Le nouveau visage de Guayaquil
Une renaissance exemplaire
On ne se défait pas du jour au lendemain d’une réputation sulfureuse. Pendant
longtemps, Guayaquil a arboré le titre peu enviable de ville la plus dangereuse
d’Équateur. En 1989, sur son album Puta’s Fever, la Mano Negra
lui consacrait un tube éloquent, Guayaquil City : « Guayaquil
City gonna kill you baby. » On ne peut plus engageant. Misère, délabrement,
amoncellement d’ordures dans les rues, criminalité... Un tableau apocalyptique
qui a fini par rebuter le plus aventureux des routards. Aujourd’hui, la plupart
des voyageurs en Équateur atterrissent à Quito et planifient de là-bas toutes
leurs excursions ; ils évitent tout bonnement Guayaquil ou ne font qu’un
saut à la gare routière pour enchaîner aussi sec vers la côte.
Pourtant, voilà déjà douze ans que les choses bougent, progressivement, à Guayaquil.
En 1992, le nouveau maire, León Febres Cordero (président de l’Équateur
de 1984 à 1988), a initié une politique originale : plutôt que
de se mettre l’argent de la municipalité dans la poche, il l’a réinjecté dans
des projets de mise en valeur de la ville. Depuis 2000, son successeur, Jaime
Nebot (réélu en 2004), du même Parti social chrétien, poursuit cette politique
à laquelle il a donné un bon coup d’accélérateur. Lutte contre la délinquance
par l’augmentation des effectifs policiers, rénovation du centre-ville, réaménagement
des berges du Guayas en promenade du dimanche (le très réussi Malecón 2000),
etc. La transformation est spectaculaire.
Texte : Clémentine Bougrat
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