Budapest, balades architecturales

Budapest, balades architecturales
© milosk50 - stock.adobe.com

Budapest, au cœur de l’Europe, est l’une des plus belles villes du continent. Traversée par le Danube, la capitale hongroise, au patrimoine d’une extraordinaire richesse, fait se côtoyer les styles, les époques, les ambiances et les cultures, tout en se réinventant. Balades au fil de ses rues et de ses quartiers, de la sage Buda aux nuits débridées des ruin pubs de Pest.

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Budapest, au cœur de l’Europe

Budapest, au cœur de l’Europe
Pont des Chaînes © cristianbalate - stock.adobe.com

Budapest, c’est un style — éclectique —, qui juxtapose les époques. Une valse à deux temps : Buda la royale juchée sur sa colline coiffant la rive droite du Danube, face à Pest, cœur de la ville moderne et commerçante étalée rive gauche. Ceux qui ont gardé l’image grise de l’époque du rideau de Fer ont tout faux. Après deux grosses décennies de rénovations, la capitale hongroise n’a rien à envier à Prague.

Une atmosphère désuète flotte dans les rues du « Paris de l’Est ». Les lions du célèbre pont des Chaînes déclament un apogée baroque modelé par la patte de l’Empire austro-hongrois. Le Parlement, écrasant de sa masse aérienne le fleuve, évoque quelque chose d’un rêve fou de Westminster et de Byzance. Et les piscines thermales, réinterprétées pour les plus belles dans les glorieux décors de l’Art Nouveau, ramènent à la colonisation ottomane.

Budapest, aujourd’hui, c’est la Mitteleuropa ; une ancienne frontière du continent devenue carrefour, emmitouflée d’un esprit qui s’en voudrait d’être germanique. Les Hongrois aiment à croire qu’ils descendent d’Attila et font tout pour le rappeler. D’ailleurs, la ville cultive sa différence — que ce soit dans les bains ou les ruin bars du VIIe arrondissement.

Buda : colline baroque à l’âme médiévale

Buda : colline baroque à l’âme médiévale
Funiculaire © Denis - stock.adobe.com

Tout commence par une grimpette. Quittant le pont des Chaînes lancé sur le Danube, le funiculaire aux bancs de bois se hisse jusqu’au parvis pavé du château. Il faut d’abord se retourner, respirer le panorama déroulant le large tapis du fleuve. Puis prendre son courage à deux mains face à l’énormité de l’édifice, écho distant à la puissance évanouie de l’Empire austro-hongrois.

Maintes fois détruit, volontairement reconstruit à l’époque communiste dans un style utilitaire, le palais abrite désormais le siège de la Bibliothèque Nationale et de deux musées majeurs : la Galerie nationale hongroise et le Musée du château (retraçant 2 000 ans d’histoire de Budapest).

Bastion des Pêcheurs © zgphotography - stock.adobe.com

Reste, côté nord, la prestance de Várhegy (la colline du château) et une collection de maisons baroques colorées tapissant les flancs d’Úri utca, de Táncsis Mihály et des ruelles pavées et passages voûtés qui s’en échappent. Sous les tuiles se détachent portails de pierre, frontons triangulaires, frises et bossages. Et, sous terre, obscurité et brouillard artificiel nappent les galeries du Labyrinthe de Buda.

Au centre du quartier, un phare aux toits d’écailles vernissées se dresse : l’église Saint-Mathias, où étaient couronnés les rois de Hongrie. Médiéval, le sanctuaire a été réinventé en néogothique à la fin du XIXe s à la demande de l’empereur François-Joseph, dans une chorégraphie de fresques aux relents byzantins sublimant l’histoire du pays. Juste devant, l’incontournable Bastion des Pêcheurs, néo-roman, joue les belvédères.

Pest : le Paris de l’Est

Pest : le Paris de l’Est
Parlement hongrois © elena_suvorova - stock.adobe.com

Face aux sept collines de Buda, Pest offre un visage irrémédiablement plat. Fort heureusement, aux premières loges du Danube, le Parlement plante sa pâtisserie aux symétries d’arcades, de flèches, dôme et tourelles. Il était, à son inauguration en 1902, le plus grand Parlement au monde et demeure le plus imposant du continent.

