Le meilleur de la Castille

Salamanque © malajscy - stock.adobe.com

Au centre de l’Espagne, la Castille déroule son haut-plateau (Meseta central) venteux, écrasé de soleil l’été et tapissé de coquelicots au printemps. Tout le cœur du pays est là, sur ces 200 000 km2 à une altitude moyenne de 600 m, séparés du reste du pays par une succession de petits massifs montagneux— où le froid hivernal ne tient pas de la légende (record : 200 jours de gel par an à Villaceid).

La Castille, plus encore que Madrid, est au cœur de l’identité espagnole. Ne dit-on pas, d’ailleurs, que l’on parle castellano ? La région doit son nom à un fait historique central : reprise aux Maures entre les XIe et XIIIe siècles, elle se mua en bastion de la Reconquête et se couvrit à cette occasion de castillos (châteaux).

C’est ainsi le plus souvent de château en bastion, de ville fortifiée en village perché, que l’on parcourt la région : vaste Castille-León au nord (alias « Vieille-Castille »), épousant le tracé du chemin de Compostelle, Castille-La Mancha au sud (alias « Nouvelle-Castille »), semée de moulins blancs hiératiques sur la route de Don Quichotte.

Partout, l’architecture civile et religieuse ramène aux temps forts du Moyen-Âge et du Siècle d’Or, périodes charnières qui virent l’Espagne naître et prospérer. La Castille ? Un voyage très culturel, marqué par les fastes du style mudéjar, mariage des traditions espagnoles et arabe.

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Le meilleur de Castille-León

D’Avila à Salamanque, en passant par les chemins de Compostelle, découvrez les plus beaux sites à voir en Castille-León, au nord de la Castille.

Ávila en ses remparts

Ávila en ses remparts
Remparts et cathédrale - Ávila © Marina Ignatova - stock.adobe.com

À 1h20 au nord-ouest de Madrid, Ávila de los Caballeros (disait-on jadis) offre d’emblée une sacrée remontée dans le temps. Alter ego de Carcassonne, cette grosse petite ville est encore largement contenue dans sa muraille médiévale (fin XIe s) intacte, longue de 2,5 km, jalonnée de 9 portes et d’une multitude (88 !) de tours crénelées, très proches les unes des autres — que l’on approche par des segments de chemin de ronde. Une merveille, festonnée de nids de cigognes, logiquement classée au Patrimoine mondial par l’Unesco.

À près de 1 200 m d’altitude, le printemps est assez tardif, ici. Ávila est même la plus haute capitale régionale du pays ! N’empêche. Les cigognes, certaines plus équilibristes que d’autres, ponctuent aussi les clochers dominant l’embrouillamini de places, arcades, palais et sanctuaires de la vieille ville.

Basilique de San Vicente - Ávila © Euqirneto - stock.adobe.com

Il y a là les églises romanes, comme San Andrés. La sobre Catedral del Salvador romano-gothique, au chevet fortifié intégré à la muraille et au portail gardé par 2 lions enchaînés (musée d’art religieux). La basilique de San Vicente (XIIe s), pionnière du gothique espagnol, aux remarquables portique et portail. Hors les murs, le monastère royal de Santo Tomás, doté de trois cloîtres, accueillait à la belle saison la cour d’Isabelle et Ferdinand, les Rois Catholiques.

Nul doute : une fois Ávila reprise aux Maures, la foi a largement modelé la ville. Au XVIe s, elle a même donné à la chrétienté une de ses plus ferventes mystiques : sainte Thérèse d’Ávila, réformatrice des carmélites. Le couvent où elle vécut, attirant de nombreux pèlerins, révèle sa cellule… et la relique de son doigt ceint d’une grosse émeraude.

Le + de routard.com :

Impossible de quitter Ávila sans avoir goûté aux yemas, des « boulettes » de jaune d’œuf et caramel au citron, emblématiques de la ville.

Ségovie, entre Moyen-Âge et Siècle d’Or

Ségovie, entre Moyen-Âge et Siècle d’Or
Alcázar de Ségovie © Carmen - stock.adobe.com

À 1 000 m d’altitude, face à la Sierra de Guadarrama, Ségovie est un peu comme un grand navire échoué dans les montagnes, dont l’Alcázar formerait la proue, au-dessus du confluent des ríos Eresma et Clamores. Cette petite capitale provinciale, classée au Patrimoine mondial, est assurément l’une des plus belles villes historiques de Castille.

