Baléares : Minorque, l’île tranquille

Baléares : Minorque, l’île tranquille
Cala Macarelleta © pkazmierczak - stock.adobe.com

On est loin des fêtes d’Ibiza ! À Minorque, où le « slow tourisme » est de mise, on ralentit et on se laisse gagner par l’agréable nonchalance de cette île du nord-est de l’archipel des Baléares, qui compte moins de 100 000 habitants pour 700 km2. Ici, la nature est reine, à tel point que toute l’île a été classée réserve de biosphère par l’Unesco en 1993.

Avec ses criques et ses plages de sable, ses sentiers de randonnée, ses sites mégalithiques, ses paysages ruraux où s’alignent des murets de pierre sèche, mais aussi ses villages authentiques et ses cités historiques, Minorque se laisse découvrir à pied, à vélo ou encore à cheval. Mais toujours « a poc a poc » – tranquillement –, comme on dit ici…

Lire aussi notre dossier Baléares : quelle île choisir ?

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Maó (Mahón), la capitale so British de Minorque

Maó (Mahón), la capitale so British de Minorque
Maó © Olivia Le Sidaner

Ce sont les Anglais qui, en prenant possession de Minorque en 1708, ont fait de Maó (Mahón en espagnol) la capitale, au grand dam de Ciutadella, qui ne s’en remet toujours pas d’avoir été ainsi détrônée.

Installée sur la côte est de l’île, Maó avait en effet l’avantage de posséder un large port naturel (le plus grand d’Europe), idéal pour abriter la flotte des Britanniques. Ces derniers resteront à Minorque jusqu’en 1802 (dans l’intervalle, l’île sera plusieurs fois reprise par les Français et les Espagnols), marquant de leur empreinte l’architecture de Maó.

On remarque ainsi de nombreux bow-windows et des sash windows (fenêtres à guillotines), mais aussi des façades géorgiennes dont la couleur rouge rappelle la brique anglaise.

Plaza Colon © Olivia Le Sidaner

D’autres styles architecturaux se côtoient à Maó, comme l’Art nouveau, avec notamment la maison Mir, d’inspiration moderniste. Le marché aux poissons (Mercado de Pescados), lui, fut construit en 1927. Le samedi, on y déguste des fruits de mer en buvant un verre, dans une chaude ambiance ! Un autre marché vaut le détour : celui du cloître des Carmes, de style néoclassique (édifié entre 1750 et 1808).

On trouve aussi des traces plus anciennes du passé de Maó, comme le Portal de Sant Roque (1359), le seul vestige de l’ancienne muraille médiévale.

En se perdant dans les ruelles de la vieille ville, perchée en haut d’une falaise dominant la rade, on débouche tantôt sur des miradors offrant un panorama sur le port, tantôt sur des places où il est difficile de résister à l’envie de se poser en terrasse, à l’ombre des palmiers, histoire de goûter à la dolce vita minorquine.

Ciutadella, le bijou de Minorque

Ciutadella, le bijou de Minorque
Cathédrale de Ciutadella © Olivia Le Sidaner

Ses habitants l’affirment : c’est la plus belle ville de l’île. Et gare à ne pas avoir l’indélicatesse d’objecter que Maó, elle aussi, est très jolie : la rivalité entre l’ancienne capitale et celle choisie par les Anglais est toujours bien vivace !

Ciutadella s’est développée autour de la mosquée qui trônait au centre de la médina à l’époque où Minorque était musulmane, de 902 à 1301. La mosquée sera ensuite remplacée par l’imposante église Santa María, devenue cathédrale en 1795. Le palais du califat, lui, abrite à présent la mairie.

En se promenant dans le dédale des ruelles pavées de la vieille ville, on découvre de nombreuses autres églises. Partout, le regard se pose sur de belles demeures dont la pierre calcaire locale (marès) arbore une chaude teinte ocre, tandis que d’autres façades sont colorées ou blanchies à la chaux.

Place des Pins © Olivia Le Sidaner

Les seuls vestiges de la muraille médiévale du 14e siècle sont les deux bastions de Sa Font et du Gouverneur. De là, on a une vue panoramique sur le port de plaisance, où s’alignent les restaurants sur le quai.

