Tanger, mythe et réalités
Tanger baignée d’imaginaire
Dites Tanger et c’est tout une série de noms qui viennent à l’esprit. Les peintres, d’abord. Delacroix découvre la ville en 1832. Il en revient fasciné par la magie des couleurs. Quelques décennies plus tard, Matisse part à Tanger sur ses traces.
Cette découverte marque un tournant dans son œuvre : l’artiste découvre au Maroc la force de la lumière et repart avec un regard épuré. Derrière la place du Grand Socco, cœur de la ville, l’hôtel Villa de France, dans lequel Matisse séjourna à plusieurs reprises, est aujourd’hui en rénovation.
D’autres fantômes hantent toujours les lieux : Alexandre Dumas, Truman Capote, Jean Genet, Joseph Kessel, Paul Morand, Tennessee Williams… Une liste interminable d’écrivains qui donne à la ville un halo mystérieux. Menés par Paul Bowles, les artistes de la Beat Generation séjournent à Tanger à partir des années 1950.
Dans cette ville au statut international, tout est permis : ils y trouvent alcool, sexe et drogue à volonté. De nombreux cafés exposent sur leurs murs des photos encadrées attestant du passage de Kerouac, de Burroughs ou de Ginsberg entre ces murs.
« C’est malheureux pour Tanger que la légende de la Beat Generation soit si tenace, regrette Rachid Tafersiti, écrivain tangérois amoureux de sa ville natale, qu’il défend à travers l’association Al Boughaz. Il y a plein d’autres mythes autour de cette ville qui ne sont jamais mentionnés ».
Dès sa création, Tanger s’entoure en effet d’une série de mythes : pour les uns, c’est Antée, fils de Neptune, qui aurait fondé la ville et lui aurait donné le nom de son épouse, Tingis. D’autres préfèrent entendre Tin Jâa ! (« terre retrouvée » en arabe). C’est le cri qu’aurait poussé Noé en voyant, au lendemain du déluge, alors que son arche dérivait à la recherche de la terre ferme, sa colombe revenir le bec marqué d’argile.
Texte : Virginie de Rocquigny
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