L’Égypte, voyage au fil du Nil

L’Égypte, voyage au fil du Nil
Félouques sur le Nil © Calin Stan - stock.adobe.com

« L’étude des mathématiques est comme le Nil, qui commence en modestie et finit en magnificence. » (Charles Caleb Corton)

Plus qu’un simple fleuve, le Nil est la raison d’être, l’alpha et l’oméga, la colonne vertébrale d’une des civilisations antiques les plus fascinantes qui soient : celle de l’Égypte. Civilisation rayonnante et solaire qui a cédé en héritage à l’humanité les fameuses pyramides, des temples monumentaux, des trésors, des rois embaumés dans leurs sarcophages et une écriture imagée unique.

Autant de merveilles à découvrir au rythme indolent d’une navigation que seul perturbera un ballet de felouques plein de poésie. La brise qui enfle leur voile blanche semble portée par un chant de muezzin venu des villages riverains…

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La face cachée des pyramides d’Égypte

La face cachée des pyramides d’Égypte
Pyramide de Guizeh © Pius Lee - stock.adobe.com

« La pyramide reste, et on la voit. Mais on oublie le pharaon. » (Uuno Kailas)

Rattrapées par les banlieues chaotiques du Caire, les fameuses pyramides de Guizeh, « du haut desquelles quarante-deux siècles nous contemplent », sont le point de chute de tout ce que l’Égypte compte de visiteurs. Tous les archétypes du tourisme de masse s’y bousculent : vendeurs du temple insistants, séquence « aventure » à dos de dromadaire, ballet permanent d’autocars (em)pressés…

Et pourtant, ces pyramides sont fascinantes. Les plus hautes servaient de tombeaux aux pharaons, les plus petites à leurs proches (reines, princes, nobles…). Initialement revêtues de plaques de calcaire blanc ornées de fresques colorées, leur forme symbolisait l’élévation vers le dieu soleil, Rê. Un sauf-conduit pour une place de choix dans l’au-delà.

Pyramide de Khéops et Sphinx © antonbelo - stock.adobe.com

La rive gauche du Nil est ainsi ponctuée de sépultures de ce type sur 280 km ! La plus ancienne (-2600 av. J.-C.) est la pyramide à degrés de Djéser, à Saqqhara (30 km au sud de Guizeh). La plus célèbre, la plus haute aussi (146 m à l’origine), est la pyramide de Khéops (-2500 av. J.-C.) : elle demeure la seule des 7 Merveilles du monde de l’Antiquité encore debout. Avec ses voisines la pyramide de Képhren (143 m) et la pyramide de Mykérinos (65 m), elles forment une nécropole unique.

Tout proche, taillé à même la roche de la carrière qui servit à leur construction, le Sphinx veille. Cet animal mythologique énigmatique excite les croyances les plus folles et divise les égyptologues. Qui était son commanditaire ? A-t-il le corps d’un lion ou d’un chacal ? Son visage est-il celui de Khéops ou de Képhren ? Pourquoi son nez est-il tronqué ? Le voir, sur fond de pyramides, permet assurément d’accomplir un rêve d’enfance.

Louxor, Karnak, obélisques et compagnie !

Louxor, Karnak, obélisques et compagnie !
Obélisque devant le temple d'Amon © spiritofamerica - stock.adobe.com

« Épousez un archéologue : c’est le seul homme qui vous regardera avec de plus en plus d’intérêt, à mesure que passeront les années. » (Agatha Christie)

Située en Haute-Égypte à 700 km au sud du Caire, Louxor est une escale importante dans la navigation au gré du Nil, à deux encablures du temple de Karnak, de la vallée des Rois et celle des Reines.

En marge du centre-ville, le temple d’Amon est un vestige de l’antique Thèbes, capitale de la Haute-Égypte de 1580 à 1085 av. J.-C. (ne pas confondre avec Thèbes en Grèce). Devant l’entrée, un obélisque haut de 25 m faisait face jadis à un second, plus petit de 2 m. Offerts tous deux en 1830 à Charles X par le vice-roi d’Égypte Méhémet Ali, le plus petit fut ramené à Paris au prix d’une longue expédition de deux ans. C’est le fameux obélisque de la Concorde.

