Le 6 juin dernier, je me suis envolée à destination de Cuba pour deux semaines de voyage en itinérance afin de découvrir la plus grande île des Caraïbes. Cuba est baignée au nord par l’océan atlantique, au sud par la mer des Caraïbes et à l’ouest par le golfe du Mexique. Cette île est une ancienne colonie espagnole depuis sa découverte par Christophe Colomb en 1492 jusqu’en 1898. Depuis le réchauffement de ses relations avec les Etats-Unis en décembre 2014, les touristes affluent sur l’île pour la découvrir avant qu’elle ne change. En effet, Cuba est un peu coupée du monde et elle n’est pas victime de la mondialisation. Cela est dû à l’embargo des Etat-Unis à son égard depuis 1962.
Mon sac de routard sur le dos, je m’attends à être dépaysée et à me couper du reste du monde pendant deux semaines car l’accès à internet reste coûteux, long et difficile sur l’île.
Lorsque l’on pense à Cuba, on imagine directement les belles plages, les rhums, la salsa ou encore les cigares. Mais l’île a davantage à offrir car elle bénéficie d’une faune et d’une flore d’une grande richesse.
Campagne et montagne dans la Sierra del Rosario
Crédits photo: Lucie Martin
Le début d’un voyage dépaysant
Mon voyage commence à l’ouest de l’île dans la vallée de Viñales. C’est la campagne profonde cubaine où l’on croise des paysans vivant au rythme des saisons et des récoltes entre champs de tabac et champs de maïs. Nous découvrons la région en randonnant entre les mogotes qui sont une spécificité géologique propre à Cuba et aux Caraïbes. Il s’agit de collines de calcaire caractérisées par leur forme arrondie. La végétation est luxuriante. Elle contraste avec la terre d’ocre rouge des chemins que nous empruntons. Autour de nous, les Casas del tabaco (maisons du tabac) se succèdent. C’est à l’intérieur de ces maisons que les feuilles de tabac sont suspendues pour sécher entre 45 à 60 jours afin de passer du vert clair au marron. Le tabac est un pilier économique et identitaire de l’île. La technique d’assemblage et de roulage des différentes feuilles de tabac par les torcedores (rouleurs) fait partie de la culture artisanale cubaine et est transmise de génération en génération.
Dans la vallée de Viñales, les cigares sont fabriqués de la même manière depuis plusieurs générations.
Crédits Photo: Lucie Martin
Au cours des différentes randonnées, nous croisons des paysans machettes à la ceinture, chapeaux de cowboy vissés sur le crâne, assis sur un cheval ou encore conduisant une charrette avec des bœufs qui font partie de l’authenticité de la région. Le dépaysement est garanti.
Au cours de notre voyage, nous prenons nos repas chez l’habitant. D’une incroyable générosité et qualité, les tables sont remplies de plats variés. Le repas traditionnel se compose de chicharritas (banane plantain grillée en fine rondelles comme des chips), de crudités et de différents légumes cuits à l’eau comme du yuca (manioc) ou encore du malanga (sorte de topinambour antillais) assaisonnés à l’huile et à l’ail. En viande, on retrouve le poulet (pollo) ou le porc (cerdo) grillé ou émietté accompagné d’un plat de riz blanc et de haricots noirs. Les desserts sont rares dans la gastronomie cubaine. Le plus connu est la fruta bomba con queso ; il s’agit de confiture de goyave ou de papaye accompagnée d’une tranche de fromage. Un dessert très spécial. Moins prise de risque, on retrouve différents fruits exotiques comme l’ananas, la mangue ou la papaye… Côté cocktails, nous avons le choix entre le mojito typique sur l’île ou le daïquiri, mais aussi la piña colada. Le tout à consommer avec modération !
Chez l’habitant, les tables sont remplies de différents plats. Crédits Photo: Lucie Martin
Nous alternons randonnées mais aussi baignades dans les Cayo Levisa, Cayo Las Bruyas qui sont des bancs de sable blanc. Ces îlots sont loin d’être représentatifs de Cuba car leur accès est réservé aux touristes étrangers et aux Cubains y travaillant. Pour prendre le bateau, il existe encore des autorisations, des permissions à obtenir. La fuite des Cubains par la mer pour rejoindre la Floride ou encore l’Amérique du sud est redoutée par le régime castriste. Même avec le plus beau diplôme en poche, ils gagnent seulement en moyenne l’équivalent de 19 dollars par mois. Beaucoup souhaitent rejoindre les Etats-Unis pour gagner davantage avec le même diplôme.
