Retour de 14 jours de balade dans les Hauts Plateaux (Kon Tum-Plei Ku-Buon ma Thuôt-Lac LakDa Lat), donc voici un petit rapport en 2 parties(2e partie : lac lak et Da Lat). Fait en bus publics au départ de Hoi An (toujours aussi sympa !) et 2-4 jours moto autour de chaque ville.
KON TUM
J’ai bien aimé son cadre avec le fleuve Dak Bla et les montagnes en
arrière-plan. J’ai passé une nuit au Family
Garden Hotel, derrière le Family Hotel, avec des chambres dans une maison en
bois au fond d’un beau jardin ; pas cadeau (400 000 D), et pour ce
prix, vous avez droit a la figure fermée de la propriétaire et la royale
impolitesse du fils. Le lendemain matin, j’ai donc déménagé en face, au Bac Huong, un petit hôtel familial tenu
par un charmant couple (anglais seulement).
9 chambres. Sgle/dble 13$ Tple
15$. Location de motos (10$ par jour). 196 Tran Hung Dao (en face du Family).
060 2200 424 Portable 0935 911 889 et
0905 065 278. hotelbachuong @yahoo.com.vn. Juste à côté, restau vietnamien sans
prétention et pas mauvais.
Il faut voir dans Kon Tum la belle cathédrale en bois (Wooden Church) construite par les missionnaires français (très
actifs dans tous les Hauts Plâteaux) en 1913.
Balade d’une journée en moto sur les pistes menant au village banhar de Ko Katu (suivre la rivière et passer le
petit pont suspendu, avant lequel il y a une belle maison banhar au grand toit
pointu) et surtout, Histoire oblige, le village sedang de Kon Jari, rendu célèbre grâce à un aventurier français ; pas
facile à trouver ! Il est avant Ko Katu ; une piste en terre monte à
droite au milieu d’un virage de la route goudronnée (dans le virage se trouve
un maison moderne avec épicerie) et on arrive sur une grande place avec une
autre grande maison commune au toit pointu ; aucune indication de nom et
personne n’a jamais entendu parler de Marie 1er ; dans le
village, très belle grande maison en bois avec balcons, c’était peut-être le
palais du roi !
Marie 1er, roi des Sedang (1888-1890)
Marie-David de Mayrena était un français de
Saïgon marié à une Cham et parlant couramment le viet et le cham. Il vivotait
d’articles dans Le Saïgonnais et autres
« bricolages ». En 1888, craignant que les siamois, poussés par les
allemands, ne pénètrent du Laos dans les Hauts Plateaux, alors sous influence
des missionnaires français, le Gouverneur Général a l’idée d’essayer de créer
une ligue des minorités bahnar, jaraï, moï et sedang et charge de Mayrena de
partir là-bas sans mission officielle pour essayer de créer cette ligue. En cas de réussite, il
serait déclaré officiellement Chef de la Fédération Moï (on retrouve la même
idée après 1945 avec la création de la Fédération Thaïe sous la férule de Déo
Van Long à Lai Chau, cette fois-ci pour lutter contre le Vietminh).
De
Myaréna arrive donc à Kon Tum en passant par Qui Nhon et An Khe et fait la
tournée des tribus vêtu d’un bel uniforme, bicorne et sabre incrusté de nacre
et d’or et avec un porteur d’oriflamme. Il réussit à convaincre les bahnar et
rédige une Constitution de la Confédération Bahnar. Il continue avec les
sedang et les jaraï (toutes ces tribus se battaient entre elles). Il réussit
tellement à convaincre les sedang qu’ils
le proclament roi, et de Mayréna écrit alors une 2econstitution,
celle de la Confédération des Sedang, avec lui-même comme roi sous le nom de
Marie 1er. Ladite constitution instaure un gouver-nement avec un de
ses aides français Ministre des Affaires étrangères et de la Guerre, et un
père Grand Aumonier du Roi, et inclue deux articles, l’un interdisant les
sacrifices humains et l’autre instaurant le catholicisme comme religion
officielle du royaume. Il crée également deux décorations, l’Ordre de Sainte
Marguerite pour récompenser la valeur militaire et l’Ordre du Mérite Sedang
pour services rendus au roi. Il fait
également imprimer de la monnaie et des timbres-postes.
