Berlin : à l’Est, du nouveau !
Kreuzberg, la bohème
Tous les Berlinois et les expats vous le diront : Kreuzberg, c’est « le » quartier qui bouge. Encore, serait-on tenté d’ajouter… Avant la réunification, Kreuzberg faisait partie du secteur américain. Mais ce coin isolé de Berlin Ouest — et entouré sur trois côtés du mur — était peuplé des laissés-pour-compte de la société : immigrés, punks, marginaux, contestataires en tout genre venus échapper au système. Kreuzberg était l’épicentre de la bohème contestataire de Berlin, dont le mythique club SO36 jadis fréquenté par les punks, désormais gay friendly, est encore le fleuron. À l’image de Belleville et l’Est parisien, Kreuzberg continue d'attirer aujourd’hui les étudiants ou des populations venues chercher une ambiance moins aseptisée et des loyers bon marché.
Les rues qui s’étirent entre Bergmannstrasse et Marheinekeplatz abritent de nombreuses cantines turques, des ateliers d’artistes, des antiquaires et des cafés où flâner. De Kottbusser Tor et Görlitzer Bahnohf, quelques librairies anciennes s’égrainent sur l’Oranienstrasse.
Le charme de Kreuzberg n’a pas échappé à Tarantino qui aurait logé ici pendant le tournage de Inglorious Basterds, ni à Polanski qui vient d’y tourner son dernier film, The Ghost. Mais la rénovation du quartier est en marche, et actuellement, on se bat pour sauver un des derniers squats de la ville, le Kopi, symbole de l’anti-establishment. Pour oublier cette reconstruction programmée, la vibrante capitale se réinvente déjà un peu plus au sud, à Neukölln. Depuis la fermeture de l’aéroport de Tempelhof, la côte de ce ghetto turc et ouvrier ne cesse de grimper.
Texte : Carine Keyvan
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