Pékin : le crépuscule des hutong ?

Pékin jusqu'en 1949 : peu de changements

Observé sur une carte, le centre de Pékin apparaît comme un emboîtement de carrés, la forme attribuée à la terre dans la cosmogonie chinoise.
Nous devons ce plan, orienté Nord-Sud, aux Yuan. Ces envahisseurs venus de Mongolie unifient l’empire chinois et construisent Dadu entre 1264 et 1267, la « grande capitale» que Marco Polo va décrire sous le nom de Cambaluc. Au fil des dynasties, la cité se développe sans jamais renier cette trame initiale, respectueuse des principes confucéens. Pékin, miniature du monde, est la traduction spatiale des rapports hiérarchiques qui régissent l’univers et tous les aspects de la vie sociale. En cela, elle légitime le pouvoir impérial.
Comme l’ancien palais mongol, la Cité pourpre interdite, construite au XVe siècle par l’empereur Yongle, s’élève en son centre. Traversée par un méridien représentant l’axe du monde, elle s’insère dans la ville impériale, elle-même enchâssée dans la ville intérieure dite mongole ou tartare. Au Sud, le rectangle commerçant et populeux de la ville extérieure est surnommé ville chinoise depuis que la dernière dynastie des Qing, d’origine mandchoue, y relégua les Han (l’ethnie chinoise par excellence).
Chacun de ces espaces est alors protégé par une enceinte, percée de portes placées en regard des grands axes de circulation de la ville. Ceux-ci délimitent les typiques hutong, ces quartiers veinés d’allées et de ruelles qui font l’originalité de l’urbanisme pékinois. Leur tracé est généralement conforme à l’orthogonalité de l’enveloppe urbaine. Le terme de hutong (du mongol hottog : puits) est utilisé par extension pour nommer les voies qui desservent les siheyuan. Ces résidences dont le portail est la seule ouverture sur l’extérieur s’organisent autour d’une ou plusieurs cours carrées ( les siheyuan en chinois) selon l’opulence de la famille qui l’habite.
Pendant des siècles, tous ces éléments constitutifs vont s’harmoniser à merveille dans une ville horizontale dominée par les toits du palais impérial.