Royaume
d’opérette, mais il n’empêche que de Mayrena réussit à arrêter pour un temps
les guerres entre tribus, et est de ce fait remercier par les autorités
françaises. Hélas pour lui, le Gouverneur Général change et le nouveau
n’apprécie pas du tout ce qu’il considère comme une plaisanterie. De Mayrena
part en France, puis en Belgique pour essayer de trouver des appuis et
surtout de l’argent par la vente de titres de son royaume, ce qui ne réussit
pas. Il retourne en Indochine en bateau avec un groupe de riches jeunes gens
auxquels il a fait miroiter un eldorado mais, arrivé à Singapour, il est
informé par le consul français qu’il est désormais interdit de séjour en
Indochine. Obsédé par son royaume et désespéré, de Mayrena tente de se
retourner vers l’empereur Guillaume 1eren lui offrant le
protectorat du royaume, ce qui le fait accuser de haute trahison. Il se
réfugie alors dans l’île de Tio Man en Malaisie, et meurt seul en 1890, sans
doute en se piquant avec une aiguille empoisonnée. A noter que sa
confédération sedang durera jusqu’en 1897, date à laquelle elle est rattachée
au Protectorat français d’Indochine.
Malraux
en parle beaucoup dans ses Anti-mémoires et il semblerait qu’il voulait en
faire un film.
L’après-midi, balade en moto pour l’Histoire, jusqu’à Dak To (40 km au nord sur la route No. 14), siège d’une terrible bataille pendant la guerre du Vietnam (1967)
dans les collines du village de Tan Canh, où les américains avaient une base (Rocket Ridge) protégeant Kon Tumet ont laissé plus de 200 morts et
200 blessés en une demi-journée + la nuit. C’est dans les alentours qu’est mort
en juin 1972 dans un accident d’hélicoptère John Paul Vann, le héros de
l’excellent livre de Neil Sheehan L’Innocence
perdue .
PLEI KU
(province de Giai Lai)
Quel bled ! Ville moderne de grandes
avenues sans un arbre. Je suis descendu à l’hôtel Dang
Xua, 84 Hung Vuong ; OK sans plus (10$ la chambre) ; au coin de
la rue, marché avec plusieurs restaurants de rue ; location de moto 8$
pour la journée (contact : 09 73 98 70 87).
A côté, une excellente adresse : la
très francophone agence Giai Lai
Eco-Tourist de M. Nguyen le Hoang Anh ; ils s’occupent des guides
obligatoires pour visiter les villages de minorités locales, dont le village
Jaraï de Plei Fun. 82 Hung Vuong
St. 0593 760 898 Portable 0976 144 977 hoangpleiku2003@yahoo.com.
J’ai décidé de ne pas m’embêter avec des guides, permis, etc. (plus j’avais
vraiment envie de sortir de ce trou) donc je n’ai fait que visiter l’intéressant
petit musée des Minorités locales du Gia Lai. Petite balade en moto sans grand
intérêt jusqu’au lac de Tnung (8 km
au nord sur la route No. 14 direction Kon Tum).
BAN MA THUÔT (province de Dak Lak)
J’ai bien aimé ! Ville également
moderne, mais au moins des avenues bordées d’arbres et des parcs. J’ai passé 2
nuits au grand calme à l’hôtel Bac Ma (chambre 604 super sur le toit en
terrasse – 27$). Derrière l’hôtel (44 Hai Ba Trung), le petit restaurant Carrot 1 ; on y mange très bien pour
pas cher et ils ont une liste interminable de cocktails de jus de fruits et de
délicieuses glaces, le tout à des prix très raisonnables pour la qualité. Très fréquenté par les jeunes locaux.
Visite du superbe musée des Minorités du Dak Lak, où j’ai appris une chose
étonnante : dans les années 80, de nombreux membres des minorités du Nord
ont émigré dans le Dak Lak à la recherche de terres nouvelles ; on y
trouve donc maintenant plus de 70 000 nung, 50 000 tay, 23 000 h’mong (ce qui
explique que je suis « tombé » sur la route sur une h’mong fleurie en
costume comme à Bac Ha), 15 000 dao, 15 000 muong et 17 000 thaï.
Superbes balades à faire en moto (louée au
très sympathique M. Phuc – 0500 859 257
ET 0913 439 987). J’ai commencé par le village
de Buôn Dôn (45 km au nord de BMT par la route 681), la « capitale des éléphants » célèbre pour l’adresse
avec laquelle les locaux attrapent et dressent les éléphants sauvages (enfin, le
peu qu’il en reste !) ; joli cadre au bord de rapides, avec balade à dos
d’éléphants mais c’est plutôt un petit Disneyworld pour touristes locaux. Par
contre, les chutes de Drai Sap et de
Drai Nur sont très belles (30 km au
sud-ouest par la route 14 puis 684 à Ea T’ling direction Dak Mâm). Il y a également de beaux parcs régionaux (Yok
Don, Nam Ka), mais je n’ai pas voulu m’y embarquer vu qu’on ne sait jamais s’il
faut une autorisation + guide ou non, l’office du tourisme de BMT ayant disparu
(ou peut-être fermé because Tet, mais je n’ai rien trouvé à l’adresse indiquée
dans les guides).