Jordanie, sur la piste de Lawrence d'Arabie
Pétra, un empire au cœur du désert
Ailleurs, d’autres rochers se couvrent d’autres pétroglyphes, représentant dromadaires, chasseurs et guerriers ciselés au IIe ou au IIIe siècle de notre ère par les nomades Thamudes, originaires de la péninsule arabique. De grandes caravanes venues de la mer Rouge et du Hedjaz (nord-ouest de l’actuelle Arabie Saoudite) transitaient alors par le Wadi Rum, en route vers Pétra, la cité phare des Nabatéens, porte du Moyen Orient. Dans leurs bagages, soieries et épices indiennes débarquées des boutres, myrrhe et encens yéménites et omanis.
Originaires d'Arabie, les Nabatéens, une tribu semi-nomade, fondèrent leur capitale au cœur d'une cuvette cernée de montagnes. Loin de tout, mais située au confluent de toutes les routes commerciales, la cité prit rapidement de l'ampleur. Par la Route des Rois, qui cheminait entre les sommets dominant la mer Morte, les caravanes gagnaient ensuite la Syrie, ainsi que le port de Gaza sur la Méditerranée.
Pétra prospéra, indépendante d'abord, romaine ensuite. Durant près de quatre siècles, elle prospéra si bien que les pauvres y étaient déconsidérés et les riches sanctifiés… Dans le grès et le calcaire tendres aux couleurs rose ou ocre, les opulents Nabatéens creusèrent et ciselèrent des palais, des tombeaux magistraux. Puis l'impensable se produisit : victime de séismes et du déplacement des voies commerciales, la « cité rouge rosée, presque aussi vieille que le temps » — selon les mots du poète anglais Dean Burgen —sombra dans l'oubli.
En dehors des gravures, les Nabatéens et leurs contemporains n’ont laissé que peu de vestiges dans le Wadi Rum. Tout juste trouve-t-on dans la vallée, près de Rum, les vestiges d’un temple dont ne subsistent guère que des bases de murs et de colonnes — avec, tout au plus, quatre ou cinq tambours empilés.
Texte : Claude Hervé-Bazin
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