Sur les places des Pins et des Palmiers, les terrasses invitent le promeneur à la pause. Sur celle du Bé (la bien nommée !), on découvre une statue de mouton portant un drapeau. C’est là que se tient le Jour du mouton, le dimanche précédant les grandes fêtes de la Saint-Jean (Sant Joan). Du 22 au 24 juin, celles-ci rassemblent de joyeuses foules assoiffées de pomada (gin et citron), venues admirer les performances des cavaliers sur leur noire monture se cabrant sous les « Olé ».

À Ciutadella, très à cheval sur ses traditions séculaires, seuls les hommes sont autorisés à monter. D’autres fêtes se déroulent ensuite tout l’été dans les différents villages de l’île, où cette fois, les femmes peuvent chevaucher leur fier destrier.

Minorque, l’intérieur de l’île

Minorque, l’intérieur de l’île
Muret de pierre sèche © Olivia Le Sidaner

En suivant la grande route qui traverse l’île d’est en ouest, de Maó à Ciutadella, on découvre l’intérieur de l’île et ses paysages ruraux ponctués d’oliviers et marqués par la présence obsédante de murets de pierre sèche : selon les estimations, il y en aurait entre 12 000 et 50 000 km sur l’île !

Cet héritage laissé par les Arabes se perpétue aujourd’hui, les murets permettant non seulement de délimiter les parcelles, mais aussi de freiner la force du puissant vent du Nord, la tramontane. On comprend pourquoi, au 18e siècle, les Anglais surnommèrent Minorque « l’Irlande des Baléares » !

Soulignons au passage que ce sont les Anglais qui ont introduit en nombre les vaches dont le lait sert à fabriquer du queso Mahón-Menorca (fromage AOP).

Panorama depuis le Monte Toro © Olivia Le Sidaner

Au centre de l’île, on fait halte dans le bourg tranquille d’Es Mercadal, aux maisons d’un blanc éclatant, tout comme le clocher de Sant Martí. Ici se trouve le Centre artisanal de Minorque (entrée gratuite), dont l’expo « Fabriquer Minorque » présente l’artisanat et les savoir-faire minorquins. Avis aux gourmands qui ont le bec sucré : on trouverait à Es Mercadal les meilleures pâtisseries de l’île.

Non loin de là, on monte jusqu’au Monte Toro, le point culminant de l’île… à seulement 358 m d’altitude. Au sommet, à côté d’un bouquet d’antennes de télécommunication, on découvre une grande statue du Christ (dont le visage a été noirci par la foudre !), le sanctuaire de la Mare de Déu del Toro, la patronne de Minorque, et une magnifique vue panoramique.

Le sud balnéaire de Minorque

Le sud balnéaire de Minorque
Sur le Cami de Cavalls © Olivia Le Sidaner

L’été, le sud de Minorque aimante les visiteurs, attirés par les belles plages léchées par une eau translucide et turquoise, couleur Caraïbes. La plus longue est celle de Son Bou.

Pour la découvrir de manière originale, rien de tel qu’une balade à cheval sur le Camí de Cavalls (GR 223), le sentier qui fait le tour de l’île (185 km). Pour cela, nul besoin d’être un cavalier aguerri : menés par les guides de Son Bou Rutes a Cavall, les élégants chevaux minorquins à la robe ébène sont doux comme des agneaux.

Avec eux, vous cheminerez à travers la campagne avant de rejoindre la plage d’Atalis, d’où la vue sur la côte est superbe.

Binibèquer Vell © Olivia Le Sidaner

Si vous préférez la marche, vous pouvez aussi user vos chaussures de rando sur le Camí de Cavalls en longeant le littoral de plage en plage.

En allant vers la pointe sud-est de Minorque, vous arriverez au petit village tout blanc de Binibèquer Vell, l’un des plus fréquentés de l’île en juillet et en août. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il ne s’agit pas d’un véritable village de pêcheurs, mais d’une station balnéaire construite en 1972 par un architecte qui s’est inspiré des maisons traditionnelles. Et il faut bien dire que c’est réussi et particulièrement photogénique.

