Jordanie, sur la piste de Lawrence d'Arabie
La vie des bédouins : honneur et simplicité
Certains aspects du quotidien poussent à croire que la vie des Bédouins n’a pas changé. C’est en partie vrai. La structure tribale de ce peuple éparpillé à travers les déserts du Moyen-Orient est restée la même. L’adage dit bien les priorités qui régissent leurs affiliations : « Moi contre mon frère, mon frère et moi contre mes cousins, mes cousins et moi contre les étrangers »… Le noyau dur du groupe reste la famille, associée à la tente qu’elle partage. Une tente coupée en deux : magad des hommes, où sont reçus les invités, maharama des femmes. Au-delà, il y a les communautés d’intérêts : goum (plusieurs familles réunies) et groupe tribal.
La vie des Bédouins est traditionnellement régie par trois piliers : honneur, hospitalité et bravoure. On pourrait y ajouter la modestie. Chants, danses, poèmes, oui, mais nul falbala inutile dans ce milieu hostile, où la survie était le seul véritable sens de la vie. Une coutume en témoigne peut-être plus que toute autre. Autrefois, les défunts étaient inhumés dans des tombes toutes simples et leurs vêtements étaient posés dessus, pour qu’ils puissent resservir à un voyageur sans ressources…
Aujourd’hui, l’hospitalité a dû s’accommoder de l’accroissement continu du tourisme et de l’introduction de services payants. La bravoure est moins requise qu’à l’époque des escarmouches fréquentes entre tribus — mais reste d’actualité, par exemple, pour endurer la douleur de la circoncision.
L’honneur est finalement le plus intact des préceptes. Pour s’en acquitter, le chef de famille doit avant tout veiller sur ses propriétés (les transgressions territoriales étaient jadis source de conflits sans fin) et sur l’honneur des femmes. Depuis la sédentarisation, il fait aussi partie de ses attributions de contribuer au bien-être de la communauté.
Texte : Claude Hervé-Bazin
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