Philosophie ou religion ?

Pour les monothéistes, il est difficile d'imaginer une religion sans croyance en un dieu révélé, créateur et interventionniste. Or, selon la doctrine bouddhiste, il n'y a pas d'être suprême régissant le monde et les hommes, le sort de chaque homme est entre ses mains. Le bouddhisme peut donc être assimilé à une simple voie spirituelle, ouverte à tous - que l'on soit un musulman très attaché à sa religion, plutôt athée ou catholique au dernier degré. C'est le dalaï-lama qui l'a dit, alors…

Pourtant, il suffit de poser un pied en Asie pour comprendre le caractère culturel et religieux du bouddhisme. Autour de ses préceptes et de sa pratique, s'est fédérée une communauté de fidèles partageant une certaine vision du monde, une éthique, des règles de vie… Et tout un tas de croyances et de rites (apanage des religions).

Les fondements de la doctrine

Comme les autres religions indiennes (brahmanisme et jaïnisme), le bouddhisme puise sa source dans la croyance en un cycle incessant de renaissances (samsara), conditionné par les conséquences, selon leur valeur morale, de nos actes (karma). Ce qu'a donc cherché, et trouvé, Siddhârta, c'est le moyen d'épuiser le karma pour s'extraire à jamais du samsara et atteindre le nirvana.
La doctrine de Bouddha tient en quatre " nobles vérités ", énoncées dès son premier sermon. Primo, la vie est douleur : regret (de ce que nous n'avons plus), insatisfaction (de ce que nous n'avons pas), inquiétude (vu la fragilité de ce que nous avons)… Nous souffrons de notre attachement à des choses irrémédiablement éphémères. Deuxièmement, la source de la douleur est en nous, dans ces " soifs " de jouissance, de possession ou de contrôle, qui nous poussent à des actes ou des sentiments qui plombent notre karma et alimentent le cycle des renaissances. L'arrêt de la souffrance est donc lié à la cessation du désir. Pour atteindre l'Éveil, il faut se libérer des perceptions et des valeurs trompeuses, comprendre que rien n'a d'existence permanente - pas même l'ego - puis s'en détacher.

Pour cela, il existe un chemin, une voie " juste " répartie en trois disciplines clés :
- la moralité, fondée sur le renoncement, l'amour universel et la compassion envers tous les êtres (parole juste, action juste, moyens d'existence justes) ;
- la méditation (effort juste, attention juste, concentration juste) ;
- la sagesse, en tant que compréhension de la nature réelle des phénomènes (vision juste, décision juste).

Un ou des bouddhismes ?

Si tout le monde s'accorde à voir dans le bouddhisme une voie pour libérer l'homme de son ego et de l'emprise de la souffrance, les opinions des théologiens ont très vite divergé concernant l'interprétation de la doctrine et ses modalités de pratique. D'où l'apparition au fil des siècles de multiples écoles, réparties grosso modo en deux courants.

La tradition Theravada (voie des anciens)

Parfois appelée Hinayana (bouddhisme du petit véhicule), c'est la plus proche de la doctrine originelle. Aujourd'hui, 20 à 30 % de bouddhistes la pratiquent, principalement en Birmanie, au Sri Lanka, en Thaïlande, au Cambodge et au Laos. Selon elle, le Bouddha n'a pas de dimension métaphysique ; c'est un personnage historique, sans pouvoir d'intercession en faveur des fidèles. De fait, c'est à l'individu, et à lui seul, de travailler à son salut, afin de se délivrer de l'enchaînement de la souffrance et quitter définitivement le monde sensible à sa mort.

La tradition Mahayana (bouddhisme du grand véhicule)

Apparu au début de l'ère chrétienne dans la région du Gange, très vite propagé en Asie Centrale (Chine, Vietnam, Tibet) et en Extrême-Orient (Japon, Corée), il propose une version élargie du bouddhisme, sur le plan philosophique comme religieux.

Nous avons tous en nous - que l'on soit religieux ou laïc - le potentiel d'atteindre l'Éveil. Exit la recherche d'un nirvana extérieur à ce monde, réservé aux seuls moines ermites, la bouddhéité est vue comme inhérente à la nature humaine.
L'Éveil n'est plus recherché uniquement pour soi, mais pour les autres. L'idéal de l'arhat, œuvrant dans son coin à sa délivrance individuelle, est remplacé par celui de bodhisattva, être de pure compassion qui renonce au nirvana pour renaître et guider ses prochains vers le salut.
Bouddha prend une dimension métaphysique. Il n'est plus considéré comme strictement humain, mais comme la manifestation terrestre d'une bouddhéité une et transcendante. Il ne s'est pas retiré du monde, mais continue à intervenir sous différentes formes pour œuvrer au bien des autres.
La dévotion devient un des moyens de progresser vers l'Éveil. À une démarche purement intérieure et éthique, succède une véritable religion de salut, privilégiant la foi, l'action méritoire et l'hommage aux bouddhas et bodhisattvas.

En résumé :

Mahayana
Theravada
Réaliser en ce monde sa bouddhéité S'extraire définitivement de ce monde
Pour le salut de tous Pour son salut individuel
Via la compassion Via le renoncement
Culte d'une cosmologie divine Suivi d'une spiritualité athée
Importance du rituel et de l'action méritoire Importance de l'expérience intérieure

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