Faits et gestes

Monastère au Sikkim
© Stéphane Tabet

Le bouddhiste doit respecter les " trois joyaux " que sont Bouddha, sa doctrine (le Dharma) et sa communauté (la Sangha). Cette dernière est composée non seulement des religieux, moines et nonnes, mais aussi des fidèles laïcs, hommes et femmes.

Qui a déjà foulé le sol d'un pays bouddhiste a forcément vu déambuler des moines, le crâne rasé en signe de détachement, drapés dans leur robe carmin, orange ou safran. Les nonnes portent généralement la même tenue (et la même coupe de cheveux…), à l'exception de certaines religieuses thaïes vêtues de blanc ou birmanes vêtues de rose.

Originellement mendiants, les moines bouddhistes sont unis par le renoncement à toute propriété individuelle (ils ne possèdent en principe qu'un bol, quelques robes et objets usuels), ainsi que par l'observance de la vinaya, code disciplinaire composé de plus de deux cents règles ascétiques. Leur manquement entraîne des sanctions pouvant aller jusqu'à l'exclusion de la communauté.

L'entrée dans les ordres commence par un noviciat, suivi éventuellement par l'ordination définitive - même s'il est ensuite possible de retourner à la vie civile (on connaît des lamas réceptionnistes, directeurs de galerie ou réalisateurs de cinéma). Au programme du moine : méditation, étude et copie de textes sacrés, retraites, confessions, actions de grâce, cérémonies liturgiques… et travaux manuels (comme le jardinage dans les monastères zen).

On distingue généralement les contemplatifs, se consacrant à la méditation et aux textes sacrés, et les actifs, vivant " au cœur du monde ". Ces derniers ne font pas fonction de prêtre, puisque le bouddhisme n'a pas besoin d'intermédiaire, mais peuvent servir de conseils ou de modèles spirituels aux laïcs, en échange de dons (vêtements, argent, nourriture). Leur rôle d'enseignant est également important, notamment pour les enfants de familles modestes (pour qui l'entrée au monastère est un moyen d'accès à l'éducation).

Les fidèles laïcs se doivent eux aussi d'adopter un comportement éthique fondé sur le renoncement et la compassion. Les Birmans, par exemple, sont tenus de passer au moins une semaine dans un monastère. En Thaïlande, chacun travaille pendant un temps bénévolement à la construction ou à la réfection des temples. Pour progresser vers le salut, les pratiquants réalisent également des actions méritoires, comme l'édification de monuments bouddhiques et la subvention aux besoins des moines. Les Birmans consacreraient ainsi 10 % de leurs revenus à l'entretien des pagodes et des bonzes. Dans la tradition Mahayana, la prière tient également une place de choix, afin de s'attirer les bonnes grâces des bouddhas et bodhisattvas.

Quant aux femmes, Bouddha a longtemps hésité avant de les admettre dans la Sangha… Aujourd'hui encore, bien que considérées comme les égales des moines sur le chemin spirituel (elles pratiquent comme eux la méditation et l'étude des livres sacrés), les nonnes doivent se plier à des règles disciplinaires plus strictes et restent subordonnées à un monastère de tutelle, dont elles dépendent financièrement (la quête leur est interdite).

Maisons et objets

Le culte des reliques

La vénération des reliques est un fondement du bouddhisme, Bouddha lui-même ayant demandé à ses disciples de répartir ses cendres entre différents stupas, reliquaires symboles de sa totale extinction. D'où les hordes de fidèles qui tournent, tournent et retournent encore autour des stupas - à pied, sur les genoux, voire à plat ventre - pour le bien de leur communauté (paix, bonne récolte) ou leur salut individuel.

Avec leur forme hémisphérique héritée des tertres funéraires antiques, les stupas sont devenus les pièces-maîtresses du paysage bouddhique, dont les pagodes sont la version extrême-orientale. Dotées de caractéristiques architecturales différentes (accentuation de la verticalité notamment), elles remplissent la même fonction commémorative et, dans le Mahayana, reproduisent le même symbolisme cosmique.

Les temples, eux, sont des lieux ouverts de prière, de méditation et d'offrandes. Le wat thaïlandais constitue par exemple un véritable centre de vie socioculturel, regroupant édifices religieux (sanctuaire principal, reliquaire, salle des sermons), bâtiments réservés aux bonzes et halls " grand public " de rencontres et d'échanges. Au Vietnam cependant, le culte bouddhique se pratique dans les chua, sanctuaires entretenus par les bonzes, alors que les temples sont plutôt des oratoires dédiés à des génies ou à des héros sanctifiés.

Le culte des icônes

Bouddha eut beau dénoncer l'idolâtrie, ses fidèles n'en développèrent pas moins toute une imagerie, faisant partie de l'économie spirituelle de la pratique bouddhiste. Ces représentations ont d'abord été symboliques (aniconiques, comme disent les spécialistes) : trône vide, cheval sans cavalier, empreinte de pied, arbre de la Bodhi… puis sont devenues carrément figuratives, sous forme de scènes de vie ou de poses contemplatives. Si on connaît surtout un Bouddha méditant, assis en lotus, les yeux mi-clos et le sourire aux lèvres, on peut aussi le croiser debout ou couché.

