2 semaines d’aventures dignes du film “Indiana Jones”… et le Graal n’est pas loin. Muqeem Baig, enfant du pays et guide de montagne m’a guidée sur les sentiers escarpés, tortueux et mystérieux du Karakoram, cette chaîne de montagnes calée entre l’Indu Kush et l’Himalaya. Cette expérience, puissante et fantasmagorique, fut un voyage à la fois sportif et initiatique au coeur du Gojal, une région du monde encore peu connue de la civilisation occidentale. Si ses sommets ont conservé les traces de la route de la soie, ils restent encore peu foulés par les touristes occidentaux. Peu s’y aventurent, car les médias font un formidable travail de dissuasion. Quelques voyageurs, plus curieux que courageux (l’on fait preuve de courage que lorsqu’on a peur), passeront outre les recommandations du ministère des Affaires étrangères et feront le saut vers ce pays magnifique. Ô combien ont-ils raison. Ils découvriront alors un peuple souriant, accueillant et positif.
Outre le décor grandiose et majestueux de ces massifs montagneux avoisinant les 8000 m, j’ai pu rencontrer, grâce à Muqeem, les habitants de cette région. La culture wakhi fut pour moi une révélation. Originaire de Shimshal, petit village encaissé au fond d’une vallée et difficilement accessible, Muqeem m’a fait connaître quelques membres de sa famille (elle est très étendue), villageois, agriculteurs, bergers et guides de montagne. Leurs us et coutumes, leur rapport à la nature, mais surtout leurs valeurs profondément ancrées dans une tradition familiale et humaniste sont, pour toute âme qui poussera la curiosité jusqu’à cet endroit, une source d’inspiration et un modèle sociétal d’entraide résolument progressistes. Je voue un profond respect à cette population de religion ismaélienne riche d’un savoir-vivre et d’un sens de l’accueil qui vous font sentir l’un des leurs. L’Aga Khan, 49ème Imam de cette brillante communauté, y déploie plusieurs programmes de développement dans les domaines de l’éducation, la santé et l’agriculture tout en promouvant la rencontre et le dialogue entre les différentes confessions – et ses fidèles lui vouent le plus grand respect.
Muqeem m’a déployé une passerelle qui m’a permis d’accéder à son univers : celui où il a grandi, un monde dont les valeurs vous marquent à vie et vous apprennent à vous mettre dans la peau de l’autre. Car vous ne serez désormais plus le même. En tant que guide averti, il ne prend aucun risque inconsidéré mais vous fera vivre une expérience unique qui changera peut-être votre regard sur « votre » monde. Merci Muqeem, de m’avoir fait découvrir ce joyau : le coeur du Gilgit Baltistan, un cœur qui bat au sein d’une région dont j’ignorais encore l’existence il y a quelque temps.
Merci également à tous les acteurs qui ont rendu possible cette formidable aventure : Majid, fidèle chauffeur de Muqeem qui a su défier avec sang-froid les aléas de la nature. Monsieur Hasil Shah, ancien alpiniste de renommée et gérant du « Shimshal Tourist Lodge » où j’ai séjourné quelques jours. Je me souviendrai de ses fascinants récits d’ascension des sommets pakistanais. Merci à tous les membres de la famille de Muqeem, oncles, tantes, cousins, cousines, neveux et nièces qui m’ont chaleureusement accueillie chez eux et m’ont permis d’entrevoir le meilleur de ce pays. Bahut shukriya.
Allah hafiz. Je reviendrai.