Fugueuse dès l'enfance
Née en 1868 d'un père républicain, anticlérical
et compagnon d'exil de Victor Hugo et d'une mère pieuse,
elle s'essaie dès son plus jeune âge à l'aventure en multipliant
les fugues, et attribuera ses accès de fièvre et de mélancolie à
ses parents qu'elle compare à " deux statues qui sont restées plus de cinquante ans en face l’une de l’autre aussi étrangères maintenant que le premier jour de leur rencontre, toujours fermées l’une à l’autre, sans aucun lien d’esprit et de cœur " Elle tire très vite les enseignements de ses
premières fugues : il faut se libérer du corps, le maîtriser par
des exercices physiques et des jeûnes… Ainsi, à 17 ans, peut-elle
partir de Hollande à bicyclette et atteindre Nice en une semaine.
Deux ans plus tard, nouvelle fugue : arrivée en Suisse par le train,
elle gagne l'Italie à pied par le Saint-Gothard avec pour tout bagage
les Pensées d'Epictète. Rattrapée par à sa mère, elle lui promet
de demeurer sédentaire jusqu'à sa majorité. Après avoir été diplômée du Conservatoire de musique, elle se lance dans des travaux sur la philosophie bouddhiste,
apprend le sanskrit, suit les cours sur le Tibet au Collège de France
et passe de longues heures dans la salle de lecture du musée Guimet
: " L'Inde, la Chine, le Japon, tous les points de ce monde commencent
au-delà de Suez… Des vocations naissent… La mienne y est née.
" Elle rêve de pays où les fugues sont longues et irréversibles ".
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