Les Landes secrètes

Les Landes secrètes
Littoral des Landes © iMAGINE - stock.adobe.com

Ah, les Landes ! Un superbe littoral, des plages à perte de vue, le soleil et les pinèdes… Au-delà de la carte postale appréciée de tous, ce département aquitain recèle quelques pépites aussi cachées que surprenantes à découvrir après la baignade. Des vaches qui semblent sorties des Highlands écossais à la fabuleuse histoire de l’hydravion, les Landes ont de quoi vous étonner. En voici trois exemples, à suivre cet été…

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Les Landes, au-delà des stations balnéaires...

Les Landes, au-delà des stations balnéaires...
Forêt des Landes © Aurélie Michel

Dans notre imagination, les Landes évoquent de grandes plages de sable fin et blond, à l’infini. On les visualise blotties derrière des étendues de dunes et des stations balnéaires réputées : Hossegor, Capbreton, Biscarrosse… Jusque-là, on a tout bon : la plage de la côte landaise s’étend sur 106 km, entre Tarnos (au sud) et Biscarrosse (au nord), répartie entre quinze stations balnéaires. Les Landes, ce sont aussi de grands lacs d’eau douce et de vastes pinèdes. Dunes, lacs, forêts… autant de milieux naturels qui ont une histoire, bien souvent méconnue. Justement, aujourd’hui, le pays landais nous dévoile son jardin secret.

Parmi les mystères à résoudre, tous ces pins, partout ! Ils recouvrent 70 % du département, faisant de lui le plus boisé de France. Pourtant, jusqu’à la fin du 18e siècle, les Landes n’étaient qu’étendues sableuses et marécageuses... Incroyable, non ?

Les grands lacs, aussi, ont leurs petits secrets. À Biscarrosse-Parentis, on devine le spectre de gigantesques hydravions, qui décollaient direction les Antilles dans les années 40... Voilà qui change du monstre du Loch Ness !

En parlant d’Écosse, on s’y croirait presque, par moment… surtout quand on tombe nez à nez avec une vache Highland, au détour du lac d’Aureilhan, près de Mimizan ! Vraiment, les Landes ont de quoi surprendre. Là, juste derrière les stations balnéaires.

Lac d’Aureilhan : des airs d’Écosse dans les Landes

Lac d’Aureilhan : des airs d’Écosse dans les Landes
Vache Highland © Aurélie Michel

Des Highlands d’Écossais aux Landes, il n’y a qu’un pas. Ou plutôt, qu’une vache : l’un de ces animaux aux longs poils et aux grandes cornes – un Highland cattle – a élu domicile tout près de Mimizan

Pour l’apercevoir, on se balade au lac d’Aureilhan. Connecté aux grands lacs de Biscarrosse-Cazaux-Sanguinet et de Biscarrosse-Parentis par un canal, il reçoit leurs eaux. Il est à son tour relié à l’océan Atlantique par le courant de Mimizan. Tous font partie du site Natura 2000 « zones humides de l’arrière dune des pays de Born et de Buch ». Cette zone protégée de 12 000 hectares, que les Landes partagent avec la Gironde, abrite une incroyable variété de milieux naturels : des landes humides, des prairies tourbeuses, des forêts dunaires et marécageuses, des roselières… 

Voilà qui ne dépayse pas tant que cela la vache Highland – un jeune mâle – qui pâture au bord du lac d’Aureilhan avec ses congénères. D’autres Highland cattles ? Pas du tout : des « marines landaises », une race locale sauvée in extremis de l’extinction. Cette joyeuse troupe n’est élevée ni pour le lait, ni pour la viande, mais pour la cause environnementale. Son rôle : entretenir les marais et sauvegarder la biodiversité de ces milieux humides (on parle d’écopastoralisme). Grâce à ces vaches, certaines espèces végétales font leur grand retour, comme l’iris des marais. Côté faune, on croise entre autres la loutre d’Europe et la cistude d’Europe (une petite tortue), des papillons (dont le très beau Damier de la succise) et, évidemment, de nombreux oiseaux.

Comme tous les lacs landais, le lac d’Aureilhan est propice aux balades à pied (bientôt, on pourra en faire le tour complet), aux activités nautiques, mais aussi à la pêche (au gros, notamment) ou à la chasse. Aux beaux jours, la baignade est très agréable (l’eau atteint les 24 °C). Et, sous les pieds, rien que du sable.  Les grands lacs landais sont nés de cours d’eau qui se jetaient dans l’océan Atlantique et qui se sont progressivement fait enfermer par les dunes.

