Gérone, douce Catalogne

Púbol, un château pour Gala

Né à Figueres, Salvador Dalí est resté attaché à la région de Gérone, sa terre natale. Dans les années vingt et trente, le jeune Dalí a peint une série de tableaux inspirés par le village de Cadaqués, où il s’installa à partir de 1930. Depuis 1997, la maison de Dalí, située à Port Lligat (à 1 km de Cadaqués), a été transformée en musée ouvert au public. Cette maison labyrinthe, semée d’animaux empaillés, d’objets loufoques et de tableaux du maître, est un véritable sanctuaire surréaliste. La demeure de Port Lligat, qui ne se visite que sur réservation, forme l’un des trois éléments du « triangle dalinien » à ne pas manquer dans la région.

À Figueres, le Teatre-Museu Dalí, kitchissime musée conçu par le maître en personne, est beaucoup plus connu : c’est d’ailleurs le deuxième musée le plus visité d’Espagne, après le Prado ! L’édifice, qui semble sorti tout droit d’un tableau de Dalí, renferme quelques-unes de ses œuvres majeures, comme Leda Atomica, ou des installations surréalistes délirantes comme Le Taxi pluvieux et la salle Mae West consacrée à l’actrice américaine du même nom.

C’est toutefois au château-musée de Púbol que va notre préférence. Situé au cœur d’un petit village médiéval à quelques kilomètres de Gérone, ce castel du XIe siècle fut acheté en 1968 par Dalí. Il l’offrit à son épouse Gala pour qu’elle puisse y passer les dernières années de sa vie. En fait, elle n’y venait que de temps en temps en utilisant la Cadillac qui se trouve encore dans le garage. Dalí ne s’installa à Púbol qu’après la mort de sa muse, en 1982, et n’y séjourna que deux ans.

L’endroit est intime, secret et émouvant. C’est la dernière demeure de Gala qui est enterrée dans la crypte. Une girafe, deux chevaux et un lapin veillent sur sa tombe. À Púbol, le bric-à-brac surréaliste se teinte de sobriété : tapisseries, candélabres multicolores, trône, salle à manger rustique, robes de soirée… Le décor a été pensé pour la « reine » Gala, à l’image de cette femme fantasque et réservée qui vivait presque recluse. Dans le jardin à l’anglaise, des têtes de Wagner (compositeur préféré de Gala) entourent un bassin, tandis qu’entre les arbres surgissent d’étonnantes sculptures d’éléphants. La touche inimitable de Dalí qui, bien qu’enterré dans son musée de Figueres, est le dernier marquis de Púbol.