On ne parcourt heureusement pas l’ensemble des 20 km d’escaliers et des 691 pièces, mais on découvre la salle de l’Assemblée et les joyaux de la Couronne — dont celle de Saint-Étienne, symbole de la conversion hongroise au christianisme en l’an 1000.

On est ici à Lipótváros, centre politique du pays passé à l’économie de marché. Banque et télévision nationales, ministères, académie des Sciences y occupent des édifices néo-Renaissance et éclectiques aux proportions de géants.

Vue depuis la Basilique Saint-Etienne © anderm - stock.adobe.com

Parmi eux, la basilique Saint-Étienne, fut inaugurée (en 1906) par François Joseph, l’époux de Sissi Impératrice — décidément fort pieux. Atteint au prix d’une haletante grimpette de 352 marches (ou par ascenseur !), son dôme recouvert de mosaïques offre une vue à 360° sur la ville. Comme le Parlement, il culmine à 96 m, chiffre symbolique destiné à commémorer la fondation du pays en l’an 896.

Le chantier était à peine lancé que, déjà, la pâtisserie Gerbeaud attirait la foule. Amarrée sur la place Vörösmarty tér, cœur véritable de la ville et site du marché de Noël, cette institution à la viennoise a conservé des salons au décor léché de tentures théâtrales, lustres, miroirs dorés, bougeoirs et boiseries. Crème et chocolat y règnent en maîtres.

Les cafés de Budapest

Les cafés de Budapest
Párisi udvar © Sarka - stock.adobe.com

Au sud de la place Vörösmarty débute la « ville intérieure » de Belváros, largement réinventée par les architectes impériaux au XIXe siècle. Le quartier est traversé par Váci utca, une rue piétonne très animée. QG budapestois du shopping, elle s’écoule du nord vers le sud parallèlement au (proche) Danube, entre les îlots de ses placettes. Au n° 9 se trouvait jadis une auberge, où Mozart donna un concert à l’âge de 11 ans.

Modelé par le commerce, Belváros conserve la plus belle galerie budapestoise, conçue sur le modèle du passage (couvert) des Panoramas parisiens : Párisi udvar. Plaqué de bois sculpté, coiffé par une grande coupole hexagonale et un plafond voûté à verrières, il est en cours d’intégration à un hôtel de luxe qui doit ouvrir ses portes en 2018. On pourra alors redécouvrir son méli-mélo d’influences néo-gothiques, mauresques et art Déco !

Au tournant du XXe siècle, en plein âge d’or austro-hongrois, Budapest comptait plus de 600 cafés. Jugés bourgeois, suspectés d’abriter des discussions contraires à la morale communiste, ils furent pour la plupart fermés après-guerre, transformés en cantines ou entrepôts.

Quelques-uns ont retrouvé leurs gentilles prétentions rétro, comme le Centrál Kávéház, fondé en 1887 au n°9 de Károlyi Mihály út. Écrivains, éditeurs et journalistes se retrouvaient rituellement ici. Autre haut lieu budapestois, le Café New York (1894), où l’on s’attable dans un décor de colonnes torsadées et une profusion de stucs, dorures et fresques dignes des palais vénitiens.

Budapest Art Nouveau

Budapest Art Nouveau
Musée des arts décoratifs © romas_ph - stock.adobe.com

Budapest est aussi l’une des capitales européennes de l’Art nouveau. Dépassant le cadre de l’architecture massive imposée par l’Empire, la Sécession (l’Art Nouveau viennois) apporte son lot de notes ludiques. C’est entre 1896 et 1906 qu’explosa cet art « total » magistralement anticonformiste. Aux courbes abondantes et inspirations florales propres au courant, se mêlent ici des touches originales, hongroises et gothiques.

