J’habite dans les Alpes, et moi aussi je suis énervée quand je vois un sentier “fermé” par une mairie ou l’ONF pour des questions de soi-disant dangerosité. Surtout quand aux abord d’autres sentiers, les mairies ont simplement apposé un panneau prévenant des dangers en disant aux gens de prendre leurs responsabilités… (comme quand on va grimper ou skier, on prend nos responsabilités, de même qu’on prend ses responsabilités chaque fois qu’on prend sa voiture).
Mais voilà : d’un lieu à l’autre, la population qui fréquente ces sentiers n’est pas la même.
Tel sangle (=sentier en balcon au-dessus du vide) de Chartreuse non connu du grand public est dangereux (par définition), sujet aux chutes de pierres et à la neige/glace. Mais n’y vont que les randonneurs aguerris, les autres ignorent le passage, il y a des croix pour orienter les randonneurs vers les GR. Très peu d’accident. Accès libre.
Mais tel sommet populaire voit défiler nombre de personnes qui ne savent pas marcher, encore moins bien s’équiper et prendre en compte les observations de terrain… pour éviter les nombreux accidents, la mairie interdit temporairement. Ca me hérisse, mais en même temps je comprends, et puis il y a mille autres endroits sympas à découvrir.
Et puis presque chaque fois que j’ai vu une interdiction en Isère, elle était justifiée, et temporaire : roches effondrées récemment et sentier pas encore sécurisé, roches friables suite aux incendies (je pense au Néron en 2003), etc…
Il y a 2 ans on a récupéré une randonneuse morte sous un sentier très fréquenté, elle a glissé et chuté 10 mètres plus bas, mais ce sentier n’a pas été interdit après : il n’y avait pas de raisons objective pour le fermer (pas de glace, pas de roches instables : elle a glissé voilà tout ! J’ai assisté à l’hélitreuillage, il n’y avait rien de particulier ce jour-là). Par contre on ferme régulièrement certaines routes du Vercors à cause des chutes de pierres (en voiture aussi on peut décéder suite à des chutes de pierres !).
Pour revenir aux Canaries que je connais pas comme l’Isère, je pense qu’ils ont la même démarche que chez nous concernant les zones hyper fréquentées. Et j’imagine que comme chez nous, il doit exister des topos très bien faits comme ceux de Pascal Sombardier pour découvrir les sentiers sauvages. D’ailleurs, si France a des références, je suis preneuse !
La seule interdiction que je ne tolère pas, c’est celle que nous obligent les chasseurs. La chasse est interdite en France tous les vendredis, super, les enfants sont à l’école ! Il y a 3 semaines un jeune de 20 ans a (encore) été abattu par un chasseur dans une zone pourtant fréquentée par des randonneurs (ils pourraient chasser ailleurs que dans les endroits très fréquentés!). Les Préfets et les Maires ne remplissent pas leur rôle d’assurer la sécurité du public en autorisant la chasse tout le week-end. Qu’on ait au moins un jour le week-end où on puisse se balader avec ses enfants sans risquer de se faire tirer dessus !
Mettre des panneaux “chasse en cours”, c’est se foutre de la gueule des 30 millions de randonneurs français (et touristes). Ne pas chasser un jour sur les deux que compte le week-end, c’est les respecter.
Et pourtant, j’aime la viande de chamois, je sais que c’est nécessaire de chasser certains animaux… mais la semaine fait 7 jours, qu’on pourrait se partager équitablement…
Pour finir, je citerai un guide français dont j’ai oublié le nom : “vous êtes peut-être un expert, mais l’avalanche, elle ne le sait pas”. Même le meilleur des guides peut laisser sa vie dans une zone qu’il connaît comme sa poche… j’ai eu quelques fois quelques frayeurs dans des coins que je connaissais par coeur… j’ai eu de la chance… les pierres qui tombent, les crevasses bien cachées, c’est les aléas… (tout comme en voiture on n’est pas à l’abri qu’un chauffard vous pulvérise… et pourtant on conduit tous les jours…)