Commencé par Sapa-Phong Tho, maintenant appelé PASO (les noms des bourgs du coin, c’est tout un poème vu que les zozotaurités ont changé tous les noms depuis que la superbe vallée du Lai Chau des français a été noyée sous les eaux d’un barrage ; donc l’ancien Tien Binh près de Sapa s’appelle maintenant Tam Duong, l’ancien Tam Duong est Lai Chau (moche !), Phong Tho, c’est Paso et le Lai Chau des Français, c’est Muong Lai.
PASO - SIN HO – MUONG LAI
A Paso, l’hôtel Lan Anh est impec comme toujours (de toute façon, il n’y a que ça, donc ….). Le lendemain, Paso-Sin Ho pour la marché du dimanche (la belle route de montagne prend à gauche à 5 km à l’ouest de Paso) ; marché sympa mais pas facile de faire des photos des indigènes, ils n’aiment pas et en plus, la plupart des femmes ont leur casque de moto perché sur leur chignon, ça nuit à l’authenticité !) ; j’ai répéré un bon hôtel en face du marché, le Phuc Tho ; patronne très sympa ; 200 000 D.
Muong Lai, c’est curieux je m’attendais à ce que le gouvernement aient relogé les locaux dans des baraques en béton, mais il semble que les locaux aient démonté leurs maisons thaïes sur pilotis et les ont remontées au dessus de la ligne des eaux ; en tout cas, quelques bâtiments modernes et tout le reste, des vieille maisons thaïes. Désert gastronomique ! Arrivé à Muong Lai, j’ai décidé tout d’un coup de continuer sur Dien Bien Phu, où je n’avais pas mis les pieds depuis 8 ou 9 ans.
DIEN BIEN (PHU)
A voir pour se rendre compte de l’insondable bêtise militaire des généraux français après que de Lattre soit mort et Salan parti ; comme l’a dit Bigeard, « C’est pas une cuvette, c’est un pot de chambre » ; Les fameuses collines, ce sont des buttes dont la plus haute, Eliane 2, ne doit pas faire 300 m de haut ; il ne faut pas être Napoléon pour comprendre, en voyant les hautes montagnes couvertes de jungle à quelques kilomètres, que les viets allaient se cacher dedans et dominer de toutes parts nos positions. On se demande comment les français (enfin c’est beaucoup dire, il y avait plus de 10 races y compris des tahitiens et des malgaches !!!) ont pu tenir 57 jours de bombardement jour et nuit !
En fait, le scandale de la bataille est quadruple :
Contrairement à toutes les règles militaires élémentaires, les « Chefs » ont parachuté nos meilleures troupes, plus de 15 000 hommes, dans une cuvette au beau milieu d’une région complètement occupée par l’ennemi, donc sans aucune possibilité de les en sortir pour les ramener dans le Delta, sauf en cas de victoire française totale (et encore, il aurait fallu le faire par avion et ramener 10-15 000 par avion est un sacré problème logistique !).
N’importe quel stratège, même en chambre, sait qu’on ne s’installe jamais dans une cuvette ou vallée sans occuper les montagnes qui l’entourent ; or nous n’avions pas assez de troupes pour le faire. Le raisonnement était 1). Que le Vietminh n’oserait pas attaquer une position aussi forte car il n’avait que peu d’artillerie et aucun expert en la matière, ou, que s’il attaquait, il serait liquidé à l’intérieur de la cuvette 2). Que c’était une position offensive, la pensée étant que, de nos positions, nos troupes « rayonneraient autour » pour contrer l’ennemi. Or, bien avant la bataille, nos soldats « rayonnant » dans les montagnes avoisinantes étaient décimés au bout de quelques kilomètres de jungle et, encore pire, l’Etat Major français a été informé que le Vietminh amenait de l’artillerie lourde, et pratiquement tous ceux qui connaissaient ce que voulait dire se battre contre les viets dans la jungle signifiait ont tous donné le même avis : « évacuez tout par avion avant qu’il ne soit trop tard », mais l’Etat Major n’a rien voulu savoir ni écouter.
Enfin, le pire, quand la bataille a mal tourné, le Commandement a purement et simplement abandonné les troupes à leur sort, pensant que ce n’était que quelques milliers d’hommes et qu’il en restait 2-300 000 autres. Ils ont simplement oublié que c’était les seules troupes – parachutistes, légionnaires, et marocains - capables de se battre « à armes égales » contre le Vietminh.
