Mexique, au-dessous du volcan Popocatépetl

Mexique, au-dessous du volcan Popocatépetl
Eglise de Cholula et Popocatépetl © CPTM - Conseil de Promotion Touristique du Mexique CPTM/REO

En louant une voiture à partir de Mexico, on peut partir quelques jours à la découverte des campagnes et des villes baroques qui ont grandi à l’ombre du Popocatépetl. Si le flanc nord du volcan ne présente que peu d’intérêt, les terres qui occupent ses autres versants, en revanche, méritent bien une petite semaine.

Dans ce paysage changeant de sierras dénudées, de forêts de pins et de montagnes secrètes, où règne un éternel printemps, le voyage prend des airs de Far West. La vie de tous les jours est encore empreinte de traditions ancestrales…

Quant aux villes, malgré leur apparente rigidité, elles sont franchement rock & roll... Enfin, on dénombre dans cette région plus d’une quinzaine de sites inscrits au patrimoine de l’humanité par l’Unesco.

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Xochicalco, une ville entre ciel et terre

Xochicalco, une ville entre ciel et terre
Xochicalco © Byelikova Oksana - Fotolia

Xochicalco, c’est Teotihuacán sans les touristes. Un petit morceau de culture mésoaméricaine à découvrir à une cinquantaine de kilomètres au sud de Mexico, entre pierres cuisantes et herbes folles, parmi les fragrances capiteuses des fleurs et les concerts d’insectes. Le soleil pour témoin.

Le site doit son existence à l’effondrement plus ou moins simultané de Teotihuacán et des cités mayas des basses terres et du Sud. « Période épiclassique »,  disent les archéologues. Cette cité fortifiée, qui domine un ondoiement de collines écrasé de chaleur, connaît son apogée en 650 et 900. À l’époque, le Mexique central n’était pas bien sûr.

Pourtant, Xochicalco va rayonner, commercer, légiférer... Le « 10 cane » du « 9 œil de reptile » (date du calendrier de l’époque), une flopée d’astronomes et de prêtres viendront y célébrer une éclipse solaire en grande pompe. Leurs observations leur permettront même de recaler leurs calendriers respectifs, un peu comme on met sa montre à l’heure avec son voisin…

Aujourd’hui, Xochicalco est classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Son petit musée très instructif et ses ruines, qui n’en finissent pas de redevenir pierre, promettent à l’esthète un savoureux intermède, en marge de l’autoroute qui relie Mexico à Acapulco.

Taxco, quand l’argent fait le bonheur…

Taxco, quand l’argent fait le bonheur…
Iglesia Santa Prisca © Eric Milet

Entre Xochicalco et Taxco, l’ancienne route nationale, qui file vers le sud plus ou moins parallèlement à l’autoroute, égraine un paysage de collines jaunies par le manque d’eau. Un monde de bois sec et de feuilles racornies, d’où émergent de loin en loin les petites bouées vertes des nopals. Dans ce paysage digne d’un album de Lucky Luke, les hommes ont des chapeaux trop grands et des chevaux trop petits. C’est le règne de la charrette en bois et du pick-up rouillé.

Puis, au détour d’un lacet, la sierra déverse une nappe de petites maisons toute blanches. C’est Taxco. La capitale mondiale du bijou en argent est un bijou elle-même. Elle tisse un lacis de ruelles pentues escaladées en permanence par des nuées de taxi-coccinelles.

Sur le zócalo, l’arrogante iglesia Santa Prisca, dont la façade est typique de l’art churrigueresque, domine une grappe de ruelles et de passages qui dégringolent jusqu’au marché. Les touristes y découvrent un festival de saveurs nouvelles : insectes grillés, œufs de fourmis, sans oublier le fameux pozole, cette sorte de pop-corn détrempé dans un bouillon de volaille, que l’on consomme avec une pointe de piment et un zeste de citron vert.

Mais Taxco, c’est aussi et surtout une quantité incroyable de petites échoppes où l’on vend de l’argenterie, et plus spécialement des bijoux. Une activité lucrative qui fait de cette ville l’une des plus prisées des capitalinos le week-end. 

