Espagne : les plus belles villes de Castille
Salamanque, ville insoumise
Les architectes et tailleurs de pierre de Salamanque ont laissé en témoignage 1 001 bizarreries. Ainsi, sur la façade de l’université, les bizuts chassent encore la grenouille : le batracien, minuscule, repose sur une tête de mort… Celui qui ne la trouve pas, dit-on, échouera à ses examens ! Ceux qui, a contrario, réussissent, se voient toujours octroyer le droit de graffiter les murs d’un Victor plein de fierté… Bien des inscriptions de ce type demeurent, partiellement effacées, sur les bâtiments de la ville. Elles sont aujourd’hui réalisées à la peinture et non plus, comme jadis, au sang de taureau…
À deux pas de l’université, le portail nord de la cathédrale joue sa propre partition. Parmi les sculptures modernes qui se mêlent à celles du gothique triomphant, les familles partent en quête de drôles de zig : un authentique astronaute et un diable tenant un cornet de glace dans la main !
Au sein des Écoles mineures, une salle abrite ce qu’il reste du fantastique Cielo de Salamanca, une voûte peinte au XVe siècle sur 400 m2, superposant carte du ciel et constellations du Zodiaque. On y croise un long serpent de mer, un char tiré par un corbeau, un scorpion, un centaure…
Au fil des ruelles largement piétonnes, on tombe encore nez à nez avec l’étrange Casa de las Conchas (photo), datant des Rois Catholiques et semée de plus de 300 coquilles Saint-Jacques, emblème du propriétaire des lieux, chevalier de l’ordre du même nom.
Quelques pas encore et voici la Plaza Mayor, rappelant celle de Madrid — en mieux. Elle est entièrement encadrée de galeries à arcades baroques ornées de médaillons sculptés représentant tous ceux qui ont, un jour, compté pour l’Espagne. Christophe Colomb y triomphe. Cervantès y est. Jusqu’à Franco qui s’est ajouté à la longue liste de ses prédécesseurs…
Le lieu est idéal pour prendre un premier verre et déguster une première tapa. La soirée, ensuite, sera longue, de bar en bar, de boîte en boîte, jusqu’à ce qu’une aube nouvelle se lève.
Texte : Claude Hervé-Bazin
Mise en ligne :