Si les résidences de vacances font le plein pendant l’été, les lieux se vident hors saison. En septembre ou octobre, il n’y a pas foule sur la jolie plage de Binibèquer, et toute la place pour poser sa serviette sur le sable fin !

Le Nord de Minorque, sauvage et préservé

Le Nord de Minorque, sauvage et préservé
Favaritx © Olivia Le Sidaner

On change d’ambiance dans la partie septentrionale de Minorque, où les paysages se font plus sauvages. En parcourant la verte campagne vallonnée, ponctuée de moutonnements d’arbres épars et morcelée par des murets de pierre sèche, on se croirait presque transporté sur les côtes irlandaises, surtout par temps couvert.

C’est particulièrement vrai à Favaritx, où un phare noir et blanc se dresse sur une pointe rocheuse battue par les vagues et les vents puissants. Pour protéger cet écosystème fragile de la fréquentation touristique, l’accès à cette zone du parc naturel de S’Albufera d’Es Grau a été limité. Les voitures individuelles étant interdites, il faut prendre un bus à Maó, ou alors venir à vélo ou à pied pour les plus courageux.

Plage de Cavalleria © Olivia Le Sidaner

Plus à l’ouest, on s’arrête dans le paisible village blanc de Fornells, spécialisé dans la pêche à la langouste (et les sports nautiques), blotti autour de sa baie, qui est l’un des plus grands ports naturels de l’île.

À 15 km de là, on rejoint le cap de Cavalleria. Le décor se fait minéral du côté du phare, où l’on peut visiter le centre d’interprétation. Puis, direction la grande plage familiale de Cavalleria, installée au pied de falaises dont la terre rouge tranche avec la végétation et le camaïeu de bleus de la mer. D’autres belles plages sont à découvrir, comme celles d’Algaiarens (Tancats et Bot), au nord de Ciutadella.

Sur les traces de la préhistoire à Minorque

Sur les traces de la préhistoire à Minorque
Musée de Mao © Olivia Le Sidaner

On le sait peu, mais Minorque possède de nombreux monuments mégalithiques. Pour se familiariser avec ce patrimoine archéologique, un passage par le Musée de Maó s’impose. Installé dans un ancien couvent franciscain du 18e siècle et rénové en juillet dernier, il présente l’histoire de l’île avec une scénographie interactive très bien conçue.

On découvre ainsi que les plus anciennes traces de présence humaine remontent à 2 000 ans avant la conquête romaine (en 123 av. J.-C.) et que les populations ont édifié plusieurs sortes de monuments, essentiellement dans la partie sud de Minorque : les navetas, des chambres funéraires collectives (comme la naveta des Tudons, près de Ciutadella), les talayots, d’imposantes tours de contrôle en pierre sèche, et les taulas, d’étonnants édifices en forme de « T » dont l’usage reste encore mystérieux.

Trepucó © Olivia Le Sidaner

L’un des sites les plus impressionnants est le village talayotique de Trepucó, dont les ruines s’étendent sur près de 50 000 m2 et qui possède la plus grande enceinte de taula de l’île. Près de l’aéroport, le tayalot de Torello est également bien conservé.

Non loin de là, vous pourrez aller voir la mosaïque de la basilique paléochrétienne des Fornàs de Torello (4e-5e s.). Minorque aimerait bien voir figurer la culture talayotique sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Affaire à suivre…

Fiche pratique

Retrouvez les bons plans, infos pratiques et adresses dans le Routard Baléares

Pour préparer votre séjour, consultez nos guides en ligne Minorque et Baléares

Office du tourisme de Minorque

Comment y aller et se déplacer ?

- En avion. En été, il existe des vols directs Paris-Minorque (1 h 50). En basse saison, il faut faire escale à Barcelone (3 h 45).

- Sur place, location de voiture, ou vélo pour les plus sportifs.

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Quand y aller ?

La saison touristique dure 6 mois à Minorque, du 1er mai au 31 octobre. Pour profiter au mieux de l’île, et la découvrir en mode « slow », il est préférable d’éviter la période allant des fêtes de la Saint-Jean à la fin août.

Où dormir ?

