1. Claude Lévi-Strauss
  2. Le point de départ
  3. Les premiers voyages au cœur du Brésil
  4. La grande expédition
  5. Paris-New York, New York-Paris
  6. Pour en savoir plus

Les premiers voyages au cœur du Brésil

Des escapades pour commencer

Claude Lévi-Strauss s’établit au 395 de la rue Cincinato-Braga à São Paulo. Tout comme ses collègues français, parmi lesquels figure le futur grand historien Fernand Braudel, il délivre des cours à l’université, fort du prestige que connaît la culture française à cette époque dans les milieux huppés du Brésil.

À part cela, comment devient-on ethnologue au fait ? Comme à son habitude, Lévi-Strauss dévore tous les livres qu’il peut trouver et se forme par lui-même. À présent, il va falloir passer à la pratique. Pour commencer, il explore la ville, déjà une grande métropole où, remarque-t-il, chacune des nombreuses communautés qui la peuplent occupe un quartier : les blancs par ci, les noirs par là, etc. Mais où sont les indiens ? « Les faubourgs en sont remplis, vous leur consacrerez vos week-ends » lui avait-on promis pour le convaincre de traverser l’Atlantique. Ils ne sont ni à São Paulo ni dans les environs de celle-ci comme il le constate en entreprenant des excursions dans la campagne en « ethnographe du dimanche ». Il faut donc aller plus loin.

Une excursion pour s’initier

Le jeune professeur prend la route en direction du nord de l’État du Parana. Il accompagne le chef de district du service de protection des Indiens, ce qui ne va pas vraiment aider l’apprenti ethnologue dans la réalisation de ses premiers travaux de terrain, étant donné le rôle imposant que joue le fonctionnaire auprès de la population indigène.

Mais peu importe, Lévi-Strauss découvre la jungle, ce qui est déjà beaucoup. Et puis voici « ses » premiers Indiens, à savoir des Kaingang. Il est un peu déçu, car le groupe rencontré n’est pas vraiment « sauvage ». Cela dit, il tire profit de ce qui s’avère être somme toute une initiation à la vie quotidienne locale, dégustation de larves d’insecte comprise.

Au Mato Grosso

Lévi-Strauss commence à piaffer d’impatience. Le temps passe et il n’a toujours pas réalisé de vrais travaux ethnographiques. C’est décidé : ce sera à la fin de l’année scolaire. Il prend d’abord la route pour la frontière paraguayenne où il découvre les Indiens Caduevo. Cet amateur d’objets exotiques est émerveillé par les céramiques que produit ce peuple, ainsi que par leurs bois sculptés ou leurs peaux tannées et peintes de motifs subtils. Il en acquiert un certain nombre dont une partie ira rejoindre les collections du musée de l’Homme. À chacune de ses étapes, il procédera à ces emplettes, pour son travail et pour l’institution parisienne.

Lévi-Strauss rejoint ensuite la frontière bolivienne à Corumba, puis gagne Cuiaba sur le Mato Grosso. Le chercheur commence à comprendre que la quête d’informations dans laquelle s’engagent les ethnologues s’accompagne de longs et éreintants trajets. La route est longue jusqu’au village Kejara où vivent des Indiens Bororo. Là, il a enfin le temps, même s’il est limité, de se mêler aux gens qu’il observe avec acuité. Un des constats les plus essentiels consiste pour lui à prendre la mesure de la complexité de leurs rapports sociaux, lesquels possèdent une logique très différente de celle qui organise le monde européen. Et pourtant, note-t-il en même temps, elle n’en est pas pour autant si éloignée que ça dans ses fondements. L’expédition a duré quelques semaines et fera l’objet de son premier article scientifique.

Intermèdes parisiens

En mai 1936, le Front populaire, qui associe socialistes, radicaux-socialistes et communistes, emporte les élections législatives en France. « Et si ma place était là-bas ? » se demande Lévi-Strauss. Mais il semble qu’il soit le seul à penser cela car ses anciens camarades, dont certains ont accédé à des postes importants, ne lui font pas signe, trop occupés qu’ils sont à changer la donne dans l’hexagone. C’est loin le Brésil…

La politique a sans doute perdu là un homme de valeur, mais pas le monde de la pensée. Le professeur fait un court séjour à Paris à la fin de l’année. Il y organise notamment une exposition sur ses recherches. Au printemps 1937, il revient à São Paulo et fait une excursion dans l’État de Goias auprès des Indiens Karaja. À la fin de l’année, il retourne à Paris afin d’organiser sa nouvelle expédition.

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La grande expédition

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