Si l’aqueduc romain, à double niveau d’arcades aériennes, est le mieux conservé du pays, l’essentiel du patrimoine ségovien est médiéval. Arrimés au rocher, les remparts, entrecoupés de portes massives, disent bien le caractère stratégique du lieu, placé donc sous la protection de l’Alcázar — déjà en service à l’époque romaine mais largement remanié au XIVe s. Archétype de l’architecture médiévale, il fut l’une des résidences favorites des rois de Castille, comme en témoignent ses plafonds à caisson mudéjars, son mobilier gothique, ses tapisseries et armures. Du haut du donjon, le panorama est spectaculaire.

Catedral de Santa Maria de Segovia © klublu - stock.adobe.com

Cité à la riche spiritualité, Ségovie s’est couverte au Moyen-Âge d’églises romanes, foisonnant de chapiteaux sculptés (et parfois de fresques) : San Juan de los Caballeros (devenue musée Zuloaga), La Santísima Trinidad, San Estebán, San Andrés, San Martín…

Dans la lumineuse et élégante cathédrale, stalles et cloître médiévaux font pendant à des retables churrigueresques (un baroque espagnol débridé). L’édifice, lui, fut reconstruit après une révolte, durant le Siècle d’or espagnol (XVIe s). C’est alors que la cité, enrichie par le commerce de la laine, se dota de ses plus beaux palais et demeures seigneuriales. On en oublierait presque les multiples églises et monastères implantés hors-les-murs…

Le + de routard.com :

Une bonne partie du centre historique est fermé à la circulation. On se gare à distance pour parcourir à pied son lacis de rues et ruelles.

Burgos, à l’ombre de sa cathédrale

Burgos, à l’ombre de sa cathédrale
Cathédrale de Burgos © Henryk Sadura - stock.adobe.com

Elle dresse sa dentelle de baies, de clochers et de flèches vers les cieux, au-dessus du centre historique. Elle, c’est la catedral de Santa María, chef-d’œuvre du gothique fleuri, mâtiné de gothique nordique. Classé au Patrimoine mondial, l’édifice justifie l’escale à Burgos à lui seul, avec sa profusion de chapelles, de retables, de gisants, ses stalles marquetées exceptionnelles et son cloître à deux niveaux.

On y découvre aussi le tombeau du Cid, héros cornélien emprunté aux Castillans, de son vrai nom Rodrigo Díaz de Vivar, chevalier mercenaire au service des Maures devenu héraut de la Reconquista… Chimène l’accompagne.

Le meilleur point de vue sur la cathédrale et le cœur de la ville se découvre depuis le mirador du vieux Castillo en ruines, planté dans le parc du Cerro San Miguel, en surplomb.

Casa del Cordón de Burgos © David Andres - stock.adobe.com

L’exploration du centre historique, engoncé de murailles en partie préservées, révèle palais Renaissance, portails démesurés et balcons de bois. On y retrouve Le Cid, représenté sur la grande porte blanche de l’Arco de Santa María, en compagnie de Charles Quint et de quelques autres personnages centraux de l’histoire locale — dans l’axe du pont sur le río Arlanzón, précisément. Autre incontournable : la Casa del Cordón, ex-palais des Connétables de Castille (XVe s), devenu centre culturel et banque.

Au-delà, les murailles crénelées du monastère royal de las Huelgas et la façade austère de la chartreuse royale de Miraflores cachent bien leur jeu. Ici, tout n’est que sarcophages, cloîtres et gisants, à la gloire du divin et des Rois Très Catholiques.

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Dans la chapelle du Saint-Sacrement de la cathédrale de Burgos est exposé un vieux coffre bardé de fer. Le coffre du Cid. Désargenté, celui-ci le remplit de sable et de cailloux et le déposa en gage auprès de prêteurs en leur assurant qu’il contenait sa fortune, avec interdiction de l’ouvrir avant 1 an ! Le temps de rembourser son prêt…

Le Camino Francés, d’étape en étape

Le Camino Francés, d’étape en étape
Camino Francés © Orion76 - stock.adobe.com

Burgos s’implante sur le chemin de Compostelle. Le Camino Francés, plus précisément, cet itinéraire essentiel, par lequel arrivaient au Moyen-Âge et arrivent encore la majorité des pèlerins venus d’outre-Pyrénées — Francs, puis Français au premier chef. Une balade de près de 800 km, parcourus en une trentaine d’étapes jalonnées de merveilles de l’architecture religieuse médiévale : ermitages et églises romanes, monastères et couvents.

