ?
C’est grâce à une page internet explorer que mon ordinateur lance automatiquement à chaque fois que je démarre mon PC.
Un jour, il m’a proposé une photo emblématique du parc sarek . J’ai trouvé ça tellement beau que je me suis dit qu’il fallait que j’y aille : c est le Delta de la Rapadalen (nom de la riviere) vu du sommet du Skierffe (nom de la montagne).
Un petit 600 m de denivelé. Et j’arrive sur un plateau rocailleux grisâtre, sans vegetation qui monte en pente douce jusqu’au sommet du skierffe.
Ce n’est pas difficile. Mais le vent mélé à la pluie et la neige , Les pierres glissante, et le froid rendent la marche très malaisée.
Les bourrasques sont parfois si violente que le fait de lever un pied me déséquilibre et m’oblige à le reposer instantanément en arrière sous peine de basculer.
Mais une fois arrivée en haut, alors là… là, … c’est l’enchantement !
Comme par miracle, le ciel gris se déchire et un rayon de soleil apparait pour éclairer le delta.
C’est incroyable !!! Juste au moment où j’atteint le sommet ! Je suis vraiment touché par la grâce divine .
Et moi qui ne suis pas croyant, je crie « merci mon Dieu merci ! »
Je suis heureux de contempler une telle beauté.
Les fameuses anastomoses de rapadalen : entre 2 flancs de montagnes, un delta intérieur immense dont les chenaux s’entrecroisent au milieu d’un marais immense avant de se jeter dans un lac glaciaire.
(Mes photos ne rendent pas la grace de la beauté de ce paysage)
Maintenant il faut que je redescende pour continuer mon trek et surtout trouver un endroit pour camper.
Je décide pour ce soir d’établir mon campement au pied de ce promontoire rocheux que j’avais entrevu la veille.
Sans savoir pourquoi, ce piton me fascine et m’attire.
Je dévale le flanc de la montagne à travers les bois et de tres hautes herbes parfois plus hautes que moi (des angéliques, je pense).
Par contre, avec le froid humidité et la descente, j’ai de plus en plus mal à mes chevilles.
Pour trouver le bon campement, ce n’est pas chose aisée.
Éviter bien sûr les lieux trop humide (je suis entouré de marécages)
Il ne faut pas non plus que ce soit un endroit trop exposé au vent (pour pas qu’un arbre pourri me tombe sur la tente) avec bien sur un petit ruisseau à côté .
Bref trouver l’endroit idéal c’est un peu comme le conjoint idéal, il faut bien chercher sous peine de le regretter par la suite.
Et là, après une heure dans les marais et la forêt, j’ai enfin trouvé le bon endroit. Il a d’ailleurs été utilisé par le passé.
Vivement que j’arrive !
Pour trouver le bon campement, ce n’est pas chose aisée.
Éviter bien sûr les lieux trop humide (je suis entouré de marécages)
Il ne faut pas non plus que ce soit un endroit trop exposé au vent (pour pas qu’un arbre pourri me tombe sur la tente)
Un petit ruisseau à côté.
Bref trouver l’endroit idéal c’est un peu comme le conjoint idéal, il faut bien chercher sous peine de le regretter par la suite.
Et là, après une heure dans les marais et la forêt, j’ai enfin trouvé le bon endroit. Il a d’ailleurs été utilisé par le passé.
Certainement par des hommes préhistoriques …
Pour faire du feu sous cette contrée, le meilleur bois est le pin. Mais on ne le trouve que dans les bases altitudes.
Plus haut, dans les chablis (Arbre, ou groupe d’arbres, renversé, déraciné ou rompu par le vent ou brisé sous le poids de la neige, de la glace ou de l’âge ) il n’y a que du bouleau qui ne brule pas bien, surtout lorsqu’il est mort car il pourrit tres vite.
On peut trouver vers les ruisseaux un autre type d’arbre qui s’apparente à de l’aulne et qui brule tres bien.
A savoir que l’écorce de bouleau pour démarer un feu, c’est mieux que du papier.
Bref, ne pas oublier de prendre sa scie …
J4 : en mode bucolique
Le petit abri derrière la gigantesque pierre s’est révélé être une bonne option. Pas une onde de vent alors que ce dernier a soufflé fort tout autour.
Bref comme tous les matins petit café au lait, un sachet de nourriture déshydratée et préparation du sac et hop me voilà prêt pour partir.
Tout ça me prend deux heures. Je suis très lent…
Il n’y a plus réellement de chemin. Parfois, je le vois, parfois, je le vois pas.
