Bonjour à tous et bonne année 2017 aux voyageurs 
Je suis allée à Ganvié il y a quelques jours pour du tourisme. Les conseils que j’avais lus dans le Routard m’ont été très utiles. En effet, Ganvié est toujours un haut-lieu de l’arnaque touristique, malgré l’encadrement - en apparence - du ministère du Tourisme. Je précise que je suis journaliste et que je vis au Burkina Faso voisin. J’ai donc l’oeil et l’expérience.
Voici en quelques mots ce qui s’est passé. Nous sommes arrivés à l’embarcadère et avons payé trois places sur une pirogue non motorisée. Le prix affiché a été respecté. Mais voilà, une fois sur le ponton, le guide, Isaïe Akpodji, nous dit qu’il n’y a actuellement pas de pirogue à rame. Soit nous attendons une heure qu’elle revienne de Ganvié, soit nous embarquons sur une pirogue motorisée disponible, avec deux autres touristes allemandes. Comment peut-on déjà nous vendre un service qui n’est pas disponible ? Je pense qu’il y a déjà là une partie de l’arnaque. En contrepartie, Isaïe s’engage à allonger la durée de la balade et à nous faire voir plus de choses. Nous acceptons.
La balade se passe plutôt bien mais est très convenue. Il ne s’agit que d’un tour superficiel dans la ville avec deux arrêts uniques - évidemment - aux auberges et leurs boutiques de “souvenirs”, remplies de produits non locaux et importés. Au deuxième arrêt, j’insiste auprès d’Isaïe pour voir autre chose et il consent, après négociation, à nous faire passer devant l’un des temples vaudou. “Mais on ne descend pas hein !”. Nous acceptons. Arrivés devant le temple, ou un sacrifice de chat et de poule venait d’être fait, un homme nous invite à decendre et nous fait visiter le temple avec grand plaisir (et sans nous rançonner, ce qui est plutôt agréable). Mieux, cet homme nous révêle la véritable identité d’Isaïe Akpodji : il est conseiller technique chargé des affaires touristiques, artistiques et culturelles à la mairie de Sô-Ava ! Isaïe est très gêné, il ne voulait pas nous le dire. Et pour cause, vous allez comprendre pourquoi…
Nous sommes de retour à l’embarcadère de Ganvié. Entre temps, nous avons sympathisé avec les deux touristes allemandes qui, elles-aussi, avaient payé deux places sur une pirogue non motorisée. En faisant un rapide calcul et en me référant aux prix affichés, je dis à Isaïe que nous sommes cinq sur une pirogue motorisée et qu’en conséquence, le site doit rembourser une somme aux Allemandes. Impossible. Isaïe s’emporte. Ces deux femmes ont donc payé 13 000 F à deux pour un service qui ne leur a pas été rendu. Elles auraient finalement dû payer 9 000 F. Isaïe enfin, attendait son gombo (son petit bonus) à la fin de la balade. Les guides prétendent qu’ils doivent se faire payer en plus du piroguier mais c’est faux. C’est indiqué clairement sur le panneau du ministère à l’entrée. “Tous services compris. Transport, guidage, visite”. Isaïe a ainsi demandé 5 000 F aux Allemandes. Puis, voyant que nous n’étions pas dupes de son manège, il m’a prise à part pour me dire de faire croire aux Allemandes que nous aussi, nous l’avions payé 5 000 F ! Imaginez notre réaction… Refusant d’être sa complice, j’ai expliqué la situation aux Allemandes, qui l’avaient par ailleurs bien comprise, et nous sommes tous partis.
Pour finir, je voudrais dire que le site est évidemment très beau. Mais ne profite financièrement qu’à ces guides de pacotilles et ces piroguiers sans vergogne. Il vaut mieux, pour l’heure, faire l’économie de la visite de ce site, le temps que le gouvernement partage plus équitablement les fruits du tourisme à la population de Ganvié.
Bien à vous,
Ludivine