Espagne : les plus belles villes de Castille
La sanglante résurrection espagnole
En 1492, le ton change. Le royaume de Grenade est pris, l’Espagne ne fait plus qu’un. Le sultan Boabdil s’enfuit en pleurant et les Rois Catholiques entonnent un hymne sanglant au divin. L’Inquisition impose aux juifs, installés depuis un millénaire au moins, de se convertir ou de partir. Ceux qui restent connaissent pour beaucoup le bûcher : Torquemada, lui-même fils de converso, dirige le tribunal sans pitié ni état d’âme.
Un édit hostile aux Gitans est adopté en 1499, un autre à l’encontre des Maures en 1502. Malgré l’accord obtenu par Boabdil lors de sa capitulation, les siens se voient interdire islam, coutumes et langue arabe. Un demi-siècle plus tard, un certificat de limpieza de la sangre (pureté du sang) est exigé des convertis. Les derniers Maures sont chassés en 1609 de la Sierra Nevada, où ils s’étaient repliés.
L’Espagne toute puissante du XVIe siècle, enrichie par le pillage du Nouveau Monde, impose son impérialisme politique, culturel et religieux. Ainsi débute le Siècle d’Or espagnol, placé sous la double tutelle de l’absolutisme royal et de la foi. Églises et chapelles se multiplient, souvent en lieu et place des mosquées (qui avaient, elles-mêmes, remplacé les églises wisigothes).
Les cathédrales se font plus grandes que jamais, les maîtres-autels sont colossaux, les retables gigantesques. On délaisse progressivement le gothique pour le style plateresque (photo), prémice de la Renaissance, inspiré par les motifs ornementaux de l’orfèvrerie (platería).
Texte : Claude Hervé-Bazin
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