Playa larga se trouve au fond de la baie des cochons au sud de l’île. Crédits photo: Lucie Martin
Trinidad, une ville hors du temps
Classée au patrimoine de l’UNESCO en 1988, Trinidad était la ville la plus plébiscitée de tout le groupe. Elle a su garder son authenticité.
Des calèches circulent dans les rues pavées de la ville, bordées de maisons aux couleurs pastel et à l’architecture coloniale. Dans les rues et sur les places de la ville des musiciens jouent des sons ensoleillés cubains. Trinidad dégage une atmosphère particulière. Elle invite à prendre le temps de l’admirer, de la vivre en flânant dans ses ruelles. Le temps semble s’être arrêté ici à l’époque coloniale.
Le temps semble s’être arrêté à Trinidad.
Crédits photo: Lucie Martin
Dans les rues pavées, nous croisons des quinceaneras. Autrement dit, des jeunes filles vêtues de robes extravagantes et maquillées qui célèbrent leurs 15 ans. Il s’agit d’un âge symbolique en Amérique latine car il représente le passage à l’âge adulte.
Au détour d’une rue, nous nous faufilons dans une école où tous les écoliers sont en uniformes. Pendant leur temps de récréation, ils se déhanchent sur des sons cubains ou regardent un dessin animé. Cuba a un taux d’alphabétisation de 99.91% en 2011 selon le rapport PNUD. C’est le pays qui investit le plus dans l’éducation.
Le jeu qui identifie le mieux les Cubains est le domino auquel ils jouent avec passion. Lorsque l’on joue aux dominos avec eux c’est très sérieux. Entre équipe et stratégie, le domino cubain est un véritable challenge.
Trinidad nous a tous séduits et transportés dans le temps.
Façades et rues pavées de Trinidad
Crédits photo: Lucie Martin
La musique et la danse omniprésentes
Elle rythme nos déplacements. Ceci n’est pas une légende, la grande majorité des Cubains ont la musique dans la peau. A chaque coin de rue de La Havane ou de Trinidad, on rencontre des musiciens qui se produisent sur une place ou dans les restaurants. Lorsque la musique commence, il est difficile pour les Cubains de rester assis. Ils sont habités par la musique et la vivent sur des pas de danses pour le moins lascive comme la salsa ou le reggaeton. C’est l’essence même de Cuba. Dans les taxis, les mêmes sons latinos défilent en boucle.
Nous finissons notre séjour en passant les derniers jours dans la capitale cubaine, La Habana. Dans toutes les rues défilent des vieilles voitures américaines toutes plus belles les unes que les autres. Elles y sont omniprésentes et sont le reflet d’une époque. Ici, les quartiers aux façades délabrées et presque en ruine côtoient les hôtels et les façades coloniales de toutes les couleurs. La pauvreté s’y fait ressentir.
Vieilles voitures américaines devant le Capitolio à La Havane. Crédits photo: Lucie martin
Dans les rues des villes, on retrouve des affiches, peintures, fresques à la gloire de la révolution cubaine notamment à travers la figure du Che omniprésente. « Hasta la victoria sempre » se lit sur les murs de toutes les villes.
Deux monnaies circulent à Cuba : le pesos cubain est la monnaie nationale réservé aux Cubains tandis que le peso cubano convertible est destiné aux touristes pour payer restaurants, hôtels, souvenirs…
Figure du Che Guevara dans la ville de Cienfuegos.
Crédits photo: Lucie Martin
En tant que touriste, Cuba a de quoi faire rêver avec la variété de ses paysages entre mer turquoise, montagnes et forêts à la végétation luxuriante, mais aussi avec l’ambiance si particulière de ses villes, la gentillesse et la générosité des Cubains. Il ne faut pas oublier que pour les Cubains rien n’a changé ici. L’état contrôle tout. Ils sont toujours soumis au rationnement pour se procurer les biens de première nécessité. L’île reste l’une des dernières dictatures communistes de la planète. Je suis tombée sous le charme de l’île mais plusieurs questions me préoccupent après mon voyage : à quoi ressemblera Cuba d’ici 5 ans suite à son rapprochement avec les Etats-Unis ? La dictature communiste en vigueur sur l’île prendra-t-elle fin ? Est-ce que Cuba parviendra à garder son authenticité ?