Israël : Akko (Acre), la mythique Saint-Jean-d’Acre

Israël : Akko (Acre), la mythique Saint-Jean-d’Acre
Acre © Yury - stock.adobe.com

À 22 km au nord d’Haïfa et à 2h de route de Tel-Aviv et de Jérusalem, Acre (Akko) est l’un des endroits à ne pas manquer en Israël. Cette ville côtière a conservé, dans son cœur ancien, sa citadelle, ses remparts et son urbanisme datant de l’époque des Croisés quand elle s’appelait Saint-Jean-d’Acre. Mais, comme bien d’autres consœurs méditerranéennes, Acre, plusieurs fois millénaire, recèle des trésors patrimoniaux hérités de sa riche histoire, où se sont succédé (et affrontés) chrétiens, musulmans et juifs. Un fascinant voyage à travers le temps, à travers une cité vivante et humaine, qui n’a rien d’une ville-musée.

Que voir à Acre ?

Que voir à Acre ?
Vieille ville d'Acre © Florent Oumehdi

À 22 km au nord d’Haïfa, Acre (Akko) a vu passer nombre de peuplades, de civilisation et de têtes couronnées depuis plus de 3 500 ans… Demandez à Napoléon, qui aurait bien voulu la mettre en coupe réglée en 1799.

Acre tient une place à part dans l’Histoire, elle dont le nom changeant (Ptolémaïs, Akko, Akka ou Saint-Jean-d’Acre) est lié aux croisades médiévales. La ville, qui fut en effet la capitale du 2e royaume des croisés (1191-1291) jusqu’à sa conquête par les mamelouks, a su préserver ce passé riche et composite. Une forteresse bâtie par les Hospitaliers et un tunnel creusé par les Templiers bordent ainsi des vestiges de la période ottomane, dont la mosquée. L’Unesco ne s’y est pas trompé et a inscrit sa vieille ville au patrimoine mondial en 2001.

Souk d'Acre © karlo54 - stock.adobe.com

Mais on vous rassure, Acre n’a rien d’une ville-musée, loin de là. Son centre historique, souvent encombré, notamment dans son souk, reste grouillant de vie, et de chats, et l’on s’y perd volontiers dans son enchevêtrement de ruelles, entre souk, bains turcs, clocher et minarets hérités du riche passé de cette cité portuaire. De son côté, la ville nouvelle aligne, en retrait, les barres d’immeubles au fil de son littoral (plages pas très belles). N’hésitez pas à vous balader dans les rues d’Acre, après avoir découvert ses joyaux historiques.

Akko, près de 50 000 habitants, est l’une des cités les plus mixtes d’Israël, ce qui n’a pas toujours été sans heurts, les émeutes de 2021 ont durablement balafré la ville et ses habitants. Qu’importe, elle reste une alternative culturelle, historique et patrimoniale à Tel-Aviv ou Jérusalem.

Le + de routard.com :

Si l’essentiel du patrimoine d’Acre se trouve dans la vieille ville, la ville nouvelle, majoritairement juive, mérite un détour, ne serait-ce que pour visiter la synagogue Or Torah, érigée en 1954 en hommage à la synagogue de la Ghriba à Djerba (Acre accueille en effet une forte communauté originaire de Tunisie). Son originalité : elle est couverte de mosaïques du sol au plafond, qui racontent l’histoire du peuple juif, le sionisme, l’Holocauste, la création de l’État d’Israël…

La citadelle des Hospitaliers de Saint-Jean-d’Acre et l’Underground Prisoners Museum

La citadelle des Hospitaliers de Saint-Jean-d’Acre et l’Underground Prisoners Museum
Citadelle des Hospitaliers © Leonid Andronov - stock.adobe.com

En voilà une qui a gagné haut la main sa place au patrimoine mondial de l’Unesco : la citadelle des Hospitaliers, où se trouvait au XIIIe s le siège de l’ordre des moines-chevaliers qui administraient les hôpitaux de Jérusalem et de Saint-Jean-d’Acre. Ce sont les Hospitaliers qui accueillaient les pèlerins avides de terre sainte.

Édifice majeur de l’époque médiévale, la forteresse, après la chute de Saint-Jean-d’Acre en 1291, a servi de fondation à la ville ottomane et fut ensevelie au XVIIIe s par Al-Jazzar qui bâtit sa propre ville sur ses ruines.