Dans la tradition Theravada, les icônes servent essentiellement de supports de concentration, dans le cadre de la méditation. Puis elles sont devenues des moyens de rendre visible l'invisible, c'est-à-dire d'incarner la présence divine. Par le regard qu'il porte sur l'image, le fidèle participe à l'essence de Bouddha et s'en trouve purifié, voire porté à un niveau supérieur. Dans le Mahayana, tous les rituels sont d'ailleurs étroitement liés à la présence des icônes et à la visualisation des bouddhas et bodhisattvas. D'où l'importance peut-être de la photo du dalaï-lama aux yeux des Tibétains (dont la possession a été rendue strictement interdite par l'envahisseur chinois).

Dans le bouddhisme tibétain, les thangka jouent également un rôle majeur. Ces peintures, reproductions d'images sacrées, répondent à des règles strictes de composition et d'exécution : pas de place pour la créativité, le rôle de l'artiste est de reproduire fidèlement l'original, selon les instructions du code thangka. Tout compte : le format de la toile, les proportions, le dessin, les couleurs, les expressions… et ce, depuis quinze siècles ! Peinture de la transmission, créatrice d'un environnement favorable à la pratique, le thangka est aussi un moyen, pour celui qui l'exécute et celui qui le commande, d'accomplir une action méritoire et " gagner des points " pour son salut.

Quelques objets rituels

Moulins à prières
© Laurence Pinsard

Dans la droite lignée du tantrisme, le bouddhiste tibétain utilise tout un tas de supports qui le soutiennent dans ses prières et son cheminement spirituel. Les plus symboliques sont le vajra (foudre de diamant) et la ghanta (clochette). L'un, pourvu de griffes en ses deux extrémités, représente le principe masculin, les moyens d'atteindre l'Éveil, la compassion. L'autre, qui lui est souvent associé, représente le principe féminin et la sagesse inhérente à l'Éveil.

Pour prier sans y passer la journée, le fidèle tibétain a aussi inventé deux objets très malins : le moulin à prières et les drapeaux à prières. Le premier, sorte de hochet renfermant le texte du mantra sacré, débite quand on le tourne, toujours de gauche à droite, des Om Mane Padme Um à la chaîne (" Salut ô joyau dans la fleur de lotus "). L'autre, ribambelle de tissus imprimés multicolores (symbolisant le feu, la terre, l'eau, l'air et l'esprit) sème continuellement ses prières aux quatre vents. Et pour qui prie vraiment, il y a le mâlâ, rosaire permettant de compter les mantras récités (à égrainer de la main droite, s'il vous plaît).

Au Japon, les maîtres zen sont, eux, adeptes du chasse-mouches. Non pas que leurs temples soient infestés de bestioles, mais parce qu'il symbolise à la fois la compassion (puisqu'il permet d'écarter les insectes sans les blesser) et l'autorité spirituelle sur les disciples (la discussion ne pouvant débuter que lorsque le maître a levé son instrument).

Meeting points

Dès l'apparition du bouddhisme et sa propagation en Extrême-Orient, les pèlerins se dirigèrent vers l'Inde, dans le but de s'y procurer les textes sacrés. Puis les pérégrinations bouddhistes prirent une tournure plus commémorative et mystique, centrée sur les lieux de vie de Bouddha. Les sites de passage des maîtres spirituels et des bodhisattvas continuent également de constituer une source d'inspiration pour les fidèles.

La vie du bon bouddhiste est également rythmée par les nombreuses fêtes de son calendrier liturgique. Au programme : cérémonies, danses, processions, illuminations, sorties de drapeaux, mandalas, statues de Bouddha et bodhisattvas… À tout seigneur, tout honneur, les plus grandes fêtes sont les anniversaires de la naissance de Bouddha, de son éveil et de son entrée dans le Grand Nirvana.

Quelques autres dates :

- En janvier-février, le nouvel an tibétain (Losar) et le nouvel an chinois ou vietnamien (fête du Têt).
- En avril-mai, le nouvel an bouddhique (Birmanie, Thaïlande) donnant lieu à une fête de l'eau.
- Aux équinoxes de printemps et d'automne, la fête de " l'autre rive ", symbole du passage vers le Nirvana (Chine, Japon).
- En juillet, la fête des ancêtres, équivalent bouddhique de la Toussaint (Japon), la commémoration du premier sermon (Sarnath, Inde) et le début du carême bouddhique, moment propice aux cérémonies d'ordination (Sri Lanka, Birmanie).
- En novembre, Phaung-Daw U, l'une des plus belles fêtes sur l'eau d'Asie du Sud-Est (Lac Inle en Birmanie), la fin du carême bouddhique, où les fidèles font don de nouvelles robes aux moines (Thaïlande, Birmanie) et la fête des lumières, commémorant la première fois où Bouddha est redescendu sur terre (Japon).

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