D’ailleurs, le « combat » n’est pas terminé : le sable (et d’autres matériaux : feuilles, broussailles…) continue à gagner du terrain. En l’espace de quelques siècles, celui d’Aureilhan a vu sa surface d’eau divisée par trois ! Pour le sauvegarder, trois bassins dessableurs ont été installés au niveau des débouchés des cours d’eau (celui de l’Escoursse a engrangé, en 2015, 7 000 m3 de sable !).

Pour tout savoir sur l’histoire des lacs landais, il faut faire un saut au musée du lac, à Sanguinet, près de Biscarrosse. Cela tombe bien, on y monte de ce pas. Au lac de Biscarrosse-Parentis, une autre histoire nous attend : celle de l’hydraviation mondiale…

Biscarrosse, capitale de l’hydraviation

Biscarrosse, capitale de l’hydraviation
Musée de l'Hydraviation © Aurélie Michel

Une ligne aérienne entre les Landes et les Antilles, improbable ? Pas dans les années 40. À l’époque, on pouvait s’envoler pour Fort-de-France au départ de Biscarrosse à bord d’un hydravion ! De 1930 à la fin des années 50, Biscarrosse fut en effet un haut lieu de l’hydraviation en Europe. Elle a vu décoller quelque 120 hydravions gigantesques, surnommés « paquebots des airs » et pilotés par les plus grands, comme Saint-Exupéry ou Mermoz…

Pour découvrir cette épopée aussi méconnue que passionnante, passons la porte du musée de l’Hydraviation. Il en retrace l’histoire mondiale, du tout premier vol en 1910 par le français Fabre (eh oui, l’hydravion est une invention française !) à aujourd’hui. Unique en son genre en Europe, le musée a été créé en 1982 sur l’ancienne base Latécoère.

Latécoère, un nom à retenir : celui d’un industriel français né en 1883. Pierre-Georges de son prénom. C’est à lui que l’on doit la construction, en 1918, du tout premier avion à Toulouse, aujourd’hui capitale de l’aéronautique…

En 1930, il crée une base d’hydravion à Biscarrosse. Pourquoi Bisca’, alors petit village de résiniers ? Car son lac sud, Biscarrosse-Parentis, était idéal à tout point de vue : très grand, protégé des vents d’ouest par le cordon dunaire, composé d’eau douce (cela abîme moins les matériaux), pas très loin de Toulouse et tout près de l’Atlantique. Construites à Toulouse, les pièces colossales des hydravions Latécoère étaient acheminées jusqu’à Biscarrosse par la route. À chaque fois, un véritable événement !

Latécoère, visionnaire, n’avait qu’une idée en tête : transporter du courrier par avion, jusqu’en Amérique. Bingo : c’est à bord du Latécoère 28 que, le 13 mai 1930, le pilote Mermoz effectue la toute première liaison aéropostale transatlantique, entre Saint-Louis au Sénégal et Natal au Brésil (22 h de vol).

Quand Air France décollait de Biscarosse...

En 1940, une autre hydrobase voit le jour : celle des Hourtiquets. Elle ne fut opérationnelle qu’après la guerre, en 1946. Et devinez quelle jeune compagnie l’utilisait ? Air France ! À partir de 1947, celle-ci reliait Biscarrosse à Fort-de-France grâce au Latécoère 631. Ce colosse de 58 m d’envergure aux 6 moteurs était alors le plus grand hydravion de l’époque. Il transportait une quarantaine de passagers. Prix du billet : l’équivalent de 10 000 euros !

Peu à peu, l’hydraviation s’essouffle : en 1948, un Laté-631 se perd en mer avec tous ses passagers. Et puis la Seconde Guerre passe par là : « grâce » à elle, les avions terrestres connaissent alors de belles avancées. Les deux bases ferment à la fin des années 50 ; celle des Hourtiquets appartient désormais à l’armée.

Aujourd’hui, Biscarrosse fait plus que jamais revivre l’hydraviation : à travers son musée, son centre de formation ouvert en 2012 et ses deux structures qui proposent des baptêmes (Aquitaine hydravions et Vol des aigles). Ce n’est pas tout : tous les deux ans, elle accueille un grand rassemblement international d’hydravions. Un rendez-vous à ne pas manquer si on veut voir voler des légendes, comme le Catalina DC3 ou le Beaver !

Autre temps fort, cette année : le musée vient tout juste de compléter sa collection d’hydravions (malheureusement, pas l’ombre d’un Latécoère, tous disparus avec le temps) avec l’un des derniers exemplaires du Grumman Albatross HU-16A, rénové minutieusement pendant 2 ans. Véritable emblème du secours en mer, cet hydravion américain de très grande envergure (15 m) a volé pour la première fois en 1947 !

Aujourd’hui, l'hydraviation se résume essentiellement au secours en mer et à la lutte contre les incendies. En France, on fait appel aux Canadairs, basés non pas à Biscarrosse, mais dans le Sud-Est, à Nîmes. Dans les Landes, les hectares de pins maritimes ont vite fait de partir en fumée… allons les voir, ces forêts, justement !

