Bulgarie : de la Vallée des Roses au beau Danube bleu

Bulgarie : de la Vallée des Roses au beau Danube bleu
Chipka © nikolay100 - Fotolia

Au cœur de la Bulgarie, les montagnes des Balkans dressent coup sur coup deux chaînes de montagnes parallèles, orientées est-ouest : le Sredna Gora et le Balkan central proprement dit. La longue et belle Vallée des Roses se déroule entre ces deux montagnes presque entièrement recouvertes de forêts.

À leur pied, des centaines d’hectares de roses éclosent en mai-juin : un vrai enchantement, rythmé par le retour des cigognes et les tertres épars des tombeaux thraces – l’une des plus riches civilisations antiques. Au nord, la grande plaine européenne se déroule dans toute son ampleur, entaillée, à l’approche de la Roumanie, par le lit majestueux du Danube.

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La Vallée des Roses

La Vallée des Roses
Vallée des roses © Deyan Georgiev - Fotolia

Fin mai, début juin, les champs s’animent dès l’aube des premiers cueilleurs, Roms pour beaucoup, venus arracher aux buissons épineux des damascena leurs tendres boutons fleuris encore nimbés de rosée. Un travail ardu, payé des clopinettes, qui écorche les mains. Chacun, chacune en récolte ainsi 25 à 30 kilos.

Vers 10 h, lorsque la chaleur commence à s’affirmer, les roses remplissent des sacs entiers, pesés au creux des chemins sur des balances made in USSR, avant de prendre en charrette ou en camion la direction des proches distilleries. Il n’en faut pas moins de 3,5 tonnes pour fabriquer 1 seul kilo d’essence (vendu 6 000 €) !

C’est à la fin du 17e siècle, marqué par l’essor de la parfumerie européenne, que les buissons se sont multipliés dans cette région au microclimat humide idéal, baignée par les eaux fraîches de la rivière Toundja. Le pays, rebaptisé Roumélie, était alors depuis trois siècles déjà aux mains de l’Empire ottoman.

Grâce à la Vallée des Roses, la Bulgarie est aujourd’hui le premier producteur au monde d’essence de rose (environ 70 % du marché) – reconnue par une « AOC » européenne.

Kazanlak, « capitale de la rose », possède depuis 2016 un tout nouveau musée de la rose, noyé dans un jardin de roses, et organise chaque premier week-end de juin son incontournable Festival de la rose, au cours duquel est élue la « reine des roses »… Immanquablement, les visiteurs repartent avec un peu d’extrait de parfum contenu dans une fiole en bois gravée.

Les tombeaux thraces de Kazanlak

Les tombeaux thraces de Kazanlak
Fresque du tombeau thrace de Kazanlak © ollirg - Fotolia

Sous des abords peu avenants, Kazanlak a plus d’une corde à son arc. À côté des vitrines poussiéreuses d’objets évoquant les combats héroïques du 19e siècle pour l’indépendance, le musée historique abrite une fantastique section exposant des trésors d’art thrace : la collection recèle notamment un kylix et une couronne de feuilles de chêne en or, retrouvés dans l’un des quelque 1 500 tumuli boursouflant les paysages de la région de leurs mamelons herbeux. Ils témoignent de l’importance de cette civilisation méconnue qui régna sur le cœur des Balkans du 2e millénaire au 3e siècle av. J.-C.

 À Kazanlak même, des ouvriers ont mis au jour un tombeau de la fin du 4e s av. J.-C., classé au patrimoine mondial pour la splendeur de ses fresques funéraires. Comme à Lascaux, c’est une copie que l’on visite pour éviter leur dégradation.

Au-delà, éparpillés dans la campagne riante, les sites d’Ostroucha, Chouchmanets et Goliama Kosmatka révèlent, parmi d’autres, des tombeaux princiers bien préservés, souvent taillés dans le granit brut, aux mille et une variations ornementales : plafond à caissons peint, chambre funéraire à colonnes, etc.

Plus loin, vers la grande plaine de la Dobroudja, l’ensemble de Svechtari (Unesco) est encore plus exceptionnel, avec ses splendides caryatides aux jupes florales formant une ronde autour du défunt. Ici comme ailleurs, les morts ont souvent été retrouvés démembrés : une coutume thrace pour assurer un meilleur passage vers l’au-delà – écho, peut-être, au mythe d’Orphée, qui finit déchiqueté.

