Espagne : les plus belles villes de Castille
Derrière les murailles d’Ávila
Grandie à 1 130 mètres d’altitude, sur une éminence battue par les vents, Ávila a tout d’une petite ville de province. Les heures s’y égrènent au son des cloches, sans déranger les cigognes installées sur les toits des églises. Elles sont neuf à avoir bâti leur nid sur la seule chapelle de Mosén Rubi. D’autres se perchent sur une vieille cheminée d’usine et jusque sur une station-service ! Et tandis que l’air se réchauffe doucement, des centaines, des milliers d’hirondelles tachent le ciel de leurs vols désordonnés.
Pour mieux observer ce petit monde, rien ne vaut de parcourir le chemin de ronde. Une puissante enceinte parfaitement conservée, érigée au lendemain de la reconquête et entrecoupée de 88 tours saillantes et rapprochées (photo), enserre toute la ville ancienne ; c’est elle qui a valu à Ávila d’être classée au patrimoine mondial. Ces murs épais de 3 mètres et hauts de 12 mètres dessinent une palissade infranchissable de 2,5 kilomètres de pourtour.
Le panorama qui s’y révèle est naturellement imprenable, en particulier sur la basilique romane San Vicente. Ce sanctuaire, au remarquable portail appuyé sur une batterie de statues-colonnes, abrite le révéré tombeau des Martyrs, chef-d’œuvre polychrome roman datant de la fin du XIIe siècle.
Ávila, en plus d’être une ville au climat peu amène, est une ville qui tend à l’austérité. Ainsi du monastère royal dominicain et de ses cloîtres, dépourvus de toute fioriture. Ainsi de la cathédrale à demi-fortifiée, prise dans les murailles, où glissent les courants d’air. Pas étonnant que sainte Thérèse, qui contribua à rendre au christianisme son humilité et sa discipline en renforçant la stricte règle carmélite, soit née ici…
Texte : Claude Hervé-Bazin
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