L’ardue traversée de la Meseta Central s’étale, elle, sur deux bonnes semaines. Si elle échappe aux grandes déclivités, elle n’est pas plate pour autant et accumule ses propres défis : un soleil écrasant tout l’été, des orages violents et des hivers froids, venteux, souvent enneigés… Raison pour laquelle les pèlerins s’attaquent surtout à cette section en mai-juin ou septembre-octobre. Plus simple : suivre l’itinéraire en bus ou en voiture.

Santo Domingo de la Calzada Armando © Oliveira - stock.adobe.com

Entrant en Castille-León quelques kilomètres après avoir traversé la superbe bourgade de Santo Domingo de la Calzada, les pèlerins rejoignent d’abord Burgos, puis poursuivent vers Frómista, à la splendide iglesia de San Martín romane (XIe s). À 5 jours de marche vers l’ouest, le monastère de San Miguel de Escalada à la remarquable architecture mozarabe, posé sur un tertre, précède de peu la belle León (voir ci-dessous).

Deux jours plus avant, Astorga, enserrée dans ses remparts, ne manque pas de charme. Ce n’est pourtant pas sa cathédrale qui attire foule, mais le fantasque palais épiscopal, alias palacio Gaudí, dessiné par le célèbre architecte catalan en 1882-1883, entre médiéval et modernisme…

Le + de routard.com :

Tout au long du Camino, des auberges publiques très bon marché accueillent les pèlerins (la credencial, le passeport du pèlerin, tamponné à chaque étape, y est exigée). Les auberges privées proposent presque toutes des chambres en plus des dortoirs.

León, une capitale royale

León, une capitale royale
León - catedral Santa María © imstock - stock.adobe.com

Si un lion (pourpre !) orne bien les armoiries de la ville, elle doit en vérité son nom à une ancienne « légion » romaine. Capitale royale du Xe jusqu’au crépuscule du XIIIe s, bastion de la Reconquête, enrichie (intellectuellement et financièrement) par le chemin de Compostelle, León est aujourd’hui une paisible capitale provinciale.

Au centre de toutes choses, la catedral Santa María (XIIIe-XVe s), très élancée, très pure, très fragile, s’inspire visiblement de celle de Reims, avec ses tours jumelles et ses 3 portails très ornementés, surmontés d’une grande rosace. L’intérieur doit sa luminosité à un exceptionnel ensemble de vitraux médiévaux (1 800 m2 de vitraux !).

Hostal San Marcos - León © mrks_v - stock.adobe.com

Le musée et le cloître abritent de remarquables chefs-d’œuvre de l’art sacré. Tout comme, d’ailleurs, le Museo de San Isidro, attenant à la basilique du même nom (XIe-XIIe s), reliquaire du saint et panthéon de la famille royale du León (plus de 20 rois et reines y reposent !). Ses fresques du XIIe s et ses remarquables chapiteaux lui ont même valu le surnom de « chapelle Sixtine romane » !

Tout aussi incontournable, l’Hostal San Marcos, partiellement transformé en parador, accueillait et soignait les pèlerins en route vers Compostelle, avant d’être remanié au XVIe s dans son style actuel, avec une façade Renaissance longue de plus de 100 m !

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Gaudí a aussi réalisé un édifice à León, la Casa Botines, qui présente la même inspiration néogothique que son palais épiscopal d’Astorga.

Zamora la romane

Zamora la romane
Pont de Zamora © jon_chica - stock.adobe.com

Qui connaît Zamora ? Pas grand monde. Et pourtant… Juchée sur un tertre rocheux au pied duquel s’écoule le jeune Douro, cette petite capitale provinciale mérite le détour. Connue à l’époque romaine sous le nom d’Ocellodurum (« l’œil du Douro »), c’est au XIIe s qu’elle atteint son apogée, comme garante de la nouvelle frontière du Portugal — qui s’affirme à cette époque à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest. Elle s’entoure alors de… 3 remparts, pas moins, qui lui valent d’être baptisée « la bien encerclée ».