Je suis mes envies en m’adapatant aux conditions des marais et de la forêt. Je vais là ou ça me chante !
Il faut juste que je fasse attention à ne pas faire rentrer de l’eau dans mes chaussures. Car sinon c’est mort !
Elle ne secheront plus du tout au cours des prochains jours, Le temps étant trop humide.
Et si je fais sécher mes chaussures trop près du feu, elle risque de rétrécir et de passer du 42 au 40 …
Bref, surtout bien faire attention où je mets les pieds.
Heureusement, j’ai des guetres d’hiver qui enveloppent la totalité de la chaussure et remonte jusqu’au genoux. (indispensable)
Au bout d’une heure, j’ai mal aux chevilles. Je ne peux plus marcher. Je décide alors de prendre du Voltarène et un autre cachet pour la douleur. Une demi-heure après je ne sent plus rien. C’est vraiment efficace ces médicaments là !
D’ailleurs par la suite, tous les matins je prendrai ces médicaments. Sinon je n’arriverai plus du tout à marcher…
J5 : la traversée de la rivière et les serviettes hygiéniques
Ce matin, j’ouvre la tente Et que vois-je ?
La vierge ? Non, la neige.
Il a neigé et le sol est blanc.
Je me pose des questions sur la suite à donner. Dois-je continuer ou dois-je rebrousser chemin ?
Un petit café, et le moral revient. Je vais continuer et je verrais bien ce qu’il en est dans la journée. Si besoin je peux faire demi-tour.
Je dois maintenant continuer jusqu’au confluent 2 rivières afin de traverser celle que je longe actuellement. Il paraît que plus haut le cours d’eau se rétrécit et permet un passage beaucoup plus aisé.
La neige fond au fur et à mesure de la journée, Libérant l’humidité sur les branches et les herbes que je traverse et me mouillant tout le bas du corps.
J’arrive au confluent des 2 rivières.
Le cours d eau est toujours aussi large, certes moins profond, mais trop pour que je puisse le traverser en chaussures. Et puis il y a également beaucoup de courant.
Je dois me mettre en slip et traverser la riviere.
Je trouve ça drôle.
En fait, c’est pas drôle du tout !
J’ai dû traverser quatre ou cinq bras de riviere. Avec de l’eau pratiquement jusqu’au slip.
Elle est tellement glacial que j’ai l’impression qu’on enfonce des aiguilles dans la chair.
Je repère une cabane de l’autre côté, je traverse les marais en slip et au pas de charge. Et je me réfugie à l’intérieur de la cabane.
Je grelotte. J’ai rarement eu autant froid de ma vie. Tellement froid, que je crois que j’ai le plus petit zizi de la planète.
Gla gla
Les chaussures sont légerement humides à l’intérieur. Je décide de mettre en pratique une astuce que j’ai lue sur un forum.
Utiliser le pouvoir absorbant d’une serviette hygienique. Parfois, je m’étonne de mon génie.
Sauf … que je ne suis qu’un crétin d’homme.
N’étant pas une femme, j’ai confondu tampon et serviette.
Alors forcément, je perds en efficacité…
J’imagine bien la tête des secours qui pourraient me retrouver après un accident dans le parc. (Chef, on a trouvé le randonneur. Il est dans un piteux état. Aucun matos de secours ! Par contre beaucoup de fromage et de tampons hygiéniques dans son sac !)
Maintenant, une petite minute culture.
Car on ne peut pas que rire. Il faut aussi s’informer …
En fait, j’étais donc en Laponie. Au nord de la Suède. Dans ce que l’on appelle le cercle Arctic.
2 principales biotope, la toundra et la taiga
TAIGA
La taïga décrit une forêt boréale composée surtout de conifères (pins, sapins, épicéas, mélèzes) associés à des feuillus (bouleaux, aulnes). Le milieu est entrecoupé de tourbières et de marais. La taïga borde la toundra.
TOUDRA
La végétation de la toundra est basse et discontinue. On n’y trouve quasiment pas d’arbres à l’exception de quelques arbustes ou des arbres rampants.
Type de végétation que l’on rencontre surtout au-delà de 700 m d’altitude.
Alors, au bout de 7 jour tout seul, je commence à m’inventer un copain imaginaire .
Et ce copain imaginaire n’arrête pas de me dire que je m oriente mal avec la boussole.
Et au bout d’un moment, finalement je finis à l’endroit que j’avais bien prévu à l’avance.