Principal porte-voix de la Szecesszió, l’architecte Ödön Lechner invite aussi dans ses plans des éléments décoratifs d’Inde (dont on croyait alors les Hongrois originaires). On les retrouve au superbe Musée des arts décoratifs, juste au sud de Belváros, bâti pour les festivités du Millénaire, en 1896. Sous les toits nappés de tuiles vertes et jaunes resplendissantes, le foyer et la salle de la grande verrière y rayonnent de leurs arcades polylobées.

Maison Thonet © thauwald-pictures - stock.adobe.com

Suivirent l’Institut de géologie et de géophysique (1899), aux toits bleus supportant quatre atlas portant le monde, puis la Postatakarékpénztár, la Caisse d’épargne de la poste (1901). Affublée des mêmes tuiles vernissées vert et jaune, elle abrite aujourd’hui le siège le Trésor hongrois.

Le meilleur de l’époque s’expose au tout proche Szecesszió Múzeum, installé dans l’emblématique Maison Bedő (1903), verte, avec double bow-window et splendides portes aux arabesques de bois. Ne ratez pas son café !

Autres incontournables : le fleuriste Philanthia (1906), au n° 11 de Váci út, la Maison Thonet juste à côté (bardée d’éléments néo-gothiques) et, face à la promenade du Corso déroulée le long du Danube, le spendide palais Gresham. Commandité par une compagnie d’assurance anglaise en un temps (1914) où l’Art Nouveau déclinait déjà, il abrite aujourd’hui un hôtel de luxe.

Les bains de Budapest

Les bains de Budapest
Bains Széchenyi fürdő © Joakim Slattegard - stock.adobe.com

Le Bois de la Ville abrite une célébrité : les bains Széchenyi fürdő, où l’on joue aux échecs à demi-immergé dans l’eau à 38°C de la plus chaude des trois grandes piscines extérieures. L’établissement thermal occupe un fastueux palais néobaroque ocre-jaune bâti en 1913, au dôme rehaussé d’une mosaïque Art Nouveau.

Aux premiers frimas, la vapeur s’y élève en volutes, dessinant des cache-nez aux statues. Et le samedi, de Pâques à octobre, la jeunesse débarque pour les sparties, des fiestas nocturnes bien arrosées…

Bien avant l’ère des spas, prendre les eaux (idéalement le matin) a toujours fait partie des rituels de vie budapestois. Et cela ne date pas d’hiver : les Romains, à l’époque où ils occupèrent la ville, s’y adonnaient déjà. Le choix est vaste : Budapest ne compte pas moins de 118 sources riches en minéraux, sourdant entre 21 et 78 °C.

Piscine de l'Hôtel Gellert © Xiongmao - stock.adobe.com

Une autre gloire Art Nouveau attire son lot de baigneurs : l’hôtel Gellert, coincé sur la berge du Danube, au pied du mont éponyme. Magnifique ? Pas seulement. On est là dans le sublime, l’effet « waouh ».

Imaginez une piscine à la romaine encadrée de sa colonnade et coiffée d’une verrière, abreuvée par des lions dégueulant leur eau chaude. Et, plus loin, des bassins-alcôves aux mosaïques et fontaines de céramique à 36 et 38 °C.

Pas bien loin, les bains Rudas, plus authentiques, ramènent au temps de l’empire ottoman. Un divin bassin octogonal s’y creuse dans l’enceinte d’une arcade de pierre ronde, sous le dôme laissant filtrer la lumière. Constantinople n’est pas loin. Le week-end, les bains de minuit y sont autorisés jusqu’à 4h du mat’ !

Les quartiers où Budapest se réinvente…

Les quartiers où Budapest se réinvente…
Grande synagogue © dmitr86 - stock.adobe.com

Les quartiers situés en première couronne (VIIe, VIIIe et IXe arrondissements) semblent encore hésiter entre ruines et spéculation immobilière. On parle ici de Józsefváros, de Ferencváros (la « ville François ») autour du grand marché central à la magnifique halle en fer forgé Eiffel et, plus au nord, de l’ancien quartier juif d’Erzsébetváros.

