Le nouveau visage de Pékin

Loin d’être un long fleuve tranquille, l’histoire bouleversée de la Chine au XXe siècle ne va pas épargner la capitale.
L’arrivée au pouvoir de Mao Zedong en 1949 ouvre une période de rupture radicale avec le passé. Combattant acharné du féodalisme dont la capitale est l’emblème, il abat quelques-uns de ses symboles les plus manifestes comme les remparts, remplacés par le deuxième périphérique qui délimite aujourd’hui le cœur historique de la ville. Pékin a dès lors vocation à devenir un grand centre industriel. Les usines s’installent en son cœur et leurs ouvriers toujours plus nombreux et plus pauvres se logent d’abord dans les hutong.
Ainsi et de pair avec l’abolition de la propriété privée, les paisibles siheyuan qui abritaient autrefois plusieurs générations sous un même toit se transforment en dazayuan. Jusqu’à plusieurs dizaines de familles en mal d’espace cohabitent dans les cours où s’accumulent appentis et cabanes de fortune de manière désordonnée. Il faut bien abriter là un lit, ici une cuisine ou une réserve de charbon. Voila d’où provient l’allure chaotique de la plupart des résidences survivantes, un capharnaüm qui désoriente parfois le visiteur.
Si certains courageux dénoncent dès cette époque la dénaturation de la culture pékinoise, comment alors qualifier la suite ? Car c’est avec l’ouverture du pays à l’économie de marché, au début des années 1990, que le vieux Pékin subit une véritable destruction.
Livrée aux appétits d’investisseurs privés galvanisés par les progrès économiques fulgurants du pays, la capitale est soumise à un remodelage sans précédent que la nomination comme ville hôte des Jeux olympiques de 2008 va encore radicaliser. Par exemple, le nouveau siège de CCTV (notre photo), la télévision nationale, doit être terminé avant les J.O., bien que début 2009 semble plus probable
Pékin ne cesse de s’étendre tandis que son centre historique est fendu par le verre et l’acier, écrasé par le béton des tours de bureaux, hôtels de luxe et centres commerciaux qui poussent sur les décombres des quartiers anciens, comme des champignons sur la souche d’un arbre mort…
En 2002, 40 % des quelque 3 000 hutong recensés en 1976 n’existaient déjà plus. Depuis, pas un jour n’a passé sans son lot de disparitions.

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