Son grand frère, destiné à Marseille, ne fut jamais rapatrié, la cité phocéenne ayant rechigné à en payer le transport. Il resta ainsi planté comme un doigt de la République française en terre pharaonique, jusqu’à ce que le président Mitterrand le restitue officiellement à l’Égypte, en 1981.

Pylone du temple d'Amon © alipko - stock.adobe.com

Le reste du temple est joliment préservé avec un pylône massif devancé de statues colossales de Ramsès II, une grande colonnade et deux cours. Un ensemble tout à la fois monumental et harmonieux, magnifié à la nuit tombée par un éclairage bien réalisé. Anachronique, la mosquée Abu Gaggag s’est imposée en 640 à cet ensemble religieux antique, sur la base d’une église datant des Romains (300 après J.-C.).

Les temples de Louxor et de Karnak sont reliés par un majestueux dromos, une voie processionnelle longue de 2,5 km, bordée par 700 sphinx à têtes de béliers, dont une grosse moitié subsiste aujourd’hui.

Salle hypostyle de Karnak © zevana - stock.adobe.com

Le temple de Karnak est dédié à la triade thébaine : Amon, son épouse Mout et Khonsou. Classé au Patrimoine mondial de l’Unesco, il constitue l’ensemble religieux antique le plus étendu d’Égypte. On visite une seule des trois enceintes qui le constituaient jadis. C’est colossal. Grandiose. Gigantesque avec ses pylônes, statues monumentales, obélisques, lac sacré, sculpture de scarabée flanquée d’une légende (on vous expliquera sur place… tournez juste dans le bon sens !).

Point d’orgue de la visite, la merveilleuse salle hypostyle bâtie par Séthi 1er puis Ramsès II vers 1300 av. J.-C. se compose d’une forêt de 134 colonnes monumentales. Les chapiteaux papyriformes (en forme de papyrus, vous aviez saisi !) y chapeautent des fûts hauts de 24 m, d’une circonférence de 10 m, couverts de hiéroglyphes. Cet alignement de Karnak ferait pâlir d’envie Obélix et autres druides bretons !

À la vie, à la mort dans l’Égypte antique

À la vie, à la mort dans l’Égypte antique
Processus de momification © Matrioshka - Adobe Stock

Dans l’Égypte antique, la mort revêt une importance particulière, entourée de pratiques bien spécifiques. Les tombes des pharaons, reines et rois sont toujours placées sur la rive occidentale du Nil, là où le soleil s’éteint avant de renaître le lendemain.

La cérémonie funèbre est très codifiée : embaumé, le corps est vidé de ses organes et recouvert de bandelettes enduites, puis protégé par une succession de sarcophages étanches, les viscères étant préservés dans des vases (canopes). Un trésor accompagne le suzerain dans la tombe pour qu’il n’apparaisse pas trop fauché auprès de ses ancêtres, dans le royaume des morts.

Des offrandes de victuailles lui permettent de caler une faim. On entoure également le défunt de statues représentant les différentes corporations, histoire qu’il n’ait pas à faire sa propre lessive dans l’au-delà. Ce dernier point a d’ailleurs engendré de fausses légendes d’ouvriers enterrés vivants pour garder secrète la localisation de la tombe.

Enfin, les murs du tombeau sont couverts de fresques et de hiéroglyphes rappelant à son altesse les termes du livre des morts et de celui des mondes souterrains. Des livres de route qui lui permettront de passer sans encombre le grand oral d’entrée au royaume d’Osiris. Car un collège de dieux l’évaluera à l’arrivée : s’ils jugent son âme légère comme une plume, ça passe. Sinon, gare !

Les nécropoles thébaines : vallée des Rois, vallée des Reines

Les nécropoles thébaines : vallée des Rois, vallée des Reines
Vallée des rois © jonnysek - stock.adobe.com

Lorsqu’ils établissent leur capitale à Thèbes (Louxor), les pharaons optent pour des tombes discrètes, afin de limiter le risque de pillage. Or, un site répond parfaitement au cahier des charges : proche de Louxor, sur la rive occidentale du Nil et surplombé par une colline ayant la forme d’une pyramide naturelle.