Derrière les pinèdes des Landes, les dunes…

Derrière les pinèdes des Landes, les dunes…
Sentier de découverte de la Maillouèyre © Aurélie Michel

Symbole des Landes, le pin maritime est ici omniprésent. De vastes forêts bordent les routes, transformant le moindre petit trajet en voiture en grand voyage. À gauche, à droite, à l’horizon : des pins et encore des pins. Seulement voilà : ces incroyables pinèdes n’ont pas poussé d’elles-mêmes, comme elles le laissent croire… Elles ont été plantées !

Jusqu’à la fin du 17e siècle, les Landes ne sont que sable, marais et marécages. Des terres on ne peut plus hostiles pour l’homme.

Plusieurs solutions vont être progressivement trouvées pour contenir tout ce sable. Au début du 19e siècle, on boise les dunes, pour en fixer le mouvement et empêcher le sable d’envahir l’arrière-pays. Pour ce faire, on choisit une essence locale : le pin maritime (il en existe bien d’autres : chênes verts, arbousiers, genêts...). En 1857, Napoléon initie l’assainissement des marais (grâce à un réseau de drainage) et le boisement des terres.

Résultat, aujourd’hui : le massif des Landes de Gascogne s’étend sur 1,2 million d’hectares, à cheval sur les Landes, la Gironde, le Lot-et-Garonne et la Dordogne. Siècle après siècle, décennie après décennie, les hommes s’en occupent : ils plantent, entretiennent, élaguent… Quand ils atteignent la quarantaine, ils sont coupés et laissent place à la jeune génération. Le bois sert à fabriquer des meubles et du papier, la résine file dans des produits d’entretien…

Plus que jamais, la forêt demeure un bouclier protecteur : contre l’érosion, contre le CO2, contre les pluies qui engorgent les sols… mais, surtout, contre les dunes, qui ne pensent qu’à gagner du terrain ! Ces quantités de sable sont amenées sur le littoral par l’océan, puis le vent en fait son affaire... Au plus près de l’océan se trouve la dune « blanche », où la végétation se fait très rare. Seul l’oyat (roseau des sables) résiste et joue un rôle très important : il fixe le sable. On trouve ensuite la dune grise, plus stable et plus végétalisée que la blanche, puis la dune boisée, où sont plantées les pinèdes, qui craignent énormément le feu (dans les années 40, la moitié du massif est parti en fumée !).

Après la théorie, la pratique : pour découvrir et comprendre l’origine des paysages landais, on se rend notamment au sentier de découverte de la Maillouèyre, dans la forêt domaniale de Mimizan. Ce parcours de 3,6 km nous mène de forêts en étangs, avant de nous catapulter tout là-haut, sur la dune blanche. La vue y est époustouflante. D’un côté, l’océan Atlantique… à perte de vue. De l’autre, la pinède… également à perte de vue. Et droit devant ? Le cordon dunaire… lui aussi à perte de vue !

Fiche pratique

Retrouvez tous les bons plans, infos pratiques et adresses dans le Routard Bordelais, Landes, Lot-et-Garonne

Consultez notre guide en ligne Aquitaine

Office de tourisme des Landes

Office de tourisme de Mimizan

Office de tourisme de Biscarrosse

Comment y aller ?

- En voiture : depuis Bordeaux, compter environ 1 h 30 de route. 
- En train : pour Biscarrosse : Paris-Ychoux ou Arcachon (gares les plus proches de Biscarrosse, à 20 min de route). Environ 3 h 05 (via Bordeaux).

Si on ne loue pas de voiture pour rejoindre Biscarrosse, deux lignes de bus :

-Ychoux > Biscarrosse : ligne XL’R 11 du lundi au samedi toute l’année

- Arcachon > Biscarrosse : ligne XL’R 46 le week-end et jours fériés (attention : seulement en juillet et août)

- Pour Mimizan : Paris-Labouheyre (gare la plus proche de Mimizan, à 25 min de route). Environ 3 h 15 (via Bordeaux).

Si on ne loue pas de voiture pour rejoindre Mimizan, une ligne de bus Mimizan – Labouheyre / Labouheyre – Mimiza (XL’R 13), en semaine, d’octobre à fin mai et tous les jours de juin à fin septembre

- En avion :   Bordeaux (aéroport international de Bordeaux-Mérignac) est relié à plusieurs aéroports français par Air France. Location de voiture à l’aéroport.

Pour les adresses d'hôtels et restos, lire notre idée week-end sur Mimizan et Biscarosse

Texte : Aurélie Michel

Mise en ligne :

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