Tepoztlán, où séparer le grain de l’ivresse

Tepoztlán, où séparer le grain de l’ivresse
Convento de Tepoztlán © Eric Milet

Tepoztlán, à 70 km au sud-est de Mexico, aligne ses rues grossièrement pavées et ses maisons d’adobe dans un décor à la David Lynch. Berceau de Quetzalcóatl – le célèbre serpent à plumes –, cette petite ville de province attire depuis les années 1970,  hippies, marginaux et adeptes du New Age. Il y règne un esprit plus ou moins libertaire, car Tepoztlán a su conserver sa dignité préhispanique, grâce notamment à un éventail de traditions fortement ancrées dans l’imaginaire collectif. Ici, les anciens récitent encore des poèmes en nahuatl, la langue des Aztèques.

Le dimanche, tout comme le mercredi, c’est le jour du grand marché hebdomadaire. Débarquent alors en masse les amateurs de bonne chère. Car à Tepoztlán, on a su remettre au goût du jour les traditions culinaires des ancêtres. La graine et le végétal sont à l’honneur. La ville coule des jours paisibles sous la coupe d’Ometochtli, le dieu du pulque et de l’ivresse… Alors autant manger sain pour éviter d’avoir les cheveux qui poussent à l’envers les lendemains de fête !

Car la fête, ici, on connaît… Chaque année, au moment du solstice de printemps, se déroule une procession en son honneur. Une manifestation haute en couleurs, qui pousse une foule bigarrée vers la petite pyramide qui domine la ville du haut de sa falaise. L’occasion de s’accorder les faveurs du soleil pour de bonnes récoltes dans des libations qui ne sont pas sans évoquer les grandes dionysies de la Grèce antique. Ometochtli incarnant en quelque sorte, le Dionysos local…

Ah oui, on allait oublier : Tepoztlán possède aussi un convento classé par l’Unesco !

Atlixco, les fleurs dansent au pied du volcan

Atlixco, les fleurs dansent au pied du volcan
Atlixco © Eric Milet

Du Vésuve à l’Etna, du Nyiragongo au Popocatépetl, les villages campés au pied des volcans s’endorment tous avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Alors, ils se fardent et cultivent les petits plaisirs du quotidien, comme s’il fallait vivre à toute vitesse. Atlixco n’échappe pas à la règle. La ville aux mille fleurs possède l’un des centres les plus agréables de la région.

Atlixco est connue pour avoir anticipé la défaite des troupes françaises lors de la bataille de Puebla le 5 mai 1862. En livrant la veille une résistance farouche aux troupes conservatrices venues prêter main forte à leurs alliés français (qui s’étaient mis en tête de prendre la ville aux troupes libérales de Benito Juárez), les hommes de Zaragoza, pourtant inférieurs en nombre, mirent la pâtée à l’ennemi et entrèrent dans l’Histoire. Une gloriole encore vécue aujourd’hui comme un véritable exploit, même si les Français finirent quand même par envahir le pays…

Bourgeoise, la ville s’offre au visiteur comme une Puebla miniature, avec ses rues bordées de belles demeures de maître aux façades colorées et décorées de motifs blancs façon crème chantilly, ses églises baroques en diable et ses petits musées.

La pinacothèque de la ville a élu domicile dans l’ancien hôpital, vieux de 300 ans. On peut y admirer l’une des plus belles expositions de tableaux consacrée à la vie et à l’œuvre de Saint Jean de Dieu, et notamment des Juanitos, en charge des hôpitaux de la Nouvelle-Espagne à l’époque.

Puebla, baroque jusque dans l’assiette

Puebla, baroque jusque dans l’assiette
Street art à Puebla © Eric Milet

Classée au patrimoine mondial de l'humanité de l'Unesco, Puebla, à 2 h de route au sud-est de Mexico, compte parmi les plus belles villes du Mexique.

Puebla, c’est du baroque en veux-tu en voilà ! Jamais ville n’a épousé ce « concept » avec autant de pertinence et d’élégance. À Puebla, le baroque ne se limites pas aux églises – aux façades plutôt plateresques, soit dit en passant… Non content d’habiller les maisons avec ses talaveras (céramiques de couleur) ou de se fourvoyer avec les motifs indigènes (à Puebla, les angelots ont des plumes !), il passe aussi par la cuisine !