L’agritourisme se développe depuis une dizaine d’années à Minorque, de nombreuses fermes situées à l’intérieur des terres s’étant reconverties en hôtels de charme. La majorité table sur le haut de gamme, avec des prix frôlant parfois la déraison en haute saison. Encore une raison pour aller à Minorque en dehors des périodes d’affluence.

- Binigaus Vell : Es Migjorn Gran. Situé à l’intérieur des terres, cet hôtel rural est un havre de paix au beau milieu de la campagne, avec jardin, belle piscine et, au loin, la vue sur la mer. Chambre double à partir de 132 €, avec petit déj excellent (produits locaux, pâtisseries maison, jus d’oranges pressées…). Le restaurant vaut également le détour.

- Son Vives : Camí de Sant Patrici à 4,5 km de Ferrerias. Un hôtel rural et familial qui a conservé son activité agricole. Dans la finca, on fabrique un succulent fromage de Mahón (AOP) de manière artisanale, et on accueille les hôtes dans les 12 chambres du domaine. La vue sur la mer et la campagne est sublime. Piscine. Cours de yoga (par les profs de Yoga Amar Es). Chambre double à partir de 140 € en saison basse.

- Hostal Jume : C/ Concepcion 6, Maó. Un petit hôtel bien situé, proche du centre de la capitale, avec un bon rapport qualité-prix. Chambre double à partir de 54 € (63 € en moyenne saison, 100 € en haute saison).

- 971 : Sant Sebastia 10, Ciutadella. Un hôtel de charme à l’architecture minorquine, installé au cœur de la vieille ville de Ciutadella. La déco des chambres est inspirée d’un livre d’Italo Calvino. Chambre double de 40 € à 160 € selon la saison.

- Sant Ignasi : Ronda Nord, Ciutadella. Un hôtel rural abordable (à partir de 88 € la nuit pour 2 pers.), installé dans un parc. Terrasse, belle piscine.

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Où manger ?

- Can Bernat des Grau : 3 Carretera Mahón, Carrer de Fornell, sur la route entre Mao et Fornells (km.3). Un resto de poissons convivial, fréquenté par les Minorquins. Gambas à la plancha, calamars, moules vapeur, poissons frits… Ici, tout est local, jusqu’aux chaises minorquines, les fameux fauteuils de metteur en scène en bois et toile, dont le design a été inventé sur l’île dans les années 1920. La carte change tous les jours. Menus de 49,50 € à 55,50 € pour 2 pers.

- Fang i Aram : C. Gabriel Martí i Bella 11, Ciutadella. L’un des deux restos végétariens de l’île (l’autre est à Maó). Une cuisine familiale et minorquine, concoctée avec des produits bio et locaux. Menus à partir de 11,90 €.

- Torralbenc : Alaior, près de Cala en Porter. C’est l’une des meilleures tables de l’île. Élaborée par le chef basque Gorka Txapartegi, la carte met à l’honneur les produits locaux et de saison. De la haute gastronomie minorquine. Plat à partir de 25 €, env. 60 € pour un repas, menu dégustation : 75 €. À accompagner du vin produit sur le domaine. Jolies chambres également, mais prix très élevés.

À rapporter :

- Le gin de Maó (IGP) : encore un héritage de la présence anglaise. Sur le port de Maó, la distillerie Xoriguer produit du gin de manière artisanale depuis 1750. Dégustation gratuite.

- Les chaussures : l’industrie de la chaussure est l’un des premiers secteurs économiques de Minorque, avec notamment la fabrication des avarcas, les sandales traditionnelles (même la famille royale d’Espagne en porte, c’est dire !). Pour découvrir comment elles sont fabriquées, on fait un tour à Ferreries dans la manufacture de la marque Ria, où l’on regarde les ouvriers travailler du haut d’une passerelle, avant de faire son shopping dans le magasin d’usine.

- Les ensaimadas de Minorque : des pâtisseries traditionnelles que nombre de visiteurs achètent avant de repartir chez eux (à l’aéroport, impossible de ne pas remarquer les boîtes en carton empilées que les voyageurs portent à la main).

Texte : Olivia Le Sidaner

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