Extrait de Jeune Afrique n°2726 du 7 au 20 avril 2013, rubrique Littérature : Amanda Levi page 84 :« …Ce qui me marque, à Maurice, c’est ce besoin de consommation toujours plus flagrant, cette nécessité d’acquérir tous les apparats de la société matérielle et,du coup, cet écart qui se creuse entre les plus pauvres et les plus nantis, car la vie est trés chère.Ensuite, ce qui m’inquiète, ce sont ces communautés fermées qui se construisent : on invite les riches étrangers à acheter des maisons, mais dans des ghettos de luxe.Cela peut fausser la situation sociale, créer des tentations de vol, d’insécurité.Il y a à Maurice une violence latente qu’on ne perçoit pas forcément en tant qu’étranger.On a l’impression d’une grande douceur, que tout le monde vit trés bien ensemble, mais il y a des choses qui bouillonnent sous la surface.L’harmonie est superficielle, un peu mécanique pour que la société fonctionne. Mais trés profondément, dans les mentalités, il y a une forte méfiance envers l’autre.Selon quels critères ?Selon ce qu’on appelle à Maurice des communautés, qui peuvent être religieuses ou de race, entre hindous et musulmans, entre créoles et personnes d’origine indienne…Ou alors, à l’intérieur même de la communauté indienne, par exemple, il y a des clivages de caste ou de langue… »