Le Lot, côté villages

Autoire, le Petit Versailles du Lot

Autoire a pas mal de cordes à son arc. Ce qui n’avait pas échappé aux notables de Saint-Céré qui, au 17^e siècle, en avaient fait leur lieu de villégiature préféré, lui valant même le surnom de « Petit Versailles ».

Il y a d’abord sa décontraction atemporelle, sertie de pierres claires et de façades à colombages, de pigeonniers (forts marqueurs sociaux pour nos bons bourgeois du Grand Siècle), de placides manoirs (Colomb, Laroque-Delprat) et d’une jolie église, Saint-Pierre et Saint-Paul.

Son cadre ensuite puisque le village, en lisière du causse de Gramat, est environné de falaises, d’où tombe une impressionnante cascade (plus de 30 m). N’oubliez pas de crocheter par le rachitique château des Anglais, du moins ce qu’il en reste, écrasé par la roche.

Capdenac-le-Haut, village avec vue

Le dernier village peuplé d’irréductibles Gaulois ne se trouvait pas en Armorique, mais dans le Lot. Capdenac-le-Haut reposerait sur les cendres de l’Uxellodunum (théâtre de la dernière bataille de la guerre des Gaules, cité par Jules César lui-même).

Le village, qui porte bien son nom, perché sur une langue de terre à 110 m de hauteur, a su conserver sa grâce surannée. Son donjon des 13^e et 14^e siècles, ses remparts qui jouent à se faire peur avec le vide, ses fontaines (dont l’intrigante fontaine troglodyte dite… des Anglais) et sa pierre que l’on retrouve taillée en portail ou en fenêtre (géométriques remplages).

Prosper Mérimée ne s’y était pas trompé, voyant en Capdenac-le-Haut « l’un des plus beaux sites de France ». Les sportifs, eux, ne manqueront pas le circuit de randonnée qui l’embranche au village voisin, Lunan. 

Cardaillac, le Lot serein

Au jeu du beau miroir, Cardaillac doit sa renommée à sa pierre aussi chamarrée qu’abrasive et à ses deux tours médiévales (de l’Horloge, de Sagnes). Le village, baptisé du nom de l’une des plus puissantes familles féodales du Quercy, ressemble aujourd’hui à une belle endormie.

On déambule parmi ses maisons de grès blond, on se détend au pied de la tour de Sagnes et on se frotte au concept de « musée éclaté » qui fuit la concentration muséale et propose de découvrir une école hors du temps, une étuve à pruneaux ou un séchoir à châtaignes.

Loubressac, à la croisée des vallées

À  la croisée des trois vallées (Cère, Bave, Dordogne), encoquillé sur son promontoire rocheux, s’alanguit le village de Loubressac.

Il paraît sûr de sa beauté tardive après une guerre de Cent Ans qui le balafra sévèrement (occupé par les Anglais), grâce à l’harmonie de ses tuiles plates brunes et de ses pierres ocres, ses vues sur les vallées, son église Saint-Jean-Baptiste et ses maisons avec portes ogivales, chiens assis et volets colorés.

Georges Lautner le croquera ironiquement dans Quelques messieurs trop tranquilles (« parce qui s’passe jamais rien ici »), Robert Doisneau y traquera la « lumière la plus belle du monde ».

Carennac, béni des dieux

Toisant la Dordogne, le village de Carennac paraît béni des dieux. En 1047, l’abbaye de Cluny y fonda un prieuré. Aujourd’hui, l’église Saint-Pierre, entrelaçant styles roman (très beaux portail et tympan représentant Jésus et les 12 apôtres) et gothique (mise au tombeau dans le cloître construit au 15^e siècle) ou le château des Doyens (16^e siècle), restent des incontournables. En face, l’île de Calypso aurait inspiré à Fénélon son traité d’éducation, Les Aventures de Télémaque.

Saint-Cirq-Lapopie, le joyau du Lot

Indétrônable, implacable, imperturbable. Voilà Saint-Cirq-Lapopie. Ennobli sur son piton rocheux, au-dessus du Lot (100 m), le village déplie sa tranquille photogénie, exhaussée par son beau contraste (rivière-falaise), son fort, les ruines de ses trois châteaux (Lapopie, Gourdon, Cardaillac, encore eux !) et sa stoïque église Saint-Cirq-et-Sainte-Juliette.

Que de nombreux surréalistes, férus d’onirisme, aient élu domicile dans ce paysage de rêve ne surprend guère. D’ailleurs, connaît-on meilleure déclaration d’amour que celle d’André Breton, qui y acquit une ancienne demeure du 12^e et 13^e, « j’ai cessé de me désirer ailleurs » ? Façades en pierres, échoppes d’époque (peaussiers, tourneurs sur bois…), portes fortifiées et pas moins de treize bâtiments historiques. En contrebas, l’ancien chemin de halage s’étire de Bouziès à Saint-Cirq et ouvre une belle balade. Comptez 10 km aller-retour.

Rocamadour, plus près du ciel

Ah Rocamadour et son paysage fortifié ! Dans un cadre digne d’un récit d’Heroic Fantasy, on craint à tout moment de voir surgir au-dessus du canyon de l’Alzou dragons et griffons. Pourtant, rien à craindre, à part quelques embouteillages et un léger vertige du château, alors que la vallée de la Dordogne se détend, languide, à 120 m sous nos pieds.

Superbe symbiose architecturo-minérale avec ces constructions intrépides qui semblent se cramponner en étage à la roche. On se demande bien comment tout ça peut tenir… Mais on préfère chasser cette pensée et faire confiance aux bâtisseurs (et aux rénovateurs du 19^e s) qui ont fait de ce site une étape incontournable (et classée au Patrimoine mondial de l’Unesco) sur le chemin de Saint-Jacques. Et ce depuis le 12^e siècle.

Encore aujourd’hui, ils sont nombreux à se presser dans les sanctuaires de la cité mariale. Des jeunes filles en jupes plissées montent à genoux les 216 marches du grand escalier, de vieilles gens prient la Vierge Noire, des enfants jouent dans les ruelles sinueuses, d’autres lèvent les yeux sur l’épée Durandal que Roland aurait lancée jusqu’ici. Certains fuiront l’effervescence religieuse et touristique pour la grotte des Merveilles et ses peintures rupestres.

D’autres beaux villages du Lot

Si les six premiers nommés font partie des plus beaux villages de France, d’autres bourgs tirent leur épingle du jeu. On pense à deux gardiens de la rivière du Lot, Albas la Jolie et son jardin toscan et le moyenâgeux Puy-L’Evêque, mais aussi à Castelnau-Montratier (surprenants moulins et église de style néo-byzantin), à Martel (la ville aux sept tours) ou à Marcilhac-sur-Célé et sa pittoresque (quoique bien mal en point) abbaye bénédictine.