Iran : le zoroastrisme, ce grand méconnu

Iran : le zoroastrisme, ce grand méconnu
Ahura Mazda sur le Temple de Feu à Yazd © suronin - Fotolia

Ainsi parlait Zarathoustra, certes… Mais que sait-on au juste sur le zoroastrisme, qui fut la religion officielle de la Perse ? Enquête sur un pan essentiel et méconnu de la culture iranienne… et quelques précisions sur la situation des minorités religieuses en  Iran.

Les religions minoritaires en Iran

L'Iran, théocratie autoritaire, tolère paradoxalement (et relativement) les religions minoritaires. Dans la constitution issue de la Révolution islamique, des postes contingentés de députés sont même octroyés aux chrétiens (2), juifs (1) et zoroastriens (1).

Une liberté de culte toute relative, avec de sérieux bémols à la clef, dont voici quelques illustrations :

- certaines fonctions d'état sont fermées aux non musulmans.

- les obligations et interdits de l'Islam s'imposent à tous, sans distinction de croyance.

- le vin de messe est toléré du bout des lèvres, mais 80 coups de fouet ont été réservés en 2013 à 4 protestants qui avaient bu de ce vin là lors d'un office privé.

- un non-musulman ne peut épouser une musulmane et si une non-musulmane épouse un musulman elle est convertie manu militari à l'Islam.

- la conversion d'un musulman à une autre religion est passible de la peine de mort... Paradoxalement, d'ailleurs, de plus en plus de jeunes musulmans, saturés par la religiosité excessive, bravent cet interdit.

Le zoroastrisme, c’est quoi au juste ?

Le zoroastrisme, c’est quoi au juste ?
Tour du silence à Yazd © Emanuele Mazzoni - Fotolia

Cette religion monothéiste vénère Ahura Mâzda, créateur du ciel et de la terre. Le prophète en est Zarathoustra (Zoroastre chez les Grecs). En édictant ses 17 gathas (textes sacrés) qui opposent le bien au mal, la bonne pensée à la mauvaise, la vérité au mensonge, ce dernier aura inspiré du beau monde !

Par exemple, le fameux poème philosophique Ainsi parla Zarathoustra de Friedrich Nietzsche, auto-baptisé « le 5e évangile ». Richard Strauss s'inspirera de cet ouvrage pour composer sa pièce symphonique éponyme que Stanley Kubrick utilise dans 2001, l'odyssée de l'espace (mais oui, la scène où l'homme-singe découvre l'outil).

Cette religion n'est pas non plus étrangère à certains principes de la franc-maçonnerie. Ce n'est pas pour rien que dans l'opéra maçonnique de Mozart, La Flûte enchantée, le grand prêtre se nomme... Zarastro, représentant la lumière et opposé à la Reine de la Nuit qui soutient l'obscurantisme. Prenez le temps de relire, voir, écouter tout ça... on vous en dit un peu plus sur le zoroastrisme, religion méconnue, toujours vivace en Iran.

Le zoroastrisme, donc, remonterait à 1 voire 2 millénaires av J.-C. Il fut, des siècles durant, LA religion officielle de la Perse antique, jusqu'en 651 où le dernier roi zoroastrien sera assassiné. L'islam (s')étant imposé à tous, les persécutions débutent. Certains zoroastriens migrent alors en Afghanistan et en Inde et y constituent la communauté des Pârsis.

On dénombre aujourd'hui 250 000 zoroastriens de par le monde, dont 35 à 40 000 en Iran. À noter que, comme une revanche sur le temps, nombre d'Iraniens exilés suite à la Révolution islamique se sont convertis au zoroastrisme.

Et puis, en Iran même, certaines fêtes zoroastriennes demeurent très populaires dans toutes les autres communautés religieuses. Les 20 ou 21 mars, par exemple, Norouz (jour de l'an zoroastrien) est célébré par tous en Iran. Les musulmans font alors fi du calendrier arabe (lunaire), au profit du calendrier zoroastrien (solaire). Cela énerve passablement les mollahs depuis bien longtemps, mais ils ont échoué à faire disparaître cette pratique qu'ils qualifient de païenne. En 2010, l'Unesco a pour sa part inscrit Norouz à la liste de l'héritage culturel de l'Humanité.