Que reste-t-il de ce dernier ? Un pêle-mêle de styles architecturaux dominé par les tours de la grande synagogue de Dohány utca (1859), la plus grande d’Europe. Bastion des progressistes, elle a été bâtie par un architecte viennois catholique qui l’affubla d’un style mauresque, de trois nefs façon cathédrale et d’éléments décoratifs largement inspirés de la tradition chrétienne… entraînant une réaction des orthodoxes, qui édifièrent en réponse, en 1872, la synagogue de la rue Rumbach, au plan traditionnel.

Dans les rues voisines, un vent nouveau s’est levé. Des designers, des artistes, des cafés branchés se sont installés. Et, parmi les immeubles décrépis, de drôles de zincs ont émergé : les romkert, ou « bars de ruines ».

Le principe est simple : repérez une cour ou un immeuble abandonné, jetez y de vieux tabourets et des sofas défoncés, une épave de bagnole, amenez des wagons de bière, branchez la sono ou invitez un DJ et ses platines. Tagueurs et street artists bienvenus.

C’est comme ça que ça se passe au Szimpla Kert (15 ans déjà !), au Kuplung Kert (made in a garage), au Fogas, au Kisüzem, au Kék Ló, au Ellato, à l’Instant, au Pótkulcs… Une vraie forêt de troquets, désormais trendy.

À voir également, le portfolio Budapest, la perle du Danube.

Fiche pratique

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Site officiel du tourisme à Budapest

Lire également nos articles Trois jours à Budapest et Budapest : 5 expériences à vivre

 Comment y aller ?

Air France et Easyjet desservent Budapest en vol direct au départ de Paris CDGà bon prix) ; Easyjet assure également des vols sans escale depuis Bâle-Mulhouse, Genève et Lyon. Quant au low-cost hongrois Wizz Air, il propose des directs depuis Bâle-Mulhouse, Bordeaux, Bruxelles-Charleroi et Nice.

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Où dormir ?

Tout est possible à Budapest : on trouve même des campings en périphérie proche ! Les auberges de jeunesse privées (hostels) abondent, notamment à Pest et les résidences étudiantes (pas très souriantes) offrent une alternative en été (surtout du côté de Buda). En pleine saison, il peut être judicieux de réserver.

La remarque vaut aussi naturellement pour les pensions et les hôtels. Les premiers, bien qu’excentrés, ont l’avantage de permettre de garer sa voiture sans avoir de parking à payer — au centre, cela peut vite revenir cher.

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Où manger ?

Le choix est vaste ! On se ruine rarement dans les restaurants budapestois — et moins encore dans les söröző et borozó, ces bars à bière et à vin populaires, souvent installés en sous-sol, où l’on dévore à belle dent les classiques hongrois, invariablement copieux et bien costauds (soupes, ragoûts, goulasch, canard ou oie rôtis, foie, etc.). Attention, dans les adresses plus touristiques, un service de 10 à 20 % est souvent ajouté d’office.

Menza : Liszt Frenc tér 2. Sur l’élégante place Franz Liszt, un resto branché où l’on se régale d’une savoureuse cuisine hongroise revisitée. Plats 2 000-5 000 Ft (7-16 €).

Grand Marché couvert (Vasarcsarnok) : Vamhaz krt. 1-3. Nombreux stands de fast food hongroise à l’étage et un self. Beaucoup de monde. Autre marché couvert, celui de Hold Utcai Piac, près de Szabadsag tér, à Belvaros.

- Rosenstein Vendéglö : Mosonyi ut. 3. Une excellente cuisine élaborée à base de produits casher, avec tous les grands classiques : goulasch, foie gras, oie… Un régal ! Plats 2 500 – 7000 Ft (8-23 €)

Gerbeaud : Vörösmarty tér 7-8. Fondé en 1856, ce salon de thé Belle Époque est une institution locale pour ses pâtisseries.

Où sortir dans un ruin pub ?

Szimpla-kert : Kazinczy u. 14. Le plus connu des ruin pubs. Une enfilade de salles dans un immeuble destroy, autour d’une cour intérieure. Déco délirante, (plusieurs bars, plein de pièces et de recoins, mobilier de récup, tags et street art !

D’autres adresses sur www.ruinpubs.com

Texte : Claude Hervé-Bazin

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