L'éveil des citoyens

Démolition, dénaturation, reste-t-il un espoir ?
Comme d’autres sinologues, Simon Leys a ressenti une particularité culturelle étrange, qu’il a appelé la «monumentale absence du passé » et défini ainsi : en Chine, la valeur d’un site dépend bien plus de la littérature qui en perpétue le souvenir que de sa conservation matérielle. La connaissance de ce principe aurait éclairé nombre d’explorateurs historiques du pays, étonnés par l’état souvent lamentable du patrimoine monumental et urbain.
Cependant, la Chine moderne et destructrice véhicule aussi, paradoxalement, les ingrédients indispensables au sauvetage de son passé. Des hommes et des femmes qui n’ont plus le souci de la faim, qui ont plus de temps pour réfléchir et dont l’éducation est pénétrée de concepts occidentaux, sont pris d’angoisse devant la disparition d’une histoire qui appartient à leur enfance. Un nombre sans cesse grandissant de Pékinois de naissance ou de cœur s’émeut du pillage des maisons et de la destruction massive des ruelles. Tout comme les voyageurs tombés sous le charme des vestiges, ils s’indignent aussi des expulsions qui frappent leurs habitants, établis là depuis des générations, violemment relégués dans les logements sans âme de la lointaine périphérie. Contre l’oubli, les amoureux du vieux Pékin arpentent les ruelles pour en conserver le souvenir par le dessin, la peinture, la photo ou la vidéo. Il est même un vieil homme, Zhang Zhenyuan, qui enregistre les harangues des mille petits métiers qui animaient ces rues.
Et surprise ! Le sentiment qu’il faut tirer la sonnette d’alarme avant d’aboutir à une situation sans retour a récemment obtenu un certain écho auprès des plus hautes instances dirigeantes, où des critiques contre la modernisation aveugle de Pékin et au-delà, de l’uniformisation des grandes villes chinoises se sont fait entendre.

Hôtel Réserver un hôtel Voiture Location de voiture en Chine Activités Réserver votre activité