« La Ciudad del Románico ». L’autre surnom de Zamora témoigne de l’importance, ici, de l’architecture médiévale et, plus encore, de l’art roman — à commencer par le long pont sur le Duero (comme on dit ici), aux 16 arches élégantes. La ville ne compte pas moins de 23 églises romanes, dont 14 éparpillées au fil des ruelles pavées du seul centre historique ! Record d’Europe.

Catedral de Zamora © Álvaro Germán Vilela - stock.adobe.com

 Là, dans le sérail du dernier rempart presque intégralement préservé, se dresse aussi la Catedral, romane, achevée en 1174. Œuvre d’un seul et même architecte, d’une rare unité, elle est chapeautée d’une surprenante tour-lanterne « à écailles » d’inspiration byzantine et gardée par la Torre del Salvador, un puissant campanile de 45 m. Autre surprise, autre exception, la Puerta del Obispo, côté sud, se révèle dépourvue de toute sculpture ! Le musée abrite une très riche collection de tapisseries flamandes.

Musée ethnographique et Musée municipal (surtout) complètent le panorama, en permettant de se replonger dans la Zamora d’autrefois.

Le + de routard.com :

Les célébrations de la Semaine Sainte sont fort renommées à Zamora. Un musée lui est même dédiée, où sont exposés de multiples pasos (chars processionnels).

Salamanque, le bijou de Castille

Salamanque, le bijou de Castille
Salamanque - Plaza Mayor © Bruno Bleu - stock.adobe.com

Comment ne pas tomber amoureux de Salamanque ? Ville joyeuse, débordant de l’énergie de ses innombrables étudiants, ville dorée au cœur piéton classé au Patrimoine mondial, Salamanque est une bonne vivante dans un corps pétri par les siècles.

Son cœur bat autour de la vaste Plaza Mayor, baroque en diable, encadrée d’arcades (88 !), semée de terrasses, veillée par l’hôtel de ville et décorée de médaillons représentant tous les illustres de l’histoire locale. Le marché voisin est aussi bien sympathique.

La rúa Mayor court vers l’essentiel : l’Université, fondée en… 1218 ( !) mais rebâtie aux XVe-XVIe s, et les cathédrales. Les ? Eh oui, Salamanque en compte 2, l’une à côté de l’autre ! La nouvelle, déclinant tout le panel architectural du gothique au baroque, est remarquablement ornementée. Côté porte de Ramos, une surprise : lors d’une rénovation, les tailleurs de pierre ont ajouté là un diable mangeant un cornet de glace et… un astronaute !

Convento de San Estebán © milosk50 - stock.adobe.com

Et l’ancienne cathédrale alors ? Elle s’emboîte dans la nouvelle, façon poupées russes. Romane filant timidement vers le gothique (XIIe s), elle regorge de chefs-d’œuvre, elle aussi. En vedette : la Vierge de la Vega, sainte patronne de la ville, vieille de plus de 800 ans.

Reste à grimper aux tours (panorama), admirer le Ciel zodiacal des Escuelas Menores remontant à 1473, et la Casa de las Conchas, gothique, à la façade tapissée de coquilles et blasons.

Ajoutons une poignée de musées (dont la Casa Lis, consacrée à l’Art Nouveau), le cloître XVIe du Convento de las Dueñas et le Convento de San Estebán, bastion dominicain aux monumentales proportions — apprécié des cigognes, lui aussi.

Le + de routard.com :

Aux portes de la vieille ville, le río Tormes est franchi par un long pont romain du plus bel effet, encadré de verdure. Bonne nouvelle, il est réservé aux piétons.

Le meilleur de Castille-La Mancha

Tolède, la route de Don Quichotte, Cuenca… On vous fait découvrir le meilleur de la Castille-La Mancha, région au sud de la Castille.

Tolède, la métissée

Tolède, la métissée
Tolède © SCStock - stock.adobe.com

Tout en pavés, en escaliers et en panoramas, Tolède s’amarre à un puissant promontoire rocheux enveloppé par une large boucle du Tage, à moins d’1h (au sud-ouest) de Madrid.

