1. Claude Lévi-Strauss
  2. Le point de départ
  3. Les premiers voyages au cœur du Brésil
  4. La grande expédition
  5. Paris-New York, New York-Paris
  6. Pour en savoir plus

Paris-New York, New York-Paris

De la jungle à la « drôle de guerre »

Quelques mois après être sorti de la forêt amazonienne, Claude Lévi-Strauss est mobilisé en septembre 1939 car la guerre vient d’être déclarée contre l’Allemagne. Agent de liaison avec les troupes britanniques du côté de la ligne Maginot, il ne cesse d’attendre l’ennemi comme tous les soldats français.

Quand les troupes allemandes arrivent c’est, on le sait, la débâcle. Il parvient au sud de la France, est démobilisé et trouve un poste à Montpellier. Mais très vite, les lois antisémites le rejettent du corps professoral. Tenté un temps de se replier dans la campagne cévenole où il a des attaches, il accepte finalement la proposition qui lui est faite de rejoindre la New School for Social Research de New York qui est en train de recruter des intellectuels français.

En route pour New York

Atteindre New York s’avère extrêmement difficile pour tous ceux qui veulent sauver leur peau en quittant la France occupée ou pétainiste. À Marseille, en 1941, Lévi-Strauss réussit à prendre un bateau qui a pour destination la Martinique. À bord, il a la surprise de rencontrer André Breton, l’un des chefs de file du mouvement surréaliste. Celui-ci est ravi de pouvoir discuter avec le jeune ethnologue au cours de la traversée.

De l’île française il passe ensuite à Porto Rico puis, péniblement, parvient à New York. Il y trouve un minuscule logement sur la 11e rue dans Greenwich Village. Enseignant la sociologie, il continue de perfectionner ses connaissances en ethnologie dans les bibliothèques, tout en fréquentant des exilés européens tels que l’artiste Max Ernst ou le compositeur Darius Milhaud, ainsi que Breton bien sûr. Avec eux, il court les antiquaires de la ville, toujours à la recherche d’objets exotiques rares. Les années passent et Lévi-Strauss en arrive à rencontrer de nombreux collègues ethnologues, de même que des maîtres de l’anthropologie tels qu’Alfred Kroeber, Franz Boas, Ralph Linton, Arthur Lourié et Ruth Benedict.

Il s’initie également à la linguistique, ce qui va lui être très profitable par la suite. Se sentant profondément Français – il est membre des Forces françaises libres -, il attend avec impatience l’occasion de rentrer chez lui, à Paris. Ce qu’il fait à la Libération. Mais en 1945, on lui propose de retourner à New York, cette fois en tant que conseiller culturel pour le compte de l’ambassade de France. De nouveau, il se replonge dans ses études, à mi-temps avec l’accord de l’administration. Aussi, c’est un homme de 40 ans, à la tête plus que bien faite, qui reprend le chemin de son pays natal en 1947

Un penseur universel

À partir de 1948 commence une carrière phénoménale pour Claude Lévi-Strauss. Toutes ses expériences de terrain et les connaissances qu’il a accumulées vont lui permettre de produire une œuvre qui marquera des générations d’intellectuels.

À l’origine de ses concepts on trouve ses nombreuses passions, précoces on l’a vu, pour la musique, la géologie, les mythes, les objets, la politique, la psychanalyse ou l’art. Tout cela est passé au crible du travail ethnographique mené chez les Amérindiens du Brésil et de la lecture de milliers de textes écrits par des collègues ethnologues ou d’autres savants. De cette fusion naît la grande idée que toute société humaine est basée sur des structures similaires, même si elles prennent des formes différentes selon que l’on soit d’ici ou là. Il crée ainsi une nouvelle forme d’humanisme, dégagé des préjugés sur la supériorité de la civilisation européenne par rapport aux autres cultures.

Vous trouvez cela banal ? Eh bien, c’est parce que, en des temps pas si lointains que ça, des gens comme Lévi-Strauss sont venus prouver cette vérité essentielle par leurs travaux.

Des livres fondamentaux

Chacun des ouvrages de Claude Lévi-Strauss aborde un sujet précis, mais incite le lecteur à suivre l’auteur dans des directions multiples : Race et Histoire (1952), Anthropologie structurale (1958 et 1973), La Pensée sauvage (1962), Les Mythologiques, série comprenant Le Cru et le cuit (1964), Du miel aux cendres (1967), L'origine des manières de table (1968) et L'Homme nu (1971), La Voie des masques (1975)…

Si nombre d’entre eux peuvent intimider le non-initié, souvent à tort, ce n’est pas le cas de Tristes Tropiques (1955), paru dans l’alors nouvelle collection « Terre humaine » dirigée par Jean Malaurie. Ce récit à la fois littéraire et scientifique relate ses expéditions chez les Amérindiens et se révèle être une réflexion introspective. L’auteur raconte l’ethnologue et inversement. Depuis sa sortie, le succès accompagne ce livre qui est devenu un grand classique sur lequel vous pouvez vous jeter sans arrière-pensée.

Post-scriptum

Les voyages, Claude Lévi-Strauss continue d’en faire à travers le monde durant les décennies qui suivent son retour en France. Pour rencontrer ses pairs et se faire honorer un peu partout, certes, mais aussi pour assurer une mission commanditée par l’UNESCO dans la région de Chittagong (actuel Bangladesh) en 1950. Cela dit, il ne se déplace plus maintenant à dos de mulet ou à bord d’une pirogue !

C’est à Paris que se déroule la seconde partie de sa longue vie. Résumons sa carrière : docteur d'État (1948), directeur de recherches au CNRS, sous-directeur du musée de l'Homme et directeur d'études à l'École pratique des hautes études - chaire des religions comparées des peuples sans écriture - (1949), professeur au Collège de France - chaire d'anthropologie sociale - (1959), cofondateur de la revue « L'Homme » (1961), membre de l'Académie française (1973). Il prend sa retraite en 1982.

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