Bonjour,
Et désolé de contredire Liska, mais Malang est tout sauf dénuée d’intérêt! Rien de grandiose effectivement, mais ça vaut le coup de s’y arrêter, d’un parce que c’est sans nul doute une des villes les plus agréables de Java (nuits pas trop chaudes, vieilles villas hollandaises et verdure, surtout aux alentours de la mairie) et c’est aussi un des rares endroits (hors Jogja et Solo) où se frotter facilement à la culture javanaise, avec des manifestations culturelles relativement régulières: théâtre d’ombres (wayang kulit) une fois par mois au siège local de RRI, danses, musique, théâtre d’ombres et théâtre tradi (alternant avec des concerts de jazz) dans un restaurant-centre culturel dont j’ai oublié le nom (mais que les hôteliers connaissent), kuda lumping (une danse de transe, au cours de laquelle les participants chevauchent avec les esprits) au parc Senaputra toutes les semaines ou presque… Sans oublier le bol de chlorophylle du marché aux fleurs ou, pour les budgets pas trop serrés, un verre au très chic Hôtel Tugu (les chambres sont hors de prix), décoré grâce aux antiquités chinées dans toute la région par les propriétaires (qui en font leur marque de fabrique).
Au passage, lorsque tu descendras du Bromo vers Malang, essaie de louer une jeep pour descendre via Ngadas, le village de l’autre côté de la caldeira. C’est une route de crête qui permet de circuler au dessus des forêts, des plantations de teck et des champs du Tengger, les paysages sont superbes! Cette route permet aussi de faire un tour à Candi Jago, dans le village de Tumpang et un peu plus au sud, de faire un crochet à Candi KIdal, deux petits temples avec de jolis bas-reliefs (de style wayang kulit) qui rappellent que la région, il y a 8 siècles et des poussières, était au centre du puissant royaume de Singosari. De Singosari même, il ne reste pas grand chose hormis deux petits temples au nord de Malang dont a parlé Liska. Il y en a encore quelques autres un peu plus au nord aux alentours du mont Penanggunan, que les Javanais considéraient comme le pilier du monde, le mont Meru transporté d’Inde par les dieux mécontents, qui se seraient installés à Java.
Plus au nord encore, il y a Trowulan, le site de l’ancienne capitale de Mojopahit, le grand royaume qui a pris le relais de Singosari avant de tomber sous les coups des villes musulmanes de la côte au XVIe siècle. Les habitants du Tengger sont d’ailleurs des réfugiés de Mojopahit qui n’ont pas voulu se convertir. Le petit musée du site, construit par les Hollandais, vaut le coup d’oeil, mais pour les passionnés d’histoire seulement. Les nombreuses ruines des bâtiments de brique permettent toutefois d’avoir un petit aperçu de la gloire passée de Mojopahit. Dans la même veine, du côté de Blitar, près de la côte sud, tu peux aussi aller visiter sur une journée le site de Panataran, un des derniers grands sanctuaires hindo-bouddhiques construits sur l’île de Java, qui date justement de l’époque Mojopahit. À Blitar, une petite visite s’impose sur la tombe de Soekarno, le premier président indonésien, considéré comme le père de l’indépendance, pour voir que les vieux cultes aux souverains défunts n’ont pas disparu…
Derniers atouts de Malang, quelques petites stations d’altitude autour de Batu, datant aussi de l’époque hollandaise, où l’on peut profiter des sources chaudes ou faire son pélerinage à Gunung Kawi, un lieu saint pour les musulmans et les Chinois (c’est fréquent à Java), qui donne une idée des mélanges propres à la culture javanaise. Enfin, sur la côte sud, il y a la plage fort agréable (sauf le weekend) de Balekambang, où on a construit un petit temples hindouiste pour la communauté de la région, réponse javanaise à Tanah Lot…
Selamat jalan!