En tant que grande fête chrétienne, Noël est, avec Pâques, un moment particulier pour toute la communauté “créole” - mot qui signifie catholique à l’Ile Maurice - ainsi que pour les grandes familles de blancs mauriciens, premiers habitants de l’Ile, qui ont importé d’Europe leurs traditions.
Il n’y a pas vraiment de tradition locale, mais des adaptations des traditions françaises.
Bien sûr, c’est comme partout sur la planète, il y a d’un côté la dimension spirituelle et familiale de la fête, et de l’autre la grande foire à la consommation.
Les grandes villes bruissent d’une agitation fébrile, et les vendeurs de rue s’activent pour vous faire dépenser votre argent, car on célèbre aussi à cette période le Nouvel An.
Dans toute famille, même la plus pauvre, chacun selon ses moyens, on prépare la fête en achetant des cadeaux, des vêtements neufs pour les enfants, de la nourriture et des boissons festives… On apprête et décore la maison. Le sapin était encore récemment une branche de filao ou un arbuste coupé dans les bois, garni de guirlandes. Maintenant, on achète des sapins cultivés.
Il y a rarement des crèches dans les maisons, mais plutôt dans les églises. On peut en voir une magnifique à l’aéroport, en descendant de l’avion, car les religions se côtoient sans trop de problème et ça ne dérange personne, du moment que ça fait marcher le commerce…
Mais pour les créoles, pour qui la pratique religieuse est essentielle, le plus important est la célébration religieuse.
La messe de minuit qui rassemble le plus de monde (certains y viennent de très loin) est celle qui est célébrée en plein air, sur le site de Marie Reine de la Paix, dominant Port-Louis et ses lumières. Dans chaque église, chorales et musiciens soutiennent la prière fervente des fidèles.
Au retour de la messe, les enfants déballeront leurs cadeaux. Il y a quelques années, il était d’usage qu’ils aillent montrer leur nouveau joujoux aux parents et voisins du quartier, qui leur donnaient un verre de sirop et une petite pièce. Dans les familles modestes, on rangeait le joujou le soir de Noël en haut d’une armoire, et il resservait plusieurs années !
Le lendemain, on pourra se rassembler entre familles et voisins, par exemple en organisant un pique-nique à la plage.
Au menu, carri ou plat créole… Bien que les mauriciens apprécient de plus en plus foie gras, le chapon et le chocolat auquel nous sommes accoutumés en Europe et qu’offre la grande distribution locale à cette période
L’imagerie traditionnelle de Noël - rennes, traîneaux, neige, bonnets de fourrure, décorations scintillantes - est présente à tous les coins de rue, et c’est un peu incongru en climat tropical. Mais on s’y fait.
Car Noël à Maurice se fête en shorts et robes à bretelles, en sirotant des boissons fraîches. Et ça c’est bien agréable !