Le cœur du Balkan central

Le cœur du Balkan central
Salle de congrès à l’abandon de Bouzloudja © ValentinValkov - Fotolia

De Kazanlak, la route rejoint le village de Chipka, dominé par les bulbes dorés et le grand fanal à la croix orthodoxe d’une église commémorative aux proportions démesurées. L’édifice rend un hommage vibrant aux 20 000 soldats russes morts dans les combats pour l’indépendance de la Bulgarie. C’était en 1877-78 lorsque l’Empire des tsars libéra l’Europe slave de l’occupation ottomane. Ici se joua une bataille décisive.

Virages après virages, la route se hisse vers les hauteurs du Balkan central. Au col de Chipka, d’autres monuments ont été dressés, face aux crêtes nues et venteuses.

De là, une route de traverse ponctuée sur la fin de nids-de-poule rejoint l’invraisemblable ovni de béton de Bouzloudja. Cette salle de congrès à l’abandon, ronde comme un œuf et veillée par une tour enchâssée de l’étoile rouge, a été bâtie en pleine montagne (1 441 m) pour célébrer le 90e anniversaire de la fondation du parti communiste bulgare !

Abandonnée, elle tombe doucement en ruines. Sur les murs, les tags rageurs dénonçant la dictature du prolétariat font écho à la formule consacrée : « Travailleurs, travailleuses de tous les pays, unissez-vous »…

Certains, ignorant le risque de chute du plafond, trouvent moyen de s’infiltrer à l’intérieur pour admirer les fresques à demi-taguées de Marx et Engels dans l’auditorium toujours veillé par l’empreinte de la faucille et du marteau.

Bons baisers de Bulgarie

Bons baisers de Bulgarie
Monastère de Sokolski © Nadezda Razvodovska - Fotolia

La nationale 5 redescend en virages serrés à travers une dense forêt de feuillus, enveloppée à l’automne de teintes mordorées. En ligne de mire : la vallée de la rivière Yantra et, sur ses berges, le musée d’Etara, où les artisans font revivre l’été les métiers d’autrefois dans d’authentiques bâtiments anciens réunis en village.

À quelques kilomètres, le monastère de Sokolski (1833-34), au jardin bien ordonné, dresse son église aux fresques bleutées en pleine nature. Elles couvrent jusqu’aux murs extérieurs de la coupole, déroulant une ronde de saints hommes à l’air docte. Mais c’est la paix, surtout, qui règne ici en maître.

Difficile de ne pas avoir de coup de cœur pour Bojentsi. Ce hameau de carte postale, aux maisons traditionnelles à encorbellement nichées dans la campagne, semble contempler le 21e siècle avec dédain. Tout, ici, n’est que jardinets et vergers, lourds portails de bois, murets de pierre, toits de lauzes et chemin grossièrement dallés envahis d’herbes folles.

Vers l’est, à Tryavna, plusieurs maisons-musées aux salons enluminés de bois sculpté ramènent aux fastes de l’époque du réveil national, mettant en valeur les travaux des écoles de sculpture et de peinture d’icônes locales. Les Bulgares sont friands de ces lieux qui les ramènent à l’âge d’or de leur émancipation, lorsque les commerçants, étendant leurs réseaux dans tout l’Orient européen et jusqu’à la Méditerranée, bâtirent de solides fortunes.

La vallée du Danube

La vallée du Danube
églises rupestres d’Ivanovo © Atanas - Fotolia

Au nord de Veliko Tarnovo, les montagnes relâchent enfin leur emprise, laissant place à la large vallée du Danube. Le fleuve royal y déroule entre deux berges boisées un lit large comme dix boulevards soviétiques. Sur l’eau croisent des barges à sa démesure et les barques-moucherons de pêcheurs habillés de vieux treillis.

Aux marges de l’Empire ottoman, Roussé fut une grande cité diplomatique, d’où les consuls occidentaux surveillaient les humeurs du sultan. Ils amenèrent avec eux le goût de l’architecture viennoise, déclinée en fiers édifices baroques et néobaroques, aujourd’hui joliment restaurés.

La demeure du musée de la Vie urbaine ramène à ces temps aristocratiques, avec son étage inchangé depuis 1880. Quant au musée des Transports, il résonne encore des appels de l’Orient-Express. On y grimpe à bord du wagon privé (1866), d’un joli bleu ciel, que le sultan prêta à l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, lors de son périple vers le canal de Suez au moment de son inauguration… Juste à côté, le wagon en marqueterie de bois du tsar Ferdinand et celui du roi Boris II, avec son salon en nacre et acajou, ressassent leurs souvenirs.