Cité emblématique de la Castille, Tolède fut place forte romaine, capitale de royaume wisigoth, puis centre culturel de l’émirat de Cordoue. Sa prise par les chrétiens dès 1085 favorisa l’essor de la Reconquête et, plus tard, Charles Quint en fit la capitale de son Empire — le plus vaste du globe, alors. À plusieurs périodes, néanmoins, musulmans, chrétiens et juifs y ont cohabité, façonnant un univers métis empruntant au meilleur de chaque monde.

Bien sûr, il faut voir la fabuleuse cathédrale gothique. Si son maître-autel dégoulinant d’ors affirme le triomphe absolu du christianisme, le style mudéjar, empruntant aux motifs ornementaux maures, marque les plafonds de l’édifice… La sacristie, elle, vaut musée d’art avec des toiles du Titien, de Raphaël, Rubens, Goya et une série d’apôtres du Greco.

Actif à Tolède en plein Siècle d’Or, l’inclassable peintre y a vécu 30 ans (Museo del Greco) et réalisé, pour l’église Santo Tomé, son magistral Enterrement du comte d’Orgaz, mythe fondateur de la cité — sur lequel il s’est lui-même représenté (son fils, aussi !).

Tolède - monastère de San Juan de los Reyes © basiczto - stock.adobe.com

Dans la Judería, l’ancien quartier juif, se dressent encore 2 des 12 synagogues médiévales. Leur style ? Mudéjar tolédan. Idem au proche palacio de Fuensalida (XVe s) et à l’église San Román (musée de la culture wisigothe), ornée de superbes fresques romanes.

Même le gothique flamboyant du monastère de San Juan de los Reyes, voulu par les Rois Catholiques, révèle des influences mudéjares. Seul le colossal Alcázar coiffant la ville, siège du pouvoir durant deux millénaires, y échappe. Un poste d’observation rêvé.

Le + de routard.com :

L’ermitage du Cristo de la Luz, désacralisé, occupe une petite mosquée édifiée en l’an 999 — un petit oratoire, en vérité, aux élégantes arabesques en façade.

Chasse aux moulins sur la Route de Don Quichotte

Chasse aux moulins sur la Route de Don Quichotte
Consuegra - moulins et château fort de la Muela © JUANCARLOS - stock.adobe.com

Austères. À l’est de Tolède, les paysages de La Mancha, alternant haut-plateau sec moutonnant et affleurements rocheux, se font très austères. C’est sur ce territoire peu peuplé, froid l’hiver et étouffant l’été, que s’ancre la légende d’un chevalier errant et mélancolique, un peu fou : Don Quichotte. Où mieux qu’ici, dans ce pays venteux peuplé de moulins ?

Les premiers se découpent sur les crêtes de Consuegra : 12 d’un coup, remontant à la fin du XVIe s, tous blanchis à la chaux et au toit d’ardoise, tous enchâssés de leurs ailes et portant le nom d’un personnage du roman de Cervantès… Quelques-uns ont conservé leur mécanisme et l’un fonctionne encore pour la fête du safran (spécialité locale), fin octobre. L’ensemble appartint longtemps à l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, installé sur la même crête dans le beau château fort de la Muela, bastionné de grosses tours cylindriques (Xe-XIIIe s).

Mota del Cuervo © milosk50 - stock.adobe.com

Le pèlerinage sur les traces de Don Quichotte se poursuit vers l’est à Puerto Lápice (pour sa vénérable auberge figurant dans le livre), à Campo de Criptana (10 moulins), El Toboso (avec sa Casa de Dulcinea, du XVIIe s) et Mota del Cuervo (7 moulins de plus en brochette).

Au-delà, on rejoint Belmonte, veillé par un puissant château édifié en 1456… et restauré au XIXe s par l’épouse espagnole de Napoléon III, Eugénie de Montejo. Figuré dans le Caballero Don Quijote du réalisateur Manuel Gutierrez Aragón, ce fier édifice, ouvert à la visite, accueille désormais le championnat du monde de combat médiéval !

