L’ile est petite, certes, on se rencontre facilement, on se recroise parfois à des endroits différents dans la même journée, bref, si on ne vit pas cloitré dans son trou, on sait forcément qui tu es, ce que as l’habitude de faire et les gens que tu fréquentes. Ce qui n’est pas obligatoirement déplaisant lorsque tu croises régulièrement des gens que tu aimes bien. C’est souvent l’occasion par exemple de se dire tiens je vais acheter mes légumes à tel endroit et de croiser quelqu’un qui t’invite à passer boire l’apéro chez lui.
Moi je trouve ça plutôt sympa.
L’ile est petite mais on arrive sans problème à éviter ceux pour qui on n’a aucune attirance.
Je pense effectivement qu’il vaut mieux vivre dans un autre lieu excentré de son lieu de travail. Les regroupements de collègues impliquant une vie en vase clos. Et puis faire un peu de route pour se rendre au boulot n’est vraiment pas un problème. C’est un break qui amène un peu d’oxygène aprés une journée souvent chargée.
Nous ne sommes pas des fonctionnaires et pourtant nous avons essayé au début de nous “méler” a un groupe de profs, des gens qui se voyaient chaque jour au boulot, faisaient leurs courses ensemble, sortaient le soir ensemble, mangeaient ensemble etc … Mais nous avons senti rapidement une mise à l’écart volontaire car qu’on le veuille ou non nous n’étions pas du meme milieu social. C’est vrai que la prime est un facteur déterminant et puis nous nous sentions souvent à côté de la plaque lorsque les discussions tournaient autour de safari au kénya, de billets inter séjour, d’heures supplémentaires et d’achat de bateau. Donc nous avons rapidement abrégé cette tentative d’inclusion pour nous remettre à notre place c’est à dire au village mahorais.
Je sais qu’au lotissement m’zoungou de Tsingoni il y a une bonne ambiance entre les gens qui y vivent. Par contre j’ai assisté à des querelles de voisinage dans celui de Combani genre “Hé ton fils peut pas aller faire du vélo plus loin”, “et toi ton mari nous emm… avec sa tondeuse le dimanche matin” etc etc etc … Et dire que ces personnes ont fait le choix de venir à mayotte acceptant des conditions plus qu’honorables mais personne ne leur a demandé d’importer leur stress métropolitain. Personnellement je trouve cela dommage.
Que penser d’une jeune ado a qui les parents ont interdit qu’elle sorte du lotissement blanc ? Que penser de ces gens qui au bout de 4 ans de séjour ne savent toujours pas dire bonjour en shimaoré ? C’est sans doute cela qu’on appelle le cloisonnement.
Alors effectivement beaucoup de gens vivent entre eux sans doute par souci de protection, c’est rassurant, c’est plus confortable mais aprés … quelles leçons peut on en tirer ?
Ce ne sont surement pas des généralités car nous avons des amis dans l’association BEKAJI qui sont des fonctionnaires dont certains vivent en lotissement M’zoungous et sont trés ouverts à tout ce qui concerne Mayotte y compris ses locaux.
Vous ne pourrez pas empêcher les gens de parler et de vous juger. Mais hônnetement y a t-il réellement quelquechose ou quelqu’un qui puisse vous empêcher de corriger vos copies allongé sur une plage ou assis à une table de café ? Et même si ces gens là vous taxent de “touriste” ou de “poivrots”, est ce que votre séjour sera différent.
Vivez mahorais. Au moins vous vivrez cette parenthèse dans votre vie (celle de votre passage de 2 ou 4 ans) d’une manière enrichissante (sans faire de jeu de mot avec la prime). Et tant pis pour tous ceux (et croyez moi, ils sont nombreux) qui passent leur temps à râler, cracher sur les moeurs des locaux, regretter le bon temps des colonies et le confort de métropole etc … Ils ont utilisé mayotte comme on utilise un kleenex, mais leur passage est déjà oublié comme une poussière balayée par le vent.
Vous quittez la Guyane à contre coeur, mais vous pourrez vivre Mayotte comme une découverte. Ouvrez vos yeux et votre coeur et sans déconner vous ne pourrez pas passer à côté des portes ouvertes, celles que beaucoup de métro s’obstinent à voir fermées.
le site de l’asso : http://accueil-mayotte.monsite.orange.fr
Kwahéri na suku yangina tsena