Du champ de bataille, il ne reste rien à part le PC de de Castries et la colline Eliane 2 (appelée A1 par les viets) à gauche du grand cimetière Viet, où les tranchées ont été reconstituées …en béton (même les sacs de sable sont en béton). Pas de cimetière français, mais une petite stèle près du PC de de Castries, payée de sa poche par un ancien légionnaire, allemand en plus. Un peu après la colline A1, nouveau musée très bien fait avec de nombreuses photos avec légendes en viet, anglais et français (dans un bâtiment rond horrible). Je vous signale que tous les sites à voir (la colline Eliane 2 appelée A1 par les viets, le musée et le QG de de Castries) ouvrent de 7h à 11h et de 14h30 à 18h (entrée pour chaque 15 000 D).
Dien Bien (et non Dien Bien Phu), c’est l’incompétence des autorités du Tourisme dans toute sa splendeur ! Aucune carte de DBP, même dans les grands hôtels ; personne à 10h du mat’ au soi-disant office du tourisme (il faut d’abord le trouver vuq e personne ne sait où il est), aucun panneau indicateur les sites de la bataille (ah si, un, et un rigolo : les locaux appellent « de Castri » le général de Castries (prononcé « de Castres » en français), et il y a un panneau pour son QG indiquant « Di Ca To Ri » ; bon, pour le trouver, vous allez au petit marché le long de la rivière, traversez le pont en bois, allez tout droit et 1ère petite route à gauche).
Pour dormir, je me suis fait plaisir au nouvel hôtel A1 juste au coin de la colline du même nom ; bon, 500 000 D la nuit mais une fois de temps en temps, ça ne fait pas de mal. Un tas de nha ngi sur la rue Nguyen Chi Thanh, parallèle à l’avenue principale Nguyen Giap, avec également de nombreux petits restaux ; DBP n’est pas un relais de gastronomes, ça en est déprimant! Avec mon grand nez, j’ai fini par en trouver un bon (le 2 soir car le 1er ….) sur Nguyen Chi Thanh, le Com Xo (recommandation : le poisson fumé et ensuite frit).
Je suis retourné au QG de Giap au village thaïe de Muong Phang ; Il faut savoir que, pour juger de la situation en toute clarté, Giap n’a jamais mis les pieds à DBP pendant toute la bataille ; il étudiait la situation de Muong Phang au reçu des rapports de ses officiers. la vallée est toujours aussi belle ; pour y aller de DBP, vous prenez la route de Tuan Giao et tournez à droite au panneau Muong Phang; une fois dans le village, vous prenez à gauche au T et le QG est au bout de la rue ; pour revenir à Dien Bien, vous ne reprenez pas la route allant sur celle de Tuan Giao mais continuez tout droit (il y a un panneau « Dien Bien 25 km ») ; jolie petite route de montagne , compter une bonne heure. J’y ai doublé des centaines de soldats viets super-armés en exercice ; une chose m’étonne toujours beaucoup au Vietnam, c’est la force prodigieuse de gens qui sont gros comme des fourmis enceintes ; certains types portaient sur leur épaule, en pleine chaleur, une mitrailleuse lourde ou un mortier de 120 mm comme si c’était un petit sac de plage, et au pas Commando en plus. Je préférerais ne pas les avoir en face de moi, ça ne m’étonne pas que les chinois aient pris une belle dégelée en 1975 !
Pour info, le bus direct DBP-Luang Prabang part à 7h30 (495 000 D).
MUONG THE
J’y suis enfin allé ; le bout du monde viet, à 92 km à l’ouest de Muang Lai par une bonne et belle route qui surplombe la vallée de la rivière Da (la « rivière Noire » des français). On arrive dans un village où tout le monde (Thais Noir et h’mong) vous regarde car les touristes ne se bousculent pas. Il y a un grand hôtel d’état, avec un accueil épouvantable, donc je me suis trouvé une petite nha ngi, la Ngoc Hong juste avant le marché (une 2e un peu plus bas, la Quyng Bao) – 200 000 D. Pour manger, le com pho binh danh habituel, on finit par en avoir marre !!!
J’ai continué un peu plus au nord, vers la frontière laotienne, au milieu de très beaux paysages de montagnes couvertes de forêt primaire. Du côté de Muong Nhé, accessible de DBP, le gouvernement est en train de développer un parc national de 75 000 ha (on dit que dans certains coins de la région, il y a encore des éléphants sauvages et des tigres).
Retour à Sapa et bus Sapa Express de 16h qui met 5h30 pour faire Sapa-Hanoi par la nouvelle route (avec arrêt d’une demi-heure pour diner dans un relais de gargottes où on ne mange pas si mal que ça). Grand bus super-confortable ; je ne prendrais jamais plus les trains de nuit !