À 22 km dans les terres, des falaises blanchâtres se hissent au-dessus de la plaine danubienne. Les ermites médiévaux y ont creusé les églises rupestres d’Ivanovo, classées au patrimoine mondial. Il y en eut jusqu’à 300. Des fresques bien restaurées enluminent encore le plafond de roche et certaines parois.

Aux confins de la Serbie

Aux confins de la Serbie
Forteresse Baba Vida © Atanas - Fotolia

En remontant longuement le fleuve, frontière avec la Roumanie, Vidin s’annonce. La puissante forteresse Baba Vida, dressée sur les ruines de la romaine Bononia, y garde le Danube, au bout d’un bien agréable parc boisé épousant les rives.

Le gouverneur turc de la Bulgarie n’hésita pas, au 19e siècle, à s’émanciper du pouvoir central pour se tailler son propre pré carré. Il a laissé de son passage une batterie de canons tournée vers la ville, histoire de pouvoir repousser les ardeurs revanchardes du sultan.

Il a aussi donné son nom à la mosquée Pazvantoğlu, dressée à deux pas des ruines fantomatiques d’une énorme synagogue – preuve, s’il en fallait, du caractère cosmopolite de la région.

Dans les terres, Belogratchik s’étale au pied d’une autre forteresse ottomane : Kaleto, agrippée à un petit massif de grès rouge ciselé par l’érosion en une citadelle ruiniforme de champignons rocheux.

Ses murailles, hautes par endroits de 12 m et épaisses de 3,5 m, font corps avec la pierre, s’appuient, se fondent en elle. On s’y hisse à petits pas comme dans un labyrinthe, franchissant enceinte après enceinte, jusqu’à dominer cette armée de farfadets géants qui émerge de la forêt.

De là, la Serbie est en vue, avec un point d’orgue à ne pas manquer : l’extraordinaire forteresse de Golubač, qui surveille le Danube à l'orée du défilé si stratégique des portes de Fer. Mais c'est là une autre histoire...

 

Fiche pratique

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Arriver-Quitter

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Sur place, les liaisons en bus (surtout) et train (dans une moindre mesure) sont assez fréquentes, mais, dès que l’on quitte les grands axes, la voiture se révèle nettement plus pratique.

Budget

La Bulgarie est peut-être le pays le moins cher d’Europe ! On s’y loge sans problème pour 20-30 € à deux, et parfois moins chez l’habitant, alors que les hôtels 4 étoiles culminent rarement au-dessus de 80 € – et souvent moins. Les restaurants ne sont pas très chers non plus : comptez 5 à 10 € pour un plantureux repas. Les musées sont eux aussi très abordables, comme le coût de la vie en général.

Hébergement

Les campings sont assez rustiques, mais nombreux et vraiment bon marché ; beaucoup disposent de « bungalows » (souvent très sommaires), pratiques s’il pleut. En été, les chambres chez l’habitant fleurissent plus encore dans tout le pays. Au menu : une chambre simple plus ou moins grande, souvent avec sanitaires privés et déco traditionnelle.

Les petits budgets trouveront aussi des auberges de jeunesse (hostels) et pourront loger dans les monastères (aux tarifs de chambres d’hôtes ou de petit hôtel). Enfin, les hôtels familiaux, nombreux, offrent souvent un excellent rapport qualité-prix.

Hotel Teres : 16, ul. Kabaktchiev à Kazanlak. Chambres spacieuses et bien équipées, resto aux plats copieux.

City Art Hotel : 5, ul. Veliko Tarnovo à Roussé. La bonne adresse de la ville, déco baroque chic, lits douillets, accueil serviable.

Hotel Zora : 3A, ul. Naitcho Tsanov à Virin. Petit hôtel familial moderne offrant un bon rapport qualité-prix.

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Où manger ?

 Shipkoff House : ul. Otets Paissi à Kazanlak. Dans une maison rose bonbon, ce café sert des spécialités à base de rose… à tester donc à Kazanlak !

Chiflika : ul. Otets Paissi à Roussé. Immense taverne à la déco bucolique et un menu de 40 pages. De quoi trouver son bonheur…

Fish n’Grill Dunava, sur le Danube à Virin. Bateau-resto accueillant où manger une carpe accompagnée d’une bière.

Texte : Claude Hervé-Bazin

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