Bonjour,
En principe aucun organisme officiel n’existe pour réaliser ce trajet (sauf changement, mon expérience date d’il y a deux ans), le fleuve étant apparemment considéré comme non-naviguable par les autorités françaises.
Seuls les piroguiers se transmettraient de génération en génération la connaissance extrêmement précise de la rivière pour se faufiler dans les seuls recoins praticables à certains endroits…
Nous nous sommes levés très tôt à Maripasoula (avant l’aurore : lever de soleil embrumé sur la jungle de l’autre côté de la rivière inoubliable) et avons attendu sur la rive que les piroguiers se montrent (sur une petite place où se tient un petit marché à côté du fleuve). Là nous sommes allé à leur rencontre et avons demandé à faire le trajet avec eux. Moyennant quelques cinquantaines d’euros par passager nous avons pu embarquer (heure de départ évidemment très très flexible)
Pour les routards en recherche de la précieuse authenticité du voyage, vous serez servis… N’ayant pas l’habitude de voyager comme ça, ce fut une des expériences les plus fortes de ma vie de voyageuse jusqu’à présent. Deux jours de traversée sous un soleil de plomb à entendre la musique de la langue bushi et contempler la beauté de la jungle de chaque côté de la rivière. Arrêts dans les petites échoppes des “chinois” plantées au milieu de nulle part côté Suriname pour acheter de la Parbo (la bière locale) et des chips de manioc… Y voir amarrer une autre pirogue dans lequel se trouve un puma fraîchement abattu et paniquer en voyant le propriétaire de l’échoppe le découper en morceaux pour en récupérer les griffes et les dents avant de jeter le reste à la rivière… Se faire inviter à dormir par les piroguiers dans un minuscule village bushinenge le long du fleuve où les femmes seins nus cuisent le manioc dans d’immenses poêles et où les enfants se lavent (et lavent vêtements et vaisselle) dans l’eau brune du fleuve. Leur apprendre dans un semblant de français mais surtout avec des gestes ce qu’est ce mystérieux appareil avec lequel je prends des photos du coucher de soleil (explosion de lumière) sur la rivière. Avoir un peu peur en voyant revenir de la jungle un habitant du village avec une machette. Poser son hamac dans la nuit noire en plein air sous un nid d’insectes pas très rassurants. Se faire réveiller à l’aube par le chant d’un oiseau bizarre donnant l’impression de faire ses gammes… Et terminer le voyage jusqu’à Saint-Laurent avec les quelques centimètres de peau non-protégés du soleil et des pluies tout-à-fait brûlés.
Si on est tenté par l’aventure, c’est à faire absolument, même si l’expérience diffère vraisemblablement d’une fois sur l’autre. Et si on a le temps, on peut rejoindre au sud de Maripasoula des villages amérindiens avant de repartir dans l’autre sens jusqu’à Saint-Laurent. C’est mon petit regret… Si vous tentez l’expérience, donnez-moi votre retour !