La vallée des Rois est dédiée aux pharaons (qui peuvent être indistinctement homme ou femme). La vallée des Reines à leurs femmes et aux proches. D’autres secteurs accueillent les nobles et le reste de la pyramide… sociale. Sur 500 ans, ces pentes encaissées sont ainsi creusées du plus fantastique cimetière qui soit. Détail amusant, faute de véritable plan du site, lors du creusement de nouvelles tombes, les ouvriers tombent parfois sur une sépulture existante : on dévie alors le tunnel d’accès pour ménager un peu plus loin le futur tombeau.

Le secret du lieu sera relativement bien préservé par les prêtres qui officient dans les sanctuaires tout proches. Car, malgré leur souci de discrétion, chaque suzerain se fait ériger un temple dédié, entre le Nil et la nécropole.

Hieroglyphes dans une nécropole © Alfredo - stock.adobe.com

Avec la fin du nouvel empire, les pillages débutent toutefois. Les prêtres parviennent à exfiltrer certains sarcophages qu’ils cachent dans des sortes de tombes collectives que des fouilles archéologiques découvrent régulièrement, à l’instar de ces 30 sarcophages exhumés en octobre 2019. Les égyptologues n’ont ensuite qu’à décrypter le cartouche qui identifie l’occupant de chaque sarcophage.

Pour revenir à la vallée des Rois, on visite aujourd’hui des tombes vides dont le seul trésor demeure l’exceptionnel décor des murs : hiéroglyphes, fresques… Un festival illustratif réalisé dans de drôles de conditions. La fumée dégagée par les torches étant trop « polluante », les compagnons employaient un ingénieux jeu de miroirs en métal pour s’éclairer au fin fond de ces souterrains obscurs.

Le cas Toutânkhamon

Le cas Toutânkhamon
Entrée de la tombe de Toutânkhamon © antonbelo - stock.adobe.com

La seule tombe à avoir échappé au pillage est celle de Toutânkhamon (1345-1327 av. J.-C.). Un jeune roi avant tout fameux pour cet exploit posthume. La chance a voulu que l’entrée de son tombeau soit totalement recouverte par les déblais produits lors du creusement d’une tombe voisine et échappe ainsi aux pilleurs.

Or, en 1922 Howard Carter mène une campagne de fouilles dans la vallée. Peu satisfait du résultat, il a déjà démonté son camp de base lorsqu’il a le génie de gratouiller là où se trouvaient les tentes. Il découvre alors le pot aux roses. Et quel pot (au propre comme au figuré) ! Plus de 2 000 objets précieux seront exhumés du tombeau, constituant un trésor inestimable.

Quelques tombeaux de pharaons de la période thébaine manquent toujours à l’appel : Ramsès VIII et Ramsès X, Amenhotep III… Les recherches continuent : suspense, suspense !

Hâpy-hour sur le Nil

Hâpy-hour sur le Nil
Vaches sur un îlot du Nil © EwaStudio - stock.adobe.com

Hâpy est le dieu-fleuve qui présidait aux crues du Nil, et donc au bien vivre des Égyptiens. Car la fertilité des berges de ce fleuve a toujours été la ligne de vie des riverains, dans une région par ailleurs désertique. Vu du ciel, le ruban bleu se déroule à perte de vue, ourlé de galons verts larges de quelques kilomètres, le tout noyé dans l’immensité saharienne.

Les limons charriés par le fleuve le plus long du monde (il y a controverse entre Nil et Amazone) font des plaines voisines un paradis où champs et vergers se multiplient comme les Gremlins au contact de l’eau : bananiers, manguiers, dattiers, plaqueminiers…

Durant l’Antiquité, des nilomètres permettaient de jauger la hauteur des crues et de fixer celle de… l’impôt. On voit l’entrée d’un de ces « barèmes fiscaux » dans le joli temple d’Horus à Edfou, situé à mi-distance entre Louxor et Assouan.

