Ce pays n’est pas “une sorte” de dictature, c’est une vraie dictature, pure et dure, qui s’appuie notamment sur l’article 44 d’une charte scandaleuse rédigée par ses soins et à son usage, qui utilise la propagande, le mensonge, la délation, et qui distille la peur pour se maintenir au pouvoir. Les opposants qui ne vont pas en prison - parfois pour quelques mots dans un sms compromettant - ont droit à une villégiature de quelques jours ou quelques semaines dans un camp de rééducation, pour subir des séances de “redressement du comportement”. La presse et les médias sont muselés, l’Internet contrôlé, les rassemblements de plus de 5 personnes sont interdits, tout débat politique est interdit, la télévision se cantonne aux variétés style The voice, aux émissions de cuisine style Superchief et aux séries sit com imbéciles, seuls programmes qui soient autorisés. Jamais on n’a maintenu un peuple dans un tel niveau de crétinerie, et c’est miracle que certains réfléchissent encore et osent émettre quelques protestations. Les élections “démocratiques” (c’est pour rire) promises depuis 2014 sont repoussées de trimestres et trimestres et d’années en années. Elles devaient se tenir, promis juré, en novembre 2018. Elles viennent d’être repoussées - pour la énième fois - en février 2019. Quelques constestataires plein d’humour ont affublé Uncle Tu, le chef de la junte, du joli surnom de Pinocchio, et l’on représenté (discrètement) avec un grand nez qui s’allonge un peu plus à chaque nouveau mensonge. Quant au roi, je n’ai pas mes entrées au palais royal, mais désolé, il paraît tout sauf intransigeant. Il brille par son absence, on a plutôt l’impression qu’il assure le service minimum et que c’est encore trop pour lui. D’ailleurs, même du temps des dernières années de son défunt père, miné par la maladie, c’est, de l’avis de tous les observateurs, la reine Sirikit qui tenait les ficelles du pouvoir. Et ce n’est pas un hasart si Prayut, le chef de la junte, était le général commandant sa garde personnelle.
Mais bon, la junte aurait tort de se gêner. Les affaires sont prospères, les touristes affluent bien davantage préoccupés du bien-être des éléphants que de la liberté de la population, et les États démocratiques qui pourraient peser sur cette dictature se contentent de distiller des voeux pieux et de vertueux conseils. Après tout, la stabilité n’a pas de prix, c’est excellent pour le business, et tant pis pour les libertés. Business is business. Le problème, c’est qu’un jour, inexorablement, - et une fois de plus -, ça va péter. 18 coups d’État depuis 1932, il n’y a pas de raison que ça s’arrête…
Cordialement.