Et je lance à mon copain imaginaire : « alors ducon, tu vois bien que je me suis pas trompé. Et maintenant arrête de me prendre la tête ! »
Je le trouve à l’abri d’un tres gros rocher (comme souvent d’ailleurs)
Afin de conjurer l’humidité nocturne qui m envahit chaque nuit.je décide de me lancer dans une séance vaudou autour d’un crane de renne
j8 journée tranquille
Bon, pas de chance !
Le rite chamanique n’a pas fonctionné.
Le sac de couchage est toujours un peu mouillé.
L’orientation est facile, il suffit de suivre la rivière.
Je vois également un élan avec ses deux petits.
Je décide de remonter sur les hauts plateaux. C’est plus joli et moins monotone que de serpenter le long d’un cours d’eau.
Et pour la nuit, je redescends dans la vallée pour fuir le froid de la montagne.
Ce soir, il fait très froid. Dans une bouteille d’eau que je viens de remplir, en quelques minutes se forment une mince pellicule de glace.
Et à cause du froid, le gaz ne fonctionne vraiment pas bien du tout. Impossible de faire bouillir de l eau.
Bon, pas grave, je vais mettre ma popote directement sur le feu de bois .
Et bonne nuit .
J9 : il faut choisir !
cette nuit, il a fait tres tres froid.
Avec un bon sac de couchage (confort -7 + un sac à viande), pas de soucis !
Mais maintenant, il faut faire le choix entre suivre tranquillement le chemin retrouvé.
Où couper à travers la montagne.
Après plusieurs jours de galère dans cet environement hostile, je décide que je mérite un peu de tranquillité et donc choisi le chemin le plus facile.
Mais, pas de chance, je glisse sur les planches gelées . Badaboum, sur le derrière…
C’est un signe du destin. Je dois prendre le chemin qui coupe à travers la montagne.
Je remonte à travers bois vers les plateaux. Et vers 13 heures, je décide de faire sécher mes affaires.
Mais là le vent se lève et le ciel se charge des nuages.
Pas très courageux, je décide de faire demi-tour une fois les affaires sécher.
Au moment de refaire mon paquetage, Remontée à bloc contre ma lâcheté, je décide finalement de continuer.
Tout se fait à la boussole. Et les reliefs sont beaucoup moins marquée que dans la vallée. Je n’ai vraiment pas trop droit à l’erreur car demain soir je dois être au village.
La carte que j’ai, n’est pas très précise. Elle est 4 fois moins précise que les cartes de randonnée française. (1 cm = 1km pour 1 cm = 250 en france).
Donc, je suis souvent dans le doute.
Je passe en premier col et j’aperçois un autre petit col plus loin.
Là encore, la réalité ne correspond pas du tout à ce que j’escompté. Et mon petit copain imaginaire revient à la charge :
-
je t’avais bien bien dit que tu t’étais trompé
- Mais je te dis que je me suis pas trompé. Je suis sûr de moi.
- Oui mais n’empêche que ça ne correspond pas à ce que tu t’attendais.
- La boussole ne se trompe jamais . je ne peux pas me perdre. je suis sûre de moi.
- la boussole ne se trompe peut-être jamais mais celui qu’il l’utilise, lui, peut se tromper…
cette réplique me jette le doute. J’espère que je me suis pas trompé surtout que le temps se dégrade
Mais finalement, après deux heures de doute et d errance, j’aperçois enfin la vallée et les arbres.
Et je dis à mon copain imaginaire : « tu vois ducon , je te l’avais dit, je ne peux pas me tromper je suis sûr de moi »
Sur le chemin, je croise des traces d’un ours. Lui monte, moi je descends. Les traces sont fraîches. Peut-être qu’il m’a vu …
Il chausse un petit 42. En sibérie,les ours chaussaient du 49 et mes pieds flottaient dans l’empreinte.
Meme petit, il est de toute façon plus grand que moi…
Arrivée dans la vallée, je décide de monter le campement. Inutile de trop enfer car sinon demain je n’aurai que quelques heures à marcher. Et à 14h je serai arrivé au village où je m’ennuierais à coup sûr.
Je décide donc de monter une cabane et de mettre en pratique quelques idées que j’ai eu en marchant.
En fait, juste pour résumer le dilemme du matin.
Je suis au top de ma forme. Le sac est beaucoup plus léger qu’auparavant. J’ai le mental et le physique. Rien ne peut m arrêter
Alors qu’auriez vous fait à ma place ?
- 55 km en deux jours sur un chemin bien marqué mais monotone ?
- Ou alors 35 km (selon mes estimations) , en territoire non balisé au risque de se perdre ?
Voilà quel fut mon dilemme !
J10 le cauchemar
Ce matin je me lève, je suis tout patraque. Pas Réveillé, pas envie d’avancer . Fatigué !