Pour revenir au Nil, on observe des animaux d’élevage amenés en bateau paître sur des îlots limoneux. L’ibis sacré ou l’hippopotame ont déserté ces berges, mais de nombreuses espèces sauvages y trouvent toujours leur bonheur. Outre les crocodiles, cantonnés aux rives du lac Nasser, les oiseaux foisonnent particulièrement : le héron, l’ouette d’Égypte (l’oie du Nil) ou encore le martin-pêcheur.

Pêcheur sur le Nil © tomsturm - stock.adobe.com

Mais, cet oiseau n’est pas seul à pêcher dans ces ondes poissonneuses. Incroyables d’agilité, les pêcheurs activent leurs éperviers traditionnels en équilibre précaire sur de minuscules barques. Comme pour illustrer ce dicton égyptien : « jette un homme chanceux dans le Nil, il en ressortira un poisson dans la bouche ! » 

D’autres sortes d’esquifs s’arriment à la volée aux bateaux de croisière 100 fois plus gros qu’eux, se laissant remorquer sur plusieurs kilomètres. Depuis ces coquilles de noix, les camelots haranguent les touristes installés quatre ponts au-dessus. Négociation à gorge déployée pour une nappe ou une serviette de plage. Puis, le vendeur lance l’article sur le pont supérieur avec une dextérité fascinante.

La navigation dans cet univers est un ravissement dont on ne se lasse pas, depuis l’heure magique où l’astre du jour éveille le pays par l’orient jusqu’à l’heure sublime où il enflamme l’occident sur fond de palmiers en ombres chinoises !

À Abou Simbel, Ramsès sauvé des eaux !

À Abou Simbel, Ramsès sauvé des eaux !
Temple Abou Simbel © Fabrice Doumergue

Plus au sud, à 500 km de Louxor, les deux temples d’Abou Simbel, bâtis en haute Nubie par Ramsès II, ont connu une aventure extraordinaire.

En 1960, Nasser décide la construction du haut barrage d’Assouan. Long de 111 m et haut de 183 m, il produira 10 000 GWh/an. 700 000 ha de plaines désertiques seront inondés à terme.

Or, après 3 000 ans sans histoire (façon de parler !), cette mise en eau condamne les temples d’Abou Simbel ! Qu’à cela ne tienne, ils seront déplacés de 200 m et hissés 65 m plus haut, sur la rive du futur lac Nasser. Le chantier s’étale de 1964 à 1968, sous l’égide de l’Unesco.

Un travail pharaonique (c’est le cas de le dire !) ponctué de phases très spectaculaires, comme la découpe et le déplacement des quatre statues colossales de Ramsès II, hautes d’une vingtaine de mètres, qui devancent la façade du Grand temple.

Même tour de force pour les six statues dressées de Ramsès II et de son épouse Néfertari ornant la façade du Petit temple. L’intérieur des sanctuaires, aux décors particulièrement riches, est consciencieusement découpé et remonté à l’identique.

Phtah, Rê, Ramsès-Rê et Amon © Lars Fortuin - stock.adobe.com

Mais la performance la plus notable tient à la salle tout au fond du Grand temple. Elle accueille les statues des dieux auxquels le sanctuaire est dédié : Phtah, Rê, Ramsès-Rê (version déifiée du pharaon) et Amon.

Les prêtres et astronomes avaient tout calculé pour que chaque 21 février et 21 octobre les premiers rayons du soleil frappent trois de ces statues au travers de la porte principale. Seul demeurait dans la pénombre Ptah, dieu des arts et des… ténèbres – il a pourtant servi de modèle à la célèbre statue des Oscars du cinéma à Hollywood). Ce phénomène a été préservé après déplacement du site mais simplement décalé de deux jours… Chapeau !

80 km au sud d’Abou Simbel, le Nil change de camp pour passer en territoire soudanais. C’est une autre aventure que de remonter jusqu’aux sources demeurées assez mystérieuses, qu’elles concernent le Nil bleu issu du lac Tana en Éthiopie ou le Nil blanc dont l’origine se situerait au Burundi.

Visionnaire, Stendhal écrivit dans Le Rouge et le Noir  : « On ne connaît point les sources du Nil… Il n’a point été donné à l’œil de l’homme de voir le roi des fleuves dans l’état de simple ruisseau ».

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Texte : Fabrice Doumergue

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