Pratique originale de cette liturgie, le culte de la flamme sacrée, parfois préservée depuis 1500 ans dans les temples du feu. On en visite aisément à Yazd et dans les environs. Une autre pratique très spéciale (interdite depuis les années 1930 en Iran) consistait à placer le corps des défunts dans une tour du silence (Dakhma). Dépecés par les vautours, ils disparaissaient ainsi sans souiller directement ni l'eau, ni la terre, ni le feu (les os restant étant simplement jetés dans un puits). Aujourd’hui, ces tours tombent peu à peu en ruine (on en voit autour de Yazd, isolées sur leurs collines dans le désert). La pratique continue en Inde.

Ne pas rater : les temples du feu Ateshkadeh (dans Yazd) et de Chak Chak (70 km au nord de Yazd) et les tours du silence (à 10 km au nord de Yazd).

Judaïsme et christianisme en Iran

Judaïsme et christianisme en Iran
Eglise Vank à Ispahan © Leonid Andronov - Fotolia

Judaïsme

La présence juive en Perse remonte à la conquête de Babylone par Cyrus le grand (VIe s av J.-C.). Persécutés par le zoroastrisme, les Juifs virent d'un bon œil l'arrivée de l'Islam, en 642. Les siècles suivants enchaînent les persécutions, jusqu'à la fin du XIXe où les Juifs gagnent quelques droits. À la création d'Israël, beaucoup y migrent. D'ailleurs, Moshe Katsav natif de Yazd, en sera président de 2000 à 2007.

Depuis la révolution islamique, la vie des Juifs est émaillée de tracasseries. En 2000, à Shiraz, un procès condamne 13 Juifs à de la prison, pour espionnage (ils risquaient la pendaison). Ils seront finalement relâchés sous la pression occidentale.

La tenue d'un concours de dessins satiriques sur la Shoah (2006 puis 2015 et 2016), les positions négationnistes de l'ex-président Ahmadinedjad et l'antisionisme systémique de Téhéran ont par ailleurs des raisons d'inquiéter cette fragile communauté.

Elle a d'ailleurs fondu comme neige au soleil, passant de 85 000 âmes en 1979 à 26 000 aujourd'hui... Pas sûr qu'une plaque inaugurée à Téhéran en 2014 en hommage aux soldats iraniens juifs morts lors de la guerre Iran-Irak rétablisse la confiance des Juifs en leur avenir sur cette terre... Les voyages vers Israël se font toujours en catimini, via une escale pour brouiller les pistes, et en n'apposant pas directement le visa israélien sur le passeport, pour éviter les traces : on a dit liberté ?

Ne pas rater : à Hamedan, le tombeau d'Esther et Mordechaï.

Christianisme

On prête à saint Thomas les premières conversions chrétiennes en Perse. Une communauté qui a subi des persécutions sans discontinuer, depuis sa constitution.

Aujourd'hui, les 200 000 chrétiens iraniens sont répartis en plusieurs communautés, dont la moitié pour les seules église apostolique arménienne et église de l'Orient (Assyriens et Chaldéens). Non prosélytes, elles sont relativement choyées par le pouvoir musulman.

Quant aux autres églises, la chose se corse, avec de fréquentes persécutions pouvant aller jusqu'à la prison pour des motifs fantasques. Car les autorités musulmanes s'inquiètent de l'augmentation des conversions au christianisme et de l'émergence de nombreuses « églises maisons » pour pratiquer cette foi clandestinement en famille. Le chiffre de 450 000 convertis circule.

Ne pas rater : les monastères arméniens au nord-ouest de Tabriz ; l'église Vank et le quartier arménien à Ispahan

 

Pour en savoir plus

Consulter notre guide en ligne Iran

Lire notre reportage Voyage en Iran.

Texte : Fabrice Doumergue

Mise en ligne :

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