En même temps, dans 5 heures, c’est-à-dire vers 14 heures, je suis arrivé au village.
Si j’avais su… oui … Si j’avais su …
Là, j’ai 2 solutions pour rejoindre le village.
Soit je longe la rivière : ce qui est du sur à 100%.
Soit, je m’oriente à la boussole via un angle de 130°.
J’ai le temps et j’ai envie de m’amuser, donc je choisi la boussole
Je pars en trainant la patte. Une heure après, je suis obligé de m’arrêter car j’ai vraiment du mal à avancer. Pas envie. Pas la gniaque. Rien. Vidé.
Je me dis que manger quelque chose me fera du bien. Alors je me fais 2 petits sandwiches. Et je repars
Une heure après de nouveau, je m’arrête pour faire le point.
J’estime avoir parcouru à peine 5 km en deux heures. C’est très peu.
À ce rythme là … À ce rythme là, oui , au fait, combien me faudra t il de temps ?
Je vérifie la carte et là, horreur/erreur, je m’aperçois que j’ai sous-estimé les distances. Il ne me reste non pas une dizaine de kilomètres à parcourir mais une bonne vingtaine.
Il faut que j’augmente le rythme.
Et que je passe à 3- 3,5 km heures. Afin d’ arriver vers 17 heures, maximum 18 heures. Car après la nuit tombe.
J’accélère le rythme.
Je suis la direction indiquée par la boussole. Toujours tout droit à 130°. Je dois traverser les forêts, les marécages. Les cours d’eau. Bref tout ce qui me fait obstacle. Mais en allant toujours tout droit.
Et toujours, cette fatigue lancinante !
Je commence à prendre des risques. Et 1 heure après être parti, je m’embourbe jusqu’à mi cuisse et l’eau pénètre pour la première fois dans mes deux chaussures. C’est moins agréable .
De plus, le plafond nuageux est très bas, 100 m au-dessus de ma tête. Ce qui ne m’aide pas pour savoir si je suis le sur le bon chemin car je ne peux plus voir aucun relief .
Puis vers 15h00, je tombe sur un super chemin. Il correspond à un chemin que je cherchais préalablement. Je le prends. Il est tout droit. Comme sur la carte. C’est donc le bon chemin qui va me ramener au village. Comme je suis content !
Et et je dit à mon copain imaginaire :
« Tu vois, il suffit de persister et on finit toujours par trouver le bon chemin ! »
J’estime arriver dans une ou deux heures.
Même, si ça ne correspond pas du tout à ce que j’avais initialement prévu… Beaucoup plus court que ce que j’avais estimé.
Mais quand on veut croire …
Je marche, je marche. Je suis moins fatigué. Mais la distance parcourue me semble énorme par rapport à ce que j’escomptais.
Je trouvé une canette de coca. C’est un signe ; on n est plus très loin de la civilisation.
Puis je croise un cerf tout blanc. Un autre signe. Depuis que je fais des rites chamanique, je sais très bien interpréter les signes que m’envoie la nature et les dieux …
Je crois même à un moment percevoir les odeurs de gasoil de voiture.
Je continue de marcher et je tombe sur … une rivière large d’une soixantaine de mètres et tres profonde.
Ce n’est pas le village ! C’est une rivière que je ne peux meme pas traverser.
Mais c’est quoi ce chemin ? Je suis où là ?
Il est où le village ?
Il est 17h00.
Et là, je ne sais plus quoi faire.
Dois-je remonter la rivière ? Ou dois-je la descendre ? Ou dois-je revenir sur mes pas ?
Je décide de revenir sur mes pas et de prendre un chemin que j’avais vu 200 m plus haut.
Je marche pendant 10 minutes. Mais finalement je me dis que ce n’est vraiment pas le bon chemin. Je reviens sur le bord de la rivière. J’essaye de comprendre. Je ne comprends pas. Je reviens de nouveau sur mes pas et je prends le même chemin que j’avais pris préalablement mais dans l’autre direction. Mais je m’embourbe. Ça ne va pas du tout. Je reviens de nouveau sur le bord de la rivière .
Il faut que je me pose. Que je réfléchisse. Car je ne peux pas partir dans toutes les directions. Il faut que je prenne la décision et la bonne.
Je reprends la carte. Je pose la boussole sur la carte et je m’aperçois que la rivière va du Nord au Sud. Et non pas de est en ouest.
Après moulte tergiversations, je sais où je suis. : je suis … dans la merde !
E fait, Je suis à 9 km à vol d’oiseau au nord du village.
