Yémen, des hauts plateaux à la mer Rouge
Sur les bords de la mer Rouge
Alors que le soleil se lève à peine, les boutres aux couleurs vives accostent
déjà sur les quais et les pêcheurs débarquent leurs prises de la nuit à même
le sol. Nous sommes au marché aux poissons du port d’Al-Hodeidah, le premier
port de pêche et la deuxième grande ville du Yémen. Dans la moiteur et une chaleur
suffocante, les marins de la mer Rouge, à la peau plus mate, mettent à prix
leurs marchandises (roussettes, dorades, raies à queue venimeuse...) chaque
matin. C’est un spectacle à ne manquer sous aucun prétexte. Entre les vendeurs
à la sauvette, les porteurs de poissons et les odeurs de la criée, le marché
aux poissons traduit une activité trépidante. Il reste encore quelques boutres
traditionnels, à la coque en bois, recouverte de bandes de couleur, rendues
célèbres par les récits d’aventures de l’écrivain corsaire Henry de Monfreid.
Plus au Sud, dans la plaine du Tihama, surnommée « la terre brûlante »,
la ville de Zabid est une étape incontournable en raison de son riche passé.
Fondée en 819, siège de la dynastie ziyadide (une branche de l’islam),
elle devint progressivement un centre de diffusion de la pensée islamique. C’était
la ville de la science et des savants, avec son université réputée dans le monde
arabe. Troisième ville sainte d’Arabie et cité historique du Yémen, elle possède
près 86 mosquées ou madrasas, une vaste citadelle et une ville ancienne
entourée de remparts. Sur la place principale, la citadelle témoigne de ce passé
glorieux. En pénétrant à l’intérieur de la forteresse, on peut admirer l’architecture
de la mosquée Iskandar, aux bulbes marqués et au minaret qui décoiffe.
Cap sur la mer Rouge, en direction d’Al-Khawka. Juste à l’entrée de ce site
balnéaire, bordé de belles plages et de palmiers, il est un endroit à visiter
absolument. C’est l’un des derniers chantiers artisanaux de construction et
de réparation de boutres, de dhows et de houris (petites barques
allongées). En vous promenant sur la plage, envahie par les boutres et les filets
de pêche, vous tomberez sûrement sur des charpentiers ou des artisans à l’œuvre,
assis sur le sable, devant des huttes en bois. Une scène inoubliable dans un
lieu hors du temps et préservé de la modernité.
Texte : Julien Nessi
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