Arménie, la preuve par le monastère
Un fleuron de l'Unesco
Erevan n’est pas loin et, déjà, la route se cabre en virages. Les montagnes sont là, partout, ondulant sans jamais culminer, ni laisser entrevoir d’issue au regard. Sur les bas-côtés, terrassés par la chaleur, s’entassent les récoltes des potagers et des vergers : cerises rouges et jaunes, abricots, bocaux de miel et de noix confites dans leur bogue, noires comme l’encre. On goûte, on repart chargé, bien au-delà de ce que l’on avait envisagé.
Le ruban de goudron s’achève dans le reclus d’une gorge étroite et sans issue, veillée par le plus prestigieux des monastères d’Arménie : Geghard (notre photo). Le sanctuaire, classé au patrimoine mondial, s’agrippe entre l’abîme et des falaises creusées de galeries, d’ermitages et de tombes. Saint Grégoire aurait veillé en personne à la création de la première église rupestre. Les fidèles convergent vers la source sourdant dans une grotte, à l’intérieur même du principal sanctuaire, remplissant des bouteilles, des bidons entiers de cette eau sanctifiée. Certains y plongent jusqu’aux pieds, pour éviter de glisser, les plus âgés y dépêchant plutôt leurs petits-enfants, plus agiles.
On poursuit l’exploration vers le tombeau du prince Prosh Xalbakean, veillé par ses armes : deux énormes lions enchaînés aux airs de gros chats et un aigle tenant un mouton dans ses serres. Au-dessus, un timide escalier grimpe vers le rucher, vrombissant, et une autre église troglodytique. Le couloir qui y mène est superbement ciselé de khatchkars (croix) peints en rouge. D’autres, par centaines, recouvrent les parois environnantes.
Texte : Claude Hervé-Bazin
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