Depuis les années 1990, la forteresse des Hospitaliers retrouve la lumière et son lustre d’antan. Salle des chevaliers, salle des prisonniers, salle des colonnes, salle des piliers, cour centrale ouverte (1 200 m²) éparpillent voûtes, arcades, croisées d’ogives et vieilles pierres de grès et en disent long sur l’organisation de la forteresse et la vie au temps des croisés. Un flash-back de presque un millénaire qui donne le vertige (audio-guide fortement conseillé). D’autant que seuls 5 % de l’ensemble auraient été exhumés.

Underground Prisoners Museum © Florent Oumehdi

Largement vautré sur cette forteresse, vous trouverez l’Underground Prisoners Museum. Sous les Ottomans, il accueillit les gouverneurs de la ville, des garnisons et un entrepôt d’armes. Durant leur mandat (1920-1948), les Anglais l’utilisèrent, eux, comme prison centrale et y incarcérèrent des activistes juifs de l’Irgoun, du groupe Stern (Lehi) et de la Haganah qui voisinaient avec des codétenus arabes.

Le musée, installé dans cet important lieu mémoriel d’Israël, retrace la lutte du peuple juif contre les Britanniques, lorsque ceux-ci occupaient la Palestine. L’évasion sanglante du 4 mai 1947, retracée avec beaucoup de libertés par Otto Preminger dans le film Exodus (1960), est détaillée dans une salle. Les cellules et la muséographie restent très austères.

Le + de routard.com :

À côté de la citadelle, le musée Okashi permet de découvrir l’œuvre éclectique du peintre Avshalom Okashi, une fierté locale qui s’installa en 1948 à Acre, où il vécut jusqu’à sa mort. Le musée est installé dans son ancien studio.

Les remparts et le tunnel des Templiers

Les remparts et le tunnel des Templiers
Remparts d'Acre © dudlajzov - stock.adobe.com

Que serait une citadelle sans remparts ? Ceux qui ceignent la ville ne datent pas des croisés. Ceux-là sont tombés il y a bien longtemps sous les catapultes d’Al-Ashraf Khalîl. Les fortifications d’Akko ont été maçonnées aux XVIIIe et XIXe s.

On vous conseille de partir du nord-ouest (de la Burj Al-Karim) et de les longer pour découvrir une douve à sec, plusieurs tours et bastions (Burj Al-Hadid, Burj Al-Kishle, Burj Sanjak, Burj Al-Sultan), la Marina d’Akko et la porte de la Terre qui date du XIIe s et marque l’entrée de la ville. Vous pourrez continuer, la mer dans le dos, et atteindre la Burj Al-Commander et la Burj-Mahmat.

C’est près de ce bastion que vous trouverez le Treasures in the Walls Museum, niché dans une ancienne garnison ottomane. Ce petit musée nous téléporte dans un bazar galiléen du XIXe s pour en découvrir les métiers et l’artisanat.

Du passage des Templiers à Acre, il ne reste plus grand-chose. Des histoires sanglantes et héroïques, quelques murs par-ci par-là et, surtout, un tunnel de 150 m (il en faisait le double), redécouvert accidentellement en 1994, qui jointoyait leur forteresse au port. Un sauve-qui-peut rapide et discret qui pouvait s’avérer fort utile.

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Passage secret des chevaliers pour rejoindre le port, mais aussi pour transporter les marchandises pour éviter les droits de douane, le tunnel est ouvert à la visite, mais mieux vaut ne pas être claustrophobe. Attention à la tête : sur une dizaine de mètres, la faible hauteur contraint à se plier en 2.

L’héritage d’El-Jazzar à Acre

L’héritage d’El-Jazzar à Acre
Bains turcs © Florent Oumehdi

C’est une success-story à la sauce ottomane (ou bosniaque) à faire pâlir tous les scénaristes d’Hollywood. Ou comment passer, en quelques décennies, d’esclave mamelouk à pacha de Saint-Jean-d’Acre… Pour ça, El-Jazzar (1722-1804), puisque c’est de lui dont il s’agit, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. Ou plutôt des armes tranchantes qui lui valurent le surnom éloquent de « Boucher ». En 1799, bien aidé par les Anglais, le natif de Stolac (Bosnie) repoussa les assauts de Napoléon.

Mais avant cet exploit, il avait recouvert de terre la forteresse des Hospitaliers pour y ériger son palais et fait construire des bains turcs, en service de 1780 à 1948. La vidéo introductive, qui en rappelle l’histoire, vaut à elle seule le déplacement tant elle est rigolote. Sinon, la récente restauration a rendu son éclat aux pierres, aux colonnes, au marbre et aux mosaïques. Dans la dernière salle, une vidéo revient sur les usages sociaux de ces bains.

