Ile de Mozambique, le temps retrouvé
Chasse au trésor
Les traces de cette histoire tourmentée se retrouvent le long de chaque rue poussiéreuse et sur chaque rivage de l’île. À marée basse, tandis que les femmes parées du musiro, un masque de beauté et de protection préparée à base de racines, ramassent des coquillages, les enfants partent à la reconquête du passé. Ils tamisent le sable à la recherche des menus trésors rejetés par les épaves englouties, misangas, perles de verre vénitiennes, et morceaux de porcelaine chinoise qu’ils tenteront de vendre aux touristes.
Outre cet innocent commerce, une société allemande spécialisée dans l’archéologie sous-marine a pris en charge l’exploration des fonds et un petit scandale a éclaté lorsque des porcelaines de la dynastie Ming extraites des profondeurs ont été cédées aux Hollandais. Car si l’Unesco a classé l’île au Patrimoine mondial de l’humanité en 1991, elle en a oublié le littoral, laissant le champ libre aux pilleurs.
Aujourd’hui ce sont surtout les particuliers qui redonnent de sa splendeur à cet écrin architectural. L’association des Amis de l’île de Mozambique tente de sensibiliser la population à la sauvegarde de son patrimoine, tandis que d’autres, Européens pour la plupart, entreprennent la restauration des magnifiques demeures aux murs décatis. Comme Antoine, Français arrivé au temps de la guerre civile avec Hôpital sans frontière et qui, tombé amoureux de l’île, y a créé une École des Arts et Métiers et ouvert dans une ancienne maison de commerce un hôtel de charme, l’O Escondidinho, avec un photographe italien. Ou encore Padre Bruno qui depuis dix ans travaille à la réfection de son église de Santo Antao.
Texte : Stéphanie Poli
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