Car la cocina poblana est aussi un feu d’artifice de saveurs ! À Puebla, on mélange avec bonheur le piment au cacao dans le fameux mole poblano, les pétales de rose au pulque ou à la tequila, le cochon aux amandes ou aux noix. On se délecte d’un caviar d’œufs de fourmis, d’une succulente fricassée d’insectes et de larves en tous genres. Tout ça entre les murs couleur fraise écrasée de ses restaurants, sur fond de jazz ou de mariachis vociférant des airs connus.

Puebla, quatrième plus grande ville du pays, c’est le Mexique colonial dans tout ce qu’il a d’excessif. Carrefour commercial de premier ordre, la belle s’est enrichie du commerce des produits qui transitaient entre les Philippines et l’Europe, prélevant sa dîme au passage.

Dans les quartiers populaires de Xanenetla et du barrio de Alto, de grandes pinturas murales éclaboussent le quotidien des riverains de leurs couleurs chatoyantes… On se croirait dans un vrai musée en plein air !

Cholula et Huejotzingo, des vestiges à part

Cholula et Huejotzingo, des vestiges à part
Pyramide de Cholula © Aleksandar Todorovic - Fotolia

Cholula compte parmi les cartes postales les plus envoyées du Mexique. On y voit une église toute jaune et toute moche sur fond de Popocatépetl enneigé. Difficile de faire plus cliché !

Les tour-opérateurs vendent la destination comme une pyramide… le problème c’est qu’on ne la voit pas ! La pyramide de Cholula a beau être la plus grande du monde en taille, eu égard à la dimension de sa base, elle est enfouie sous la terre. Même Cortès était passé à côté sans la voir.

L’attrait du site est renforcé par le tout nouveau musée régional qui vient d’ouvrir ses portes en lieu et place de l’ancien hôpital psychiatrique qui se déploie à ses pieds. Il retrace l’histoire de la Cholula indigène et notamment des relations étroites qu’entretenaient les natifs avec le Popocatépetl. Un vidéo-mapping retrace la vie du volcan vedette de nos cours de géo.

À moins d’une heure de là, plus au nord, se dresse un vestige nettement plus intéressant. C’est le convento de Huejotzingo, inscrit comme treize autres de ses semblables au patrimoine de l’humanité par l’Unesco pour la qualité de ses fresques et de son architecture.

Huejotzingo, avec son église typique du gothique isabélin, son monastère et son atrium entièrement clos, encadré par ses petites chapelles – le tout constituant le convento proprement dit –, permet de comprendre la manière dont les Franciscains ont opéré pour convertir les indiens.

Un petit musée retrace ce long chemin, fait de privations, de coercition, de tortures et de meurtres, qui présidèrent à l’établissement de l’encomienda. Selon cet acte, la terre échoyait aux conquistadors espagnols en échange de quoi ces derniers se devaient d’instruire les indigènes sur les choses de la foi catholique en les mettant au travail gratuitement pour leur compte.

Fiche pratique

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Quand y aller ?

De préférence pendant l’hiver, car c’est la région du printemps éternel. Les nuits sont fraîches et les journées pas trop chaudes.

Comment y aller ?

Vols Air France ou Aeromexico en direct sur Mexico, sinon en transitant par les États-Unis. Puis location de voiture à l’aéroport de Mexico.

Attention, si vous transitez par les États-Unis, pensez à effectuer votre demande d’Esta (www. esta.cbp.dhs.gov) au moins 72 heures avant le départ et prévoyez au moins 3 heures d’escale entre vos deux vols.

Quel budget ?

En fonction du type d’hébergement et selon si vous voyagez en routard ou pas, comptez entre 60 € et 70 € par jour et par personne pour vous loger, vous nourrir et vous déplacer en voiture de location si vous voyagez à deux dans la voiture.

Les sites classés par l’Unesco : http://whc.unesco.org

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Texte : Eric Milet

Mise en ligne :

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