Mosquée El-Jazzar © RnDmS - stock.adobe.com

Mégalo comme pas deux, El-Jazzar ne s’est pas arrêté à ces bains. Il lui fallait aussi sa mosquée El-Jazzar. Pétulante avec son dôme vert, son minaret et ses murs blancs, elle aurait été inaugurée, d’après une mention gravée sur sa façade, en 1781. Sachez que les colonnes de la cour intérieure ont été chipées à la ville de Césarée et que « le Boucher » et son fiston y sont enterrés.

Autre témoin de cette période certes despotique mais profuse en constructions remarquables, le caravansérail Khan El-Oumdan (auberge des piliers) accueillait les marchands de passage et leurs montures (dromadaires). En haut, les anciennes chambres, en bas les entrepôts. Encore une fois, les piliers de granit ont été pour la plupart « empruntés » aux villes alentour. La tour de l’Horloge qui marraine l’ensemble est plus récente. Les autres caravansérails, Khan A-Shawarda, Khan al-Shuna et Khan El-Franj, sont, eux, plus anciens.

Le + de routard.com :

Le ticket combiné qui vous permet de visiter la forteresse des Hospitaliers, les bains turcs d’El-Jazzar, le tunnel des Templiers, le musée d’art moderne Okashi, le Treasures in the Walls Museum, la synagogue Ramchal et le centre d’accueil des visiteurs (le ticket est à récupérer seulement ici) coûte 49 NIS (49 shekels soit environ 13,15 €).

Que voir dans les environs d’Acre ?

Que voir dans les environs d’Acre ?
Bahá’í Gardens © ollega - stock.adobe.com

Au nord d’Acre, à 10 mn en voiture, s’auréolent, autour de la dernière demeure et du mausolée de Mirza Hussein Ali (Baha’u’llah), les Baháí Gardens. Ce Persan est l’un des deux fondateurs du bahaïsme, une religion née en Iran à la fin du XVIIIe s. Comme leurs comparses d’Haïfa, les jardins (gratuits), qui combinent influences persane et européenne, sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco (2008).

À 6 km, toujours au nord, le Ghetto Fighter’s House Museum, un complexe de plusieurs bâtiments, est le tout premier musée de l’Holocauste, inauguré dès 1949 et retraçant l’histoire des Juifs au XXe s (surtout à partir de la Seconde Guerre mondiale). Douloureusement immersif, il revient sur la résistance dans le ghetto de Varsovie, la vie dans les camps (Historical Museum, 35 NIS soit 9,40 €) et le destin tragique des enfants juifs (Yad Layeled Museum, 25 NIS soit 6,70 €)

 

Grotte marine de Rosh © Hanikra vvvita - stock.adobe.com

À 30 mn au nord d’Acre, deux beautés naturelles attirent pas mal de monde : à la frontière libano-israélienne, les grottes marines de Rosh Hanikra (47 NIS soit 12,60 € tout de même) auxquelles on accède après un tour, très rapide, en téléphérique (plus grand dénivelé du monde) et une marche encore plus rapide et la grotte de Keshet, qui vaut pour l’arche naturelle qui l’enjambe.

Et si vous n’êtes pas repu de pierres centenaires, le château de Montfort, une œuvre des croisés, dispose ses pans de murs survivants sur une ligne de crête dominant la réserve naturelle Nahal Kziv tout comme la forteresse de Yehiam, plus au sud.

Fiche pratique

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Office national de tourisme d'Israël (en français)

Office du tourisme d’Akko

Comment y aller ?

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De Tel-Aviv, comptez 1h20 environ en train et 1h40 en bus.

Toutes les informations ici.

Adresses

Uri Buri : avec sa longue barbe blanche de pope grec, le self-made chef Uri Yirmias ne passe pas inaperçu dans les rues d’Akko. Dans son restaurant, Uri Buri, malmené lors des échauffourées de 2021, les poissons, les fruits de mer et les sauces aussi originales que goûteuses sont à l’honneur. Un régal qui a un prix… Mais qui les vaut largement.

 Doniana : avec une si jolie vue sur Haïfa, on aurait tendance à ne pas regarder ce qu’il y a dans nos assiettes. Ça serait dommage. Les calamars poêlés et le poulpe parfaitement assaisonné se tirent la bourre avec les côtelettes d’agneau et l’entrecôte. Mais celles qui les mettent tous KO, ce sont la cassolette de Doniana (crevettes, calamars, moules, crabes) et sa sauce à l’ail.

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Texte : Florent Oumehdi

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