La Norvège par André Poncelet

André Poncelet nous parle de la Norvège, un pays où il s’est rendu à plusieurs reprises pour le Routard.

Bruxellois, biberonné aux aventures de Tintin et de Bob Morane, André trace la route dès ses 17 ans. Après une carrière dans le livre, il participe au premier Routard consacré à son pays. Ciseleur de mots et arpenteur de méridiens, il n’a de cesse de communiquer ses coups de cœur tant pour les cités au riche patrimoine que pour les grands espaces.

Quelle est la place de la nature chez les Norvégiens ?

Beaucoup de voyageurs placent la Norvège dans le top 5 des pays à visiter. Avec environ 5 millions d’habitants pour une densité de 13 hab/km² et une géographie s’étirant sur plus de 1 700 km, il y a de la place pour tout le monde en laissant intacts les plus sublimes des paysages : littoral rocheux des ports du sud baignés de soleil en juin, larges fjords aux eaux sombres, sur fond de vergers en fleurs, églises en bois debout au pied de chutes impétueuses dégringolant des glaciers.

Les routes vertigineuses aux mille lacets sont équipées d’ouvrages d’observation conçus par les meilleurs architectes. Sans oublier les archipels des Lofoten et des Vesterålen avec leurs chapelets de sommets acérés montant la garde sur des villages aux cabanes rouges sur pilotis. Sur leurs rivages, des plages de sable blond baignées d’eaux turquoise évoquant celles d’autres latitudes…

Et au-delà du cercle polaire, là où paissent les troupeaux de rennes et les bœufs musqués apparaît le pays du soleil de minuit et des aurores boréales. Pour la touche finale tout en haut, on tombe sur le mythique cap Nord avec ses falaises abruptes, souvent noyées dans la brume.

Une façon originale de découvrir la Norvège ?

De Bergen à Kirkenes, à la frontière russe en doublant le cap Nord, la compagnie des Express côtiers Hurtigruten, propose l’une des plus belles croisières qui soit. Affectée au 20^e s au transport de marchandises et de passagers pour désenclaver les ports du nord, la compagnie y associe désormais une vocation touristique grâce à l’incomparable splendeur de son parcours. La flotte compte 11 bateaux, qui circulent continuellement entre 34 ports. On peut facilement combiner une croisière (assez chère) avec un séjour à terre en embarquant sa voiture. On peut aussi se contenter d’étapes plus courtes. Aux escales, le bateau s’arrête entre 30 min et 3 h 30, ce qui laisse le temps d’une visite. Réserver très longtemps à l’avance.

Une particularité du mode de vie norvégien ?

Si en semaine, les Norvégiens sont en bons luthériens, d’une sobriété à toute épreuve, le week-end, ils se lâchent et se livrent, tous âges et classes sociales confondus, à de véritables libations organisées. Pas question de prendre seulement un petit verre entre amis : malgré le prix prohibitif de l’alcool, la beuverie assez déglinguée y est de rigueur, tout en restant étonnamment exempte de violence. À l’heure de la fermeture des débits de boissons, tout le monde se dirige gentiment en titubant vers la station des taxis pour rentrer au bercail.

De quoi sont faits leurs idéaux ?

Jadis parmi les plus pauvres d’Europe, la Norvège a bénéficié de la corne d’abondance de la manne pétrolière. Elle figure en tête des nations au PIB le plus élevé par habitant et au sommet du classement mondial du développement humain. Les bénéfices du fonds souverain amassé grâce à cette rente sont gérés avec sagesse et réinvestis, dans une transparence absolue, en travaux d’infrastructure toujours respectueux de la nature, ou en contributions au programme des Nations Unies pour le développement.