Le + de routard.com :

A Argamasilla de Alba, l’église San Juan Bautista abrite un tableau d’un élève du Greco représentant Don Pacheco, un chevalier du XVIe s atteint d’une maladie mentale — modèle supposé de Cervantès pour son Don Quichotte

Cuenca, au-dessus du vide

Cuenca, au-dessus du vide
Cuenca © Olaf Speier - stock.adobe.com

Le nid d’aigle d’Alarcón est coiffé d'unchâteau-parador dument crénelé, juché au fait d’un promontoire quasi-encerclé par les gorges du río Júcar. Une étape sereine avec sa poignée de ruelles empierrées et de maisons aux murs chaulés annonçant l’Andalousie.

À 1h de là au nord, le vieux Cuenca joue lui aussi les sentinelles depuis sa longue étrave rocheuse encastrée entre les profonds sillons du Júcar et du Huécar. Ses « maisons suspendues » à l’orée du vide et, plus largement, son architecture médiévale fortifiée, très bien préservée, lui ont valu d’être classé au Patrimoine mondial.

Catedral de Santa María y San Julian - Cuenca © Marco - stock.adobe.com

Tout là-haut, au cœur de la vieille ville (sacrée grimpette !), la grande Catedral de Santa María y San Julian témoigne de l’importance de ce bastion devenu cité royale et épiscopale après sa reconquête en 1177. Le gothique espagnol y prend racine dans une forme encore très normande... normal, le roi Alphonse VIII ayant épousé (et aimé) Aliénor d’Angleterre, fille d’Aliénor d’Aquitaine et sœur de Richard Cœur de Lion ! L’intérieur, composite, révèle plutôt les fastes du Siècle d’Or, avec ses chapelles et stalles Renaissance.

Tissées d’escaliers et de passages discrets — sinon secrets —, rues, ruelles et venelles dessinent un labyrinthe qu’aucune carte ne parvient vraiment à restituer. C’est ainsi en se perdant (un peu !) que l’on découvre les nombreux musées d’art moderne et contemporain de Cuenca, installés pour certains dans de vénérables édifices. Le Museo de arte abstracto, pour ne citer que lui, occupe 2 casas colgatas (« maisons suspendues »).

Le + de routard.com :

En rentrant à Madrid, il faut faire escale à Aranjuez, sorte de Versailles espagnol avec château (XVIe-XVIIIe s), jardins, relais de chasse néoclassique (Real Casa del Labrador), canal et fastueuses barques royales. Encore un site du Patrimoine mondial !

Fiche pratique

Retrouvez tous les bons plans, adresses et infos utiles dans le Routard Castille, Madrid en librairie

Pour préparer votre séjour, consultez notre guide en ligne Espagne.

Office national du tourisme espagnol

Comment y aller ? Se déplacer

L’aéroport de Madrid-Barajas est desservi plusieurs fois par jour depuis les aéroports de Paris et de province. Vols réguliers et low cost. La région est relativement bien desservie par le train (www.renfe.com), mais il vous faudra la plupart du temps transiter par Madrid. Des liaisons rapides avec l’AVE (le TGV espagnol) relient désormais la capitale à Tolède, Cuenca et Ségovie. Les bus sont un second choix et, là encore, la plupart des liaisons fréquentes mènent vers Madrid (peu de transversales).

Pour parcourir La Mancha, vous n’aurez d’autre choix que de louer une voiture (bon marché).

Quand y aller ?

En raison de l’altitude, la Castille connaît un climat assez frais, pour ne pas dire froid, l’hiver. Les chutes de neiges y sont régulières et l’on skie à moins d’une heure de Madrid…
Même au printemps, il peut encore faire froid (parfois encore moins de 10 °C après Pâques).
Tout cela s’améliore courant mai, avant que ne s’abatte le torride été espagnol. Les températures grimpent alors hardiment jusqu’à 35 ou 40 °C en journée, mais l’amplitude thermique reste importante (de l’ordre de 15 °C). L’automne est agréable et lumineux.

Où dormir ?

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Où manger ?

Les bars à tapas, rien que les bars à tapas ! En version traditionnelle ou modernisée, avec les grands classiques ou des préparations plus fusion, les bars à tapas sont une authentique institution espagnole.
On s’y paye un verre de vin ou une bière (bon marché) pour débuter la soirée et l’établissement vous offre une tapa pour caler un premier creux.
Libre à vous de poursuivre par d’autres tapas (1-2,50 € en général) ou par une ración plus copieuse. Les Espagnols, eux, passent ensuite au restaurant (mais là, les prix s’envolent)

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