Bonjour à tous,un de me petits-fils suit des études à Besançon. Lors d’une journée passée avec lui et les siens, j’ai souhaité leur montrer cet endroit qui reste à jamais ancré dans ma tête. Afin de retrouver l’adresse, j’ai tapé sur le clavier les mots ‘’préventorium besançon fontaine argent’’. Plusieurs fichiers sont apparus, j’ai ‘’cliqué’’ sur le premier de la liste et là, je suis resté abasourdi : 564 réponses s’offraient à moi.J’ai commencé à lire certains témoignages, mais l’émotion est très vite remontée et je n’ai pu continuer.C’était en 1953, j’étais dans ma cinquième année. Nous étions six enfants, je suis le troisième. Mon père, meunier de sa profession, avait contracté la tuberculose, évidemment absent de la maison (passant de l’hôpital au sanatorium).Nous étions trois à avoir subi une primo-infection et c’est ainsi que nous-nous sommes retrouvés en préventorium : une de mes sœurs (7 ans) et moi avons été conduits à Fontaine Argent et une autre de mes sœurs (3 ans) à Brégille (heureusement, pour cette dernière, le séjour n’a duré ‘’qu’un’’ mois).Bien sûr, je n’ai aucun souvenir des gens que j’ai côtoyé. Je me rappelle simplement de certaines contraintes.Je me souviens de notre embarquement dans la ‘’micheline’’, en gare de Dijon, où l’assistante sociale qui nous emmenait s’est ‘’ramassé’’ tous les coups de pieds que j’ai pu lui donner.Je me souviens des réveils lorsque ‘’la dame en blanc’’ remontait les volets roulants en bois et posait systématiquement la question :qui a fait pipi au lit?avec le moment d’angoisse que cela assurait jusqu’à la vérification de l’état. Certainement et heureusement peu enclin à ces ‘’accidents’’, je ne me souviens pas des ‘’suites’’ que les réponses positives à la question pouvaient engendrer.Je me souviens d’avoir vu l’exécution de l’empierrement de la voie montante et le travail du ‘’cylindre’’.Je me souviens du fourgon beige clair avec l’enseigne ‘’OLIDA’’ sur ses côtés, monter cette voie, ce qui augurait pour nous un peu de saucisson au repas. Ceci était très apprécié.Je me souviens du réfectoire avec une estrade (certainement aussi salle des fêtes) sur laquelle des adultes prenaient leurs repas en même temps que nous. Je me suis toujours demandé pourquoi ce rehaussement. S’il y a plus de monde que de place il suffit d’augmenter le nombre de services, non ? Etait-ce pour mieux marquer l’autorité?Je me souviens de cette abominable ‘’mixture’’, accompagnée de morceaux de tomates (servie si souvent que j’ai l’impression que nous ne mangions que cela), que nous appelions ‘’soupe de riz pas épluché’’ dans laquelle, effectivement, les grains perdaient leur écorce qui flottait dans le jus. Ce ‘’met délicieux’’ entrainait souvent des écœurements qui se transformaient évidemment en vomissements se propageant eux même, immanquablement, au voisinage.Je me souviens que, nausée ou pas, il fallait finir l’assiette.Je me souviens que lorsque ceci n’était pas possible, nous avions la fessée, sur l’estrade, devant tout le monde.Je me souviens que lorsque ceci se produisait, les grands nous avaient appris à baisser la tête pour justement ne pas regarder ce châtiment.Je me souviens que chaque soir j’allais voir ma sœur et, quand elle n’était pas punie, de chaque côté du grillage qui nous séparait, nous-nous racontions notre journée. Connaissant son caractère, nous a-t-elle tout dit ?Je me souviens qu’au bout de trois mois de séjour (sans avoir vu une seule fois mes parents), les ‘’intelligents’’ m’ont empêché de voir ma sœur et de lui dire au revoir, avant de quitter cet établissement. Elle a fait neuf mois de plus (sans beaucoup voir ma mère qui était seule pour élever six enfants, sans autre moyen que les allocations familiales).Je me souviens qu’après ce séjour au ‘’club de Fontaine Argent’’, ma mère a eu deux ou trois assistantes sociales pour l’aider (un peu). Toutes ont rendu leur tablier au bout de quelques jours tant je leur faisais la vie dure. Puis ma mère a renoncé à ces aides.Voilà, ce qui m’est toujours resté en tête. Je n’avais pas cinq ans !Toutefois, à la lecture de certains récits, je n’ai pas trop à me plaindre. Il y a eu pire et le nombre de réponses sur le site explique sans doute cela. A part les faits cités plus haut, je ne me rappelle pas de ‘’brimades’’ particulières. Toutefois, je me dis que pour garder un tel souvenir, aussi jeune, cela n’est pas gratuit.Je ne sais pas si cela est dans ma nature ou si c’est une réaction due à ce séjour, mais, j’ai horreur que l’on face du mal à un enfant. Gamin, j’ai souvent pris la défense de certains. J’ai horreur que l’on me parle de foyer de l’enfance, d’internats, même de garde alternée ou autre convenance imposée.Autres choses encore :au risque de surprendre, je n’aime pas cette ville de Besançon … que je ne connais que très peu … mais que je trouve aussi très austère …je n’aime pas la soupe …en 1955, j’ai passé trois mois à Choye, comme d’autres à priori (durant ce séjour, une seule visite de mon père, toujours en traitement),Je n’en ai jamais voulu à mes parents. Je savais que ce n’était pas de leur faute. Bien au contraire je suis reconnaissant de ce qu’ils ont fait pour nous … et dans quelles conditions …Axel.