Quelle galere !
Et Le copain imaginaire de revenir :
- Tu vois, à force de vouloir jouer au mec qui sait tout, et bien tu t’es bien planté. Dire que hier, tu aurais pu choisir le chemin le plus facile… t’es vraiment trop con !
Je ne sais pas trop quoi lui répondre.
Le copain imaginaire me suggère quand même une bonne idée : - Le plus simple est le plus sûre et maintenant de suivre la rivière jusqu’au village. Il faut jouer la carte de la sécurité.
maintenant que je sais où je suis Je sais où je vais, je suis hyper motivé.
Je ne suis plus fatigué. J’ai la pêche j’ai la hargne , et l’envie d’arriver. Mon sac ne me pèse même plus. Je marche. J’ai l’impression de voler. Les obstacles ne me font plus peur. Une collinette à franchir, je la franchis comme si de rien n était. Les branches me griffe , m aggrippe. Peu importe, je les arrache.
J ai la rage. Les marécages sont là, pas grave. Je m’embourbe et je continue d’avancer. Je glisse sur les pierres mais je me releve comme mu par un ressort .
J’ai déjà connu cet état là. Trois fois dans ma vie. C’est l’adrénaline qui te fait réaliser des prodiges. Qui t’enlève toute fatigue. Tu n’as plus soif. Tu n’es plus fatigué. Tu ne ressens plus rien tu es omnubilé par une seule chose ; réussir, Y arriver. C’est extrêmement grisant.
J adore cette sensation.
Je tombe sur un ruisseau large de la peine 2 m et profond de 1.5 m. Mais il est impossible à franchir. Je dois donc le remonter sur 700 ou huit cents mètres, passer des marécages, des bois puis le redescendre jusqu’à mon point de départ.
1,400 km pour franchir 2 m.
Par la suite, je serais confonté 2 autres fois cette configuration de terrain. Galere !
J’ai de la chance. Je ne ressens pas la fatigue grâce a l’adrénaline. Mais je dois gérer cet état. Le faire durer le plus longtemps possible et ne pas m’épuiser en vain . Je me calme donc pour mieux me maîtriser.
Et de fait chaque kilomètre a vol d oiseau me demande 1,5 km en moyenne.
Vers 18h30 la nuit tombe. Et je dois progresser à la lampe frontale à travers les marais et les bois. C’est pas drôle. Vraiment pas drôle. Mais je n’ai pas le temps de me plaindre. Je dois avancer coûte que coûte.
De plus, si j’arrive trop tard, les gens que j’avais prévenu risque d’appeler les secours ne me voyant pas. Même si je ne suis pas en danger.
Et là, vers 20 heures, j’aperçois une lumière. Puis une deuxième. Et aussi une lumière rouge au sommet d un mat. Je continue d’avancer et plein d’autres lumières m apparaisse. C’est le village ! Je suis SAUVE.
Alléluia. Dieu est grand et je suis son prophète.
Mais d’un seul coup quelque chose me turlupine. Les lumières ne sont pas du bon côté. Elles sont… Elles sont de l’autre côté d un torrent impetueux qui se transforme en lac un peu plus bas et que je peux pas traverser.
Je vois mais je ne peux pas accéder. C’est hyper frustrant.
Le réseau passe. J envoie un sms à mon correspondant pour lui demander si il y a un pont pour traverser la rivière.
Il me dit que non. Que la seule façon de traverser la rivière c’est en barque . Et que je dois appeler telle personne.
J’appelle en priant le bon Dieu que la personne me réponde. Sinon je suis bloqué de ce côté de lac sans pouvoir accéder aux lumières de l’autre côté.
J’ai pensé à tous ou presque durant ces 10 jours.
Et dans ma tête, même en regardant la carte regulierement, il était évident pour moi qu il y ait un pont qui enjambe la rivières. La réalité ne pouvait en être autrement. Je me suis créé moi-même une réalité qui n’existait pas et dont maintenant je suis la victime.
À trop vouloir imaginer, on finit par croire !
Mais heureusement, tout est bien qui finit bien. La personne est venu me chercher en barque. On a traversé le lac et j’ai rejoint ma chambre d’hôtel.
C’est une des plus longues randonnées que j’ai jamais faite. 11 heures.
11 heures de galère, de marécages, de forêt, de traversée de Rivière, de boue, de gamelles, le tout dans la grisaille et un petit crachin persistant.
Ce soir là, l’adrénaline a persister toute la nuit. J’ai dormi à peine deux heures. Je n’arrivais pas du tout à dormir. J’étais encore sur les nerfs.
That’s all folks !