Valparaiso, prenez l’ascenseur !
Sur les traces de Pierre Loti
Voici venu le moment de se perdre, direction l’ascensor Reina Victoria, autour duquel s’installèrent jadis nombre de sujets de Sa très gracieuse Majesté, ou l’ascensor El Peral – tous deux de 1902. À chacun son paseo et son panorama. En retrait, les rues pavées, le long desquelles s’entremêlent mille fils électriques, débouchent sur des placettes fatiguées, où se dressent des églises souvent lépreuses et de petits marchés accueillants. De loin en loin, se dévoilent de vénérables demeures, en bois ou à revêtement de zinc. Certaines ont résisté au grand séisme de 1906, qui fit environ 6 000 morts, mais la plupart furent reconstruites ensuite. C’est alors que le bois, plus résistant aux séismes que la pierre, fut privilégié.
Dans un passage, un nom témoigne d’un voyage aux antipodes : Pierre Loti. Celui qui ne s’appelle encore que Julien Viaud, âgé de 22 ans, est aspirant à bord de l’aviso Vaudreuil lorsque le navire relâche à Valparaiso en octobre 1871. Il passe près de deux mois sur place avant de rembarquer sur La Flore, une frégate à voiles qui fait route vers l’île de Pâques et Tahiti – où il trouvera la matière de son premier succès littéraire.
Texte : Claude Hervé-Bazin
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