Le cimetière est l’endroit le plus vivant du monde : il est peuplé de gens qui tentent de survivre…

Le Caire - Cité des morts
J’ai eu la chance de visiter quasiment tous les grands cimetières mythiques du monde. Les cimetières malgaches érotiques, les grands cimetières marins... Je suis toujours très ému par les cimetières juifs, la statuaire et la qualité de ciselage des bas-reliefs et des tombes y sont d’une richesse absolument époustouflante, renforcée du fait de l’holocauste, de la persécution des communautés juives en Europe. La plupart d’entre eux sont abandonnés, transformés en fondrière, en décharges d’ordure. Et malgré ça, il y a toujours une noblesse, une humanité, un pouvoir d’évocation qui se dégagent d’un peuple qui véhicule quand même une très grande civilisation.

l y a aussi des coutumes locales ou religieuses, par exemple celle des petits papiers au cimetière de Prague, c’est un héritage du Mur des Lamentations, les petits cailloux qu’on pose sur les tombes. Une façon de dire qu’on était passé et qu’on avait fait une prière, parce que les petits papiers dans le désert s’envolaient. Ce qui m’émeut le plus dans un cimetière, c’est l’aspect complètement intemporel, un lieu en dehors de la ville, qui a sa propre atmosphère, sa propre ambiance. C’est violemment inspiré, il y a plein de choses qui s’y passent. En fait, le cimetière est l’endroit le plus vivant du monde : il est peuplé de gens qui tentent de survivre, c’est génial ! C’est, paradoxalement, le dernier lieu qui donne envie de vivre. Quand je sors d’un cimetière, je n’ai pas envie de mourir, tout au contraire !

Tombe de Raspailt je rajoute, à la fin, l’humour. L’humour qui consiste à noter les télescopages de noms. Par exemple, à Montmartre, il y a une famille Sommier qui voisine avec la famille Pageot ! Au Père-Lachaise, Drumont, antisémite notoire, auteur de La France juive, tourne le dos à Stavisky, banquier juif honni dans les années 30 pour sa corruption. C’est l’incendie du Bazar de la Charité, qui a fait 89 victimes plus une, une femme qui avait dit à son mari qu’elle y avait fait ses courses alors qu’elle se sautait son amant. Donc le mari l’a tuée, faisant une victime de plus. Toute une série d’anecdotes de ce type-là, sans oublier les épitaphes, qui sont révélatrices à un moment donné d’une classe sociale, d’une période historique, d’un degré de culture… Il y a des épitaphes hilarantes, extraordinaires. Celles du XIXe siècle par exemple, où la femme n’était qu’un faire-valoir. J’ai noté dans l’album une épitaphe qui ordonnait à la femme de mourir pour qu’elle rejoigne le plus vite possible son mari. C’est d’un cynisme ! Et en même temps, c’est drôle ! Il faut savoir l’interpréter. Et, dans les mœurs actuelles, j’adore la dédramatisation des cimetières par les cultes manifestés à certaines vedettes. Au Père-Lachaise, il y a tout un endroit vivant, couvert de tags, de grafs, plein de couleurs, de